Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aCotonou.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Face aux étudiants des universités du Bénin : Patrice Talon expose ses rêves pour la jeunesse
Publié le lundi 18 janvier 2016  |  La Tribune de la Capitale




Marc KOSSOU

Le candidat Talon continue ses échanges avec les couches sociales du Bénin. Après les enseignants, l’homme d’affaires, candidat pour la présidentielle du 28 février 2016, a rencontré les étudiants des universités du Bénin. A travers cette rencontre Patrice Talon a exposé sa vision pour la jeunesse. Ils étaient plus de 300 représentatifs et représentants ces universités publiques et privées à répondre à cet appel du « compétiteur né ». Accompagné de l’honorable Joseph Djogbénou, Patrice Talon a répondu à toutes les questions des étudiants. Ce qui a d’ailleurs sidéré l’auditoire. Votre journal vous propose l’intégralité des échanges entre l’ancien magnat du coton béninois et les étudiants.
Entretien entre Patrice Talon et les étudiants des universités du Bénin
Joseph Djogbénou
Aujourd’hui c’est un jour de rencontre qui a lieu pour devenir un espace de rencontre. Rencontre de qui ? Rencontre pourquoi ? Rencontre de qui : de vous-mêmes (étudiantes et étudiants des universités du Bénin), qui est le premier volet. Au titre des universités publiques, vous êtes au plan national autour de 300.000 étudiants ; au titre des universités privées, vous êtes au moins 100.000 étudiants. Dans cette salle, vous êtes autour de 25O, 300, représentatifs et représentants ces universités publiques et privées. Vous êtes des jeunes d’une moyenne d’âge de 25 ans. Les jeunes de moins de 25 ans dans notre pays comptent au moins 63% de la population béninoise. A ce titre, vous êtes représentatifs et vous représentez la jeunesse. De votre côté, ce sont les jeunes, ce sont les étudiants avec les problèmes qui sont les vôtres que nous connaissons parfaitement, qui seront sans doute discutés ici. De l’autre côté, Patrice Talon ; homme engagé, homme passionné. Engagé, dans les affaires, engagé en politique, passionné en affaires dans sa cité et qui s’engage dans le cadre de l’élection présidentielle de 2016. Alors je voudrais, avec beaucoup de respect, de considération et d’amitié, inviter Patrice Talon.
Patrice Talon
Permettez-moi de profiter de cette occasion pour vous dire aussi merci. Permettez-moi de vous féliciter de notre victoire commune. Parce que nous avons très peur. On a eu peur que le processus s’arrête, mais elle est en marche résolument. Félicitations !
Mesdemoiselles et messieurs, si nous ne prenons garde, demain se sera pire. Pace que l’héritage que nous laisse ce régime est un héritage de tous les dangers. Le pouvoir exécutif est désormais le nôtre, celui qui va être transféré au successeur du président Yayi Boni, est un pouvoir qui soumet désormais tout et tout le monde. Le pouvoir exécutif actuel a soumis la Haac et à défaut d’y parvenir totalement, il lui coupe les vivres. Moi je n’ai jamais entendu dans un aucun pays du monde qu’une institution constitutionnelle fait grève ; parce que l’Exécutif lui coupe les vivres ; parce qu’on lui a donné des injonctions de couper tel ou tel média et qu’elle ne s’est pas exécutée, on veut la faire disparaitre. Notre pouvoir exécutif a soumis la justice et à défaut d’y parvenir complètement, il la paralyse. Le pouvoir exécutif, celui qui est désormais le nôtre, vous a soumis. Il a soumis la jeunesse, les étudiants, les élèves. Parce que vos parents ne se sont pas soumis, vous êtes interdits de réussir à vos examens. J’ai entendu de mes oreilles, j’ai vu de mes yeux un ministre de la République dire devant les caméras, si vos enfants ne réussissent pas aux concours et examens, c’est parce que vous êtes de l’opposition. Je l’ai entendu de mes oreilles. Le pouvoir exécutif qui est désormais le nôtre a soumis nos élus locaux, nos députés, les partis politiques. A défaut d’y parvenir, il les combat. Il a soumis les commerçants, les industriels, les opérateurs économiques ; ceux-là qui créent les emplois. A défaut d’y parvenir, il les combat. Nous avons atteint le pire. Il faut réformer ce type de pouvoir qui est désormais le nôtre. Le président de la République qui sera élu dans quelques mois devra, pour que reprenne la dynamique de la démocratie, du développement, faire les réformes qui s’imposent. Cette réforme du model politique est préalable à toute chose. Sinon, le chômage des jeunes ne s’arrêtera pas, l’investissement n’aura plus jamais lieu au Bénin, les partenaires au développement vont s’en aller les uns après les autres comme ils ont commencé à le faire. Au Bénin, il n’y a pas de pétrole, il n’y a pas de diamant, il ne peut rester enfermé sur lui-même sans investissement, sans aide, sans financement. Nous sommes devant nos responsabilités d’une génération. Nous avons la malchance, la chance ou l’opportunité d’être témoins du dérapage. Devons-nous rester tranquilles, silencieux ? Non ! Moi j’ai décidé donc d’être candidat, comme je viens de vous le dire, en espérant que mon cri de cœur sera entendu par vous. Nous avons quelqu’un qui nous a donné tellement de fierté nous les Noirs, l’icône universelle de notre génération, le président Nelson Mandela qui est devenu notre modèle à nous tous. Mais, pourquoi ne pas essayer de le ressembler un tout petit peu ? Moi j’envie avec vous de relever ce défi pour vaincre la fatalité, pour vaincre le cours des choses. Je rêve de relever ce défi avec vous pour avoir un genre de mérite pour rentrer dans l’histoire.
Questions et réponse
Ahouandjinou Vanessa, étudiante
-On a eu, avant vous, des gens qui nous ont promis des choses, qui avaient une vision et qui avaient des choses pour nous. Qu’est-ce qui nous garantit que vous allez agir de la même manière dans le milieu politique et que vous pouvez réformer à partir de votre vision en un seul mandat ? Parce que la jeunesse est prête à vous suivre aveuglement.
Patrice Talon
Mademoiselle, vous avez bien raison. Nous sommes arrivés à un stade où on ne croit plus à rien, on croit à aucune promesse des hommes politiques, mais je ne suis pas un homme politique. Vous avez dû constater que j’ai parlé des réformes politiques sans rien dire sur ma réforme économique. Cela a dû vous étonner. Parce que le programme économique, le programme de société, la partie du développement peut donner lieu à beaucoup de débats, à beaucoup de promesses, d’engagements sans que cela ne suive après. Mais j’ai parlé de ce qui est préalable, primordial qui précède toute chose. Donc votre question, c’est est-ce que si nous sommes élus, je ferai ces réformes politiques et que si je ferai un seul mandat ? La garantie que j’ai à vous donner c’est dans mes yeux. Regardez bien, vous êtes une femme et vous savez lire qu’on est sincère. Je voudrais vous dire sincèrement à tous que toute la campagne, pendant toute la durée nous le dirons avec tous ceux qui portent le projet avec nous que cela est primordial, que nous nous engageons à cela ; que dès le lendemain de la passation de serment si j’étais élu, nous mettrons en place la commission chargée de rédiger le projet de réformes. Cette commission aura trente jours pour déposer son rapport qui sera transmis au parlement qui sera convoqué en session extraordinaire pour que quinze jours au maximum, au pire des cas pour trente jours. A la suite de cela, le projet sera vulgarisé et un referendum sera convoqué dans les quatre-vingt-dix jours au maximum pour le voter. Parce qu’il est impératif, même si tous les parlementaires adhéraient à ce projet, le peuple béninois dans son ensemble adhère, s’approprie les réformes que nous allons opérer. Vous savez, je ne suis pas candidat pour une autre chose, j’ai l’envie de montrer avec vous au peuple béninois que la chose est possible, qu’on peut inverser le cours des événements. Je crois tellement à cela ; et je prie, je vous prie de porter la bonne nouvelle de faire la campagne et nous allons réaliser ces réformes, puis après, vous verrez qu’en matière de développement, d’emplois, d’opportunités, de nouvelles dynamiques économiques, je n’ai pas de complexe pour cela. C’est pour cela que je n’en parle pas encore. Vous verrez mon programme économique, mon programme de développement et vous allez être émerveillés. Vous verrez qu’il y a plein de choses qu’on aurait pu faire depuis et auxquelles les gens ne pensent pas. Cela peut changer votre vie, nous sommes un petit pays rempli de talents et de dynamismes ; nous allons émerveiller la sous-région et le monde.

Simplice Ahoton
Je suis très sidéré de tout ce que le président Patrice Talon a dit ici tout à l’heure. Ce que je m’en vais lui demander, c’est réellement ce qu’il propose dans sa politique à la jeunesse. Parce que j’ai pu entendre tout à l’heure lorsqu’il parlait qu’il a entendu ou a vu un ministre devant les caméras qui disait que si ton enfant ne réussit pas à des concours, cela voudra dire que tu n’es pas de la mouvance et que tu es de l’opposition.
Patrice Talon
C’est sur ce terrain que je voudrais vous rassurer. Moi je suis d’une famille modeste, j’ai connu des échecs dans ma vie. C’est pour dire que ceux qui ont des talents et qui réussissent, y compris pour ceux qui peuvent avoir des échecs de naître, de grandir, de s’épanouir. Je suis parti de rien du tout, et de famille modeste je voulais être pilote. C’était cela mon rêve et après le Bac je faisais le choix entre faire la philosophie, parce que j’étais passionné de philosophie ou suivre mon rêve d’enfance d’être pilote. Je suis allé en mathématiques (Mp) à Dakar ; en 2ème année. J’ai passé le concours de Air Afrique pour les pilotes de ligne. J’ai été admis et j’étais retenu. Je suis allé en France pour les examens médicaux et les tests psychomoteurs. J’ai été recalé aux tests psychomoteurs ; On m’a dit que je n’ai pas les aptitudes ‘’moteurs’’ requises. Quand on vous recale aux tests d’aptitude ‘’moteurs’’, vous êtes recalé à vie. Je me suis dit je vais devenir quoi ? Je n’ai pas envie de devenir professeur de mathématiques pour aller faire la Licence de mathématiques et puis j’ai décidé d’aller faire dans l’année le concours de Centrale Paris. J’étais parti à ‘’Matsup’’, dont je n’avais pas la préparation nécessaire mais j’étais confiant en mes capacités d’étudiant en mathématiques. Je suis allé affronter les jeunes de ‘’Matsup’’, mais j’ai échoué. 2ème échec. Mais je suis quelqu’un de très ambitieux. J’ai entrepris de travailler, de faire des économies et de pouvoir me payer des études. On est heureux, mais de qualité. C’était à l’époque très difficile de payer un toit, le transport, le manger et pouvoir faire des économies. Tout cela était impossible. Je n’ai pas baissé les bras. J’ai gardé mes ambitions intactes : je voulais être un grand homme. Je suis arrivé au commerce par hasard, mais par ambition. Aujourd’hui, il y a plus de 7.000 emplois directs qui relèvent de l’aventure qui a été la mienne au Bénin. En côte d’Ivoire, au Sénégal dans les pays ouest-africains, j’ai des entreprises qui fonctionnent très bien. Imaginez qu’ensemble nous décidons de changer les choses, de confier cinq ans de notre histoire à celui-là, à ce jeune homme que je suis encore plein de vigueur, de démontrer que les choses sont possibles. Avec l’Etat on peut faire le miracle, quand on a l’envie, le réflexe, et quand on sait le faire. La jeunesse pour nous est une obligation de résultats. On ne peut pas avoir eu ce parcours et avoir l’opportunité de donner la chance d’exister et se priver de le faire. Alors, qu’est-ce qu’on va faire ? Le Bénin est un grand pays mais sans richesse. Je ne vais pas parler de l’agriculture, parce que vous allez dire que nous sommes jeunes, nous sommes à l’université et on ne veut pas aller à la terre. Pourtant, cela va être le premier domaine dans lequel nous allons faire des miracles. Mais le tourisme. Vous savez que le Bénin a le patrimoine culturel le plus riche en Afrique de l’Ouest ? Aucun pays en Afrique n’a le potentiel que le Bénin a. Le parc animalier, nos villages lacustres qui sont impraticables sous un état invendable. Nous avons une côte particulière mais extraordinaire, nous avons la région Atacora, Boukoumbé où il y a Tata Somba avec une géographie magnifique. Nous avons le Vodoun du côté artistique qui est le patrimoine culturel le plus merveilleux du monde. Nous allons faire du Bénin un pays d’industrie touristique. Ce sont des dizaines, des centaines d’emplois qu’on peut créer en moins de cinq ans. Quand je vais sortir mon programme, vous verrez qu’en cinq ans, comme l’a fait Cuba, un pays peut partir de zéro touriste à des millions de touristes par an. Dans le domaine des services, vous êtes des talents, vous êtes la matière première. Il faut que l’Etat devienne un levier pour les entreprises créatrices d’emplois. Je ne vais pas vous dévoiler l’essentiel de mon programme, parce que vous ne serez pas pressés de lire le contenu. Dans le domaine de l’enseignement. Vous savez que le Bénin a un passé glorieux de ‘’Quartier latin’’, puis nous sommes devenus aujourd’hui, disent certains, ‘’quartier crétin’’. Nous allons restaurer notre label, le ‘’Quartier latin’’ en transformant le Bénin en une industrie de savoir. Le Bénin peut offrir de savoir à ses enfants et aux enfants de l’Afrique de l’Ouest, de l’Afrique centrale et même plus loin. Nous allons créer des zones franches en matière de savoir qui seront totalement défiscalisées. Nous allons créer de nouvel engouement. Parce que c’est créateur de dizaines de millier d’emplois. Dans le secteur de l’industrie, il n’y a pas beaucoup de miracle à faire. Nous ne sommes pas prêts pour l’industrialisation mais on peut lancer des pas pour une industrialisation. Ce que je ferai c’est de donner des solutions aux problèmes urgents qui s’imposent à nous. Il y a un autre secteur dans lequel le Bénin fera des miracles et il va créer des emplois : la nouvelle technologique. Tout le monde en parle. Ça parait magique, mais il y a des choses extraordinaires à faire. La rentabilité rapide. Ce qui sera le moteur de créations d’emplois au Bénin est d’utiliser les ressources de l’Etat, d’utiliser la puissance publique comme un moteur. Je ne suis pas professeur d’économie. Si nous avons de temps je ferai, après avoir sorti mon programme, des Td sur la question.
Question
Je vais prendre l’histoire de l’Italie. Il y a un président italien qui a été un homme d’affaires. Lorsqu’il a pris le pouvoir, l’histoire nous a relayé tout ce qu’il a fait. Je voudrais, monsieur le président, la réponse à cette question, qui serait un serment à la jeunesse. Dites-nous que lorsque la jeunesse va vous hisser au rang de président, vous n’allez pas transformer la magistrature suprême en un commerce, prendre en otage tous les marchés dans le pays.
Patrice Talon
C’est vrai. Berlusconi a été président de l’Italie et pour ceux qui connaissent l’histoire de l’Italie et de Berlusconi, son peuple n’a pas le même parcours que le peuple béninois. La période dans laquelle nous sommes, les motivations de ma candidature ne sont du tout pas les mêmes que celles de Berlusconi. Berlusconi, dans son ambition de rayonnement, est arrivé d’abord à créer un parti politique, à militer, a mis le prix à aller créer les siens dans les localités un peu partout, est arrivé au pouvoir dans la suite normale de son ambition politique. C’est un homme d’affaire, c’était également un homme qui avait un parcours politique ; pas pour aider les classes politiques comme le font certains mais lui, il avait l’ambition d’exercer le pouvoir politique. Mais pourquoi monsieur Talon si homme d’affaires, passionné par les affaires, les marchés ; fortuné peut-être, passionné par la fortune et arrivé au pouvoir où tout est facile pour les marchés publics, ne ferait pas mes bases sur l’économie du pays. J’avais l’opportunité de le faire d’une manière plus facile. Il aurait suffi d’accompagner le président Boni Yayi dans son projet de révision de la révision de la Constitution. Il m’aurait tout donné. Vous avez suivi le Pvi. Le président était le promoteur de Bénin Control. Il disait même que c’est un avion qui n’a pas de rétroviseur qui n’a pas de marche arrière. Rappelez-vous que ça été du jour au lendemain la destruction de tout ce que Talon a démarré. Et puis c’est par crescendo. Beaucoup, je n’ai pas eu l’occasion de suivre cela mais je n’ai pas baissé les bras. Quand vous avez la vie et la santé, vous pouvez reconstruire tout ce qui a été détruit. Comme rien n’est au-dessus de la paix, de la tranquillité, de la bonne ambiance de son pays, il a été évident que ça change. Cela serait dangereux pour mon pays de ne pas vouloir accompagner. Aux sacrifices des entreprises, des emplois que j’ai créés, de ma tranquillité, j’ai renoncé à accompagner ce projet qui m’aurait permis d’avoir n’importe quoi dans mon pays. Cela est le seul gage que je peux vous donner. Les affaires, les fortunes, ne sont pas mon ultime motivation. J’ai l’opportunité actuellement avec ce qui m’est arrivé, de choisir quelqu’un et puis on l’aide en mettant les relations à sa disposition, lui donner un peu de moyen et il devient président. C’est plus facile, plus discret d’avoir un président acquis à sa cause que d’aller devant la scène, sous les projecteurs et de vouloir en même temps faire les affaires. C’est plus difficile ça. Je suis un homme d’affaires, je sais ce qu’il faut faire de manière aisée, facile. Si c’était de gagner de l’argent, des marchés qui me préoccupaient, ce n’est pas le meilleur endroit. Je voudrais dire que moi j’ai fini avec les affaires.
Question
Mes préoccupations sont au nombre de trois. Quelle lecture faites-vous de l’impunité ? La notion de l’unité ? En tant qu’élites de la jeunesse béninoise, nous nous portons garants pour accompagner dans l’accession au pouvoir ; si sur le terrain on nous posait la question c’est l’homme qui a soutenu le président Yayi Boni à deux reprises pour nous mettre dans cette situation et il veut avoir le pouvoir, que pensez-vous de lui ? Quelle réponse on pourrait donner ?
Patrice Talon
Pour l’avenir, nous allons mettre un dispositif nouveau pour lutter contre le pire pour l’économie nationale. Parce que c’est la seconde gangrène et elle est pernicieuse. Ça va de notre vie quotidienne, ne pouvoir répondre de ce qu’on sait mal qu’on peut faire allègrement et même préjudiciable à notre propre existence. C’est pour cela que nous allons avoir ceux qui vont mettre en place la réforme de la Constitution des questions qui vont être remises en cause, mais qui doivent faire objet de consensus. Parce que tout le monde en est conscient. Je ne voudrais en faire moi, un sujet primordial bien que ce soit nécessaire. Je tiens avec vous des langages de vérité. Est-ce que c’est un sujet sensible que je ne fasse bien comprendre ? Nous aurons l’occasion d’en parler mais je vous garantit cela. Je suis conscient et ce sera un élément des réformes. Le Bénin est une nation en construction. La nation béninoise n’est pas encore réellement une réalité. Chaque génération a l’obligation de contribuer à sa construction, à sa consolidation. On se reconnait encore beaucoup à travers sa région, son ethnie. Ce qui n’est pas un avatar, mais ça peut être source de division quand on n’y prend pas garde. Je suis un ressortissant du Sud, d’une famille de Ouidah, une mère d’Abomey, une épouse de Porto-Novo. Mes entreprises les plus en vue sont dans le septentrion ; donc je suis un bon lien entre le Nord et le Sud. Il est évident que ce sujet m’importe beaucoup et nous allons avoir cette année, peut-être, quelque chose d’inédit. C’est pour la première fois que nous allons l’observer. Comme les Béninois du Sud votent facilement le Nord, cette fois-ci nous verront le Nord votera facilement les fils du Sud. Vous voulez savoir quelle a été mon implication dans le processus électoral de 2006 et de 2011. C’est vrai que tout le monde sait que j’ai été le directeur de campagne de Boni Yayi en 2006, parce que je me suis impliqué visiblement. Je croyais que c’était le moment de choisir un jeune, moderne, rompu aux techniques de mobilisation des finances dans l’ère de la mondialisation. Je ne le connaissais pas outre mesure mais j’ai pensé que le Bénin sur orbite avec l’homme de son profil pouvait connaitre l’éclosion et la promotion de tous. J’ai cru, j’ai tellement cru que je me suis lancé à 100% sans gang, sans précaution. Mais nous savons ce que ça a donné. Moi j’en assume cette responsabilité. Mais se tromper, c’est genre animal. Vous direz qu’en 2011 vous avez persisté, mais l’espoir que les choses peuvent s’améliorer, peuvent amener l’homme à dire que ça va être le deuxième ; ça va vite se passer. Ceux qui ont eu l’occasion d’observer correctement la vie politique ont pu constater que la manière dont je me suis impliqué dans la politique en 2006, je m’en suis éloigné sérieusement en 2011. Mais c’est vrai que j’ai contribué à l’effort de campagne du président Boni Yayi en 2011 sans enthousiasme, c’est sûr parce qu’on commençait à être très déçus. Mais beaucoup ont espéré que le deuxième sera un mandat peu tranquille, de travail et non un mandat de populisme, de clientélisme absolu.

Christelle Téou, étudiante
Je suis très heureuse d’être parmi vous. Mes questions sont celles-ci : est-ce que votre fortune repose sur la création de la créativité ou sur des positions de rente de ponction de l’Etat ? Combien d’emplois comptez-vous créer aux jeunes tant scolarisés et déscolarisés ? Qu’est-ce que vous avez prévu pour le logement des jeunes ? Qu’est-ce que vous avez prévu pour la sécurité sociale ?
Patrice Talon
La fortune présumée de Talon. Je vais vous dire quelque chose. Est-ce que si je vous dis madame, je n’ai pas la fortune dont on me crédite et qu’aujourd’hui est une autre légende. Je vais vous dire que monsieur Talon veut utiliser le reste de sa fortune, va financer les entreprises, les jeunes et ses consorts et il ne vous fait que ça. Et puis il n’a rien à proposer pour relancer le pays véritablement ; quel serait votre choix ? Les mille milliards peuvent paraître lourds, mais vont finir et notre sort ne changera pas. La question n’est pas celle-là. Qu’est-ce qu’il faut faire à notre modèle économique pour que si vous avez quelque chose à faire, vous avez un talent, une idée que vous puissiez bénéficier de la formation nécessaire, le financement nécessaire et l’accompagnement nécessaire. C’est ça le rôle de l’Etat, c’est ça ce qu’on attend des Chefs d’Etat. Je suis tellement conscient de cela que j’ai mal à croiser les bras et à dire à chaque génération ses peine, ses déboires et chance ; ce qui n’est pas une vérité. Notre pays est capable comme la plupart des nations, de transformer leur vie, environnement, construire leur bien-être avec leurs têtes et leurs mains, si les conditions de gouvernance, de vie en commun, si la vie en communauté présente les garanties, les dispositions qu’il faut pour cela. C’est ça ce qui nous fait défaut en Afrique. On n’est pas différent des Suisses, mais pourquoi l’Afrique dans cet état ? C’est la faute de nos gouvernants. Pourquoi je dis je vais être candidat et je ne parle que de ça ? On peut faire des merveilles en cinq ans, en dix ans et tout peut être détruit la onzième année. Je voudrais semer en vous cette révolte que notre pays va mal, notre continent va mal. Parce que nous avons à la tête de nos Etats des gens qui ne pensent qu’à leur plaisir de gouvernant. La chance que j’ai eue, les expériences que j’ai pu accumuler, les réflexes que j’ai pu avoir, le flaire que j’ai pu développer, je veux les mettre à la disposition de vous autres. C’est possible. Vous savez, je suis collé dans le coton. Mais le coton n’est pas un marché public, contrairement à ce que beaucoup pensent. Encore une légende : je n’ai jamais rien vendu à l’Etat, sauf dans les années 90 où l’Etat avait encore le monopole de la fourniture des intrants. C’est-à-dire l’Etat négocie les intrants et les revend aux paysans ; donc on vendait à l’Etat et il revendait. Après la Conférence nationale, nous sommes rentrés dans l’ère de la libéralisation. Les bailleurs de fonds ont poussé, nous aussi on a poussé parce qu’on sait que ce n’est pas le meilleur moyen. L’Etat n’est pas un bon acheteur ni un bon vendeur. Puis la filière a été totalement libéralisée. Nous vendons nos intrants aux paysans, nous achetons le coton-graine aux paysans. Mais c’est un marché régulé. L’Etat intervient pour réguler et il administrait ses prix. Mais tout le monde croit que la filière coton est un marché public, c’est faux. Ça fait plus de vingt ans que je n’ai plus vendu des grammes à l’Etat. Ce qui ne va pas, c’est par vous, par les entrepreneurs, par les banques. Les banques sont disposées à faire du crédit. Vous savez pourquoi vous ne pouvez pas avoir un crédit de logement pour avoir un logement même si vous êtes aujourd’hui un salarié, vous avez des revenus stables? Il est impossible au Bénin d’avoir des titres fonciers. Le Mca est venu nous aider pour transformer tous les permis d’habiter en titres fonciers ; nous n’avons réussi à faire que 10% de ce qui était prévu. Nos gouvernants ont paralysé ce processus de transformation des permis d’habiter en titres fonciers. Or, désormais dans l’Ohada, les permis d’habiter ne sont plus les titres de propriétés ; ça ne permet pas d’avoir accès au crédit immobilier. Imaginez-vous que demain, en six mois, et là je vous donne un élément de mon programme, il n’aura plus de permis d’habiter au Bénin et les frais de transformation de permis d’habiter en titres fonciers seront entièrement pris en compte par l’Etat. Il y a aura une liste de notaires pour ceux qui voudront bien le faire et nous allons faire un vaste programme de transformation de permis d’habiter définitifs en titres fonciers. En ce qui concerne la sécurité sociale, j’ai prévu d’installer par département une caisse de prévalence maladie, de retraite, de crédit et de formation. C’est quoi ? Je prends l’exemple du cameraman ; je ne suis pas sûr qu’il ait fait une école au Bénin, en Côte-d’Ivoire ou en France pour le métier qu’il exerce. Il a dû l’apprendre, il a dû l’apprendre sur le tas. C’est pareil pour nos maçons, couturiers, les plombiers et beaucoup de gens. Le corps social le plus important dans notre pays après les agriculteurs, c’est le corps des artisans. Très peu ont droit à une formation professionnelle complémentaire après ce qu’ils ont appris sur le tas. Il est possible de transformer le caméraman en un monsieur de talent en lui donnant une formation de deux à trois semaines sur un logiciel qui fera de lui un magicien de photos. Il changera la vie, parce qu’il va apprendre des techniques nouvelles simples accessibles même à des illettrés pour devenir des talents et peut-être des réalisateurs. Et cela, si nous parvenons à créer dans chaque département du Bénin une caisse dans laquelle l’Etat sera actionnaire, on va demander aux banques, aux assureurs d’avoir une participation symbolique, pas plus parce qu’on ne va pas les forcer. Mais l’Etat étant un mauvais gestionnaire, la gestion de ces caisses doit-être confiée aux assureurs ; et une loi sera prise pour pétrir le fonctionnement. Les montants qui seront alloués à ces caisses par an vont varier d’un département à un autre. A Cotonou, ce sera dix fois ce qui sera alloué au département du Mono ou d’Atacora en raison des besoins. On instaure également la cotisation retraite pour les artisans. On peut être maçon et finir sa vie avec une petite pension, peut-être de dix mille ou vingt mille francs cfa qui vous assurent un minimum de repas par jour quand vous serez vieux pour ne pas être voués à la mendicité. Voilà des choses qui vont changer nos vies et qui ne sont pas des choses énormes, qu’on peut implanter. Au bout de dix à quinze ans ça va être une réalité comme si on n’a jamais été dans la situation d’aujourd’hui. Les grandes nations se sont construites comme ça. C’est cela le miracle que nous allons réaliser ensemble.
Commentaires