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Présidentielle du 28 février 2016 : Pourquoi il ne pas faut craindre l’alliance Fcbe-Prd-Rb (L’expérience de Nicéphore Soglo en 1991)
Publié le mardi 19 janvier 2016  |  La Presse du Jour
Nicéphore
© Autre presse par DR
Nicéphore Soglo




Au-delà de l’effet politique qu’il induit, la controversée alliance politique entre les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), le Parti du renouveau démocratique (Prd) et la Renaissance du Bénin (Rb) doit être relativisée, en terme de poids électoral. Dans les mêmes conditions, Nicéphore Soglo, premier ministre d’alors, a battu Mathieu Kérékou qui pourtant s’était adjugé le soutien de tous les grands partis politiques du début du Renouveau démocratique.

Au lendemain de la surprenante alliance du Prd et de la Rb avec les Fcbe de Boni Yayi dans la perspective de l’élection présidentielle de février 2016, une seule question reste à élucider : les militants et les électeurs de ces formations politiques suivront-ils la consigne de vote de leurs leaders ? Là s’impose désormais un bémol par rapport au succès supposé dont on peut créditer cette nouvelle alliance autour de Lionel Zinsou, candidat de Boni Yayi, dans la course présidentielle. Bien savant qui pourra le dire dans un pays dont l’électorat est le plus imprévisible qui soit, car il va falloir attendre la publication des résultats pour être édifié. Et le précédent le plus récent appelle à une grande prudence et devrait plutôt inciter le candidat Patrice Talon, et l’électorat béninois, en quête d’une alternative crédible à la pérennisation du système Yayi, à se remobiliser pour mener une campagne efficace basée sur le projet de société du candidat en phase avec les préoccupations et les aspirations du peuple et surtout à prendre les précautions idoines pour une surveillance sans faille des résultats du vote.
En effet, aux termes du premier tour de l’élection présidentielle de mars 1991, la première de l’ére du Renouveau démocratique, les candidats Nicéphore Soglo et Mathieu Kérékou arrivent en tête de peloton avec respectivement 36,16% et 27,33% des suffrages exprimés. Albert Tévoédjrè se retrouve à la troisième place avec 14,24% des voix. Il était évident que ce score témoigne d’un profond désir de changement exprimé par les électeurs, comme l’ensemble des acteurs politiques de l’époque l’avaient également clamé.
Accord indécent
Mais aussi curieux que cela puisse paraître, les pontes politiques de l’époque ont signé le 16 mars 1991 un accord politique avec le candidat Mathieu Kérékou pour le soutenir au second tour prévu pour le 24 mars 1991, prenant ainsi le contre-pied de l’union nationale sacrée autour du candidat Nicéphore Soglo, du reste souffrant et ne pouvant même pas mener la campagne pour le second tour. Il s’agissait d’Albert Tévoédjrè, Adrien Houngbédji, Bruno Amoussou, Moïse Mensah, Séverin Adjovi, Bruno Amoussou, Assani Fassassi, Bertin Borna, Gatien Houngbédji, Idelphonse Lemon, Thomas Goudou. (CF Accord politique en annexe). L’ensemble de ces candidats totalise au premier tour 37,31% des suffrages exprimés. Nicéphore Soglo qui en avait été informé de son lit où il passait sa convalescence, n’a pas pris cette information au sérieux, estimant que cela n’était pas possible, vu les dissensions et intérêts divergents des uns et des autres. Cette banalisation lui a permis de rassurer ses partisans qui, plutôt indignés et déterminés, ont mené la campagne électorale comme il sied. De toutes les façons, le peuple était décidé à effacer toute trace du Parti de la Révolution populaire du Bénin (Prpb). Ce qui n’a fait que conforter la position de Nicéphore Soglo, unique alternative qui s’offrait.
Malgré ses 27,33% et le virtuel apport de 37,31% de ses alliés, Mathieu Kérékou a perdu l’élection au second tour avec 32,42 % des voix puisque l’électorat a élu Nicéphore Soglo à 67,57 % des voix (Sources : Insae). Il est clair que le score électoral du candidat Mathieu Kérékou ne s’est amélioré que de 5 points à peu près, tandis que celui du candidat Nicéphore Soglo a doublé. C’est le lieu de se demander si les électeurs ont suivi quelque consigne de vote de leurs leaders politiques partenaires du candidat Mathieu Kérékou. La réponse est évidemment négative car les militants et les électeurs sont restés collés à leur volonté de changement de système politique et de mode de gouvernance antérieur à 1990.

Aventure sans lendemain
Le contexte électoral actuel ressemble étrangement à celui de 1991 avec un régime qui a fini de déstructurer la République, de piller ses ressources financières et économiques. Le président de la République a affaibli tous les contre-pouvoirs et se moque des décisions de justice. Ce président a vainement tenté d’obtenir un troisième mandat et s’est heurté au refus du peuple. Mais il s’est choisi un candidat pour exécuter par procuration ce troisième mandat. Et brusquement, les hommes politiques qui ont le plus décrié sa gouvernance et s’étaient dit pressés de voir finir la pagaille, se rallient curieusement à ce plan machiavélique. Au moins ceux de 1991 avaient été candidats au premier tour de la Présidentielle et leurs poids électoraux respectifs étaient évaluables. Cette fois-ci, il s’agit de personnalités politiques qui confondent l’attitude des électeurs aux élections législatives avec celle que ces électeurs pourraient avoir à la Présidentielle à laquelle, ils ne sont même pas candidats. Devrait-on s’attendre à ce que l’électorat les suive ? Impossible. La seule précaution qui vaille, c’est de les laisser continuer leur aventure sans lendemain et de se concentrer sur la vulgarisation efficace du projet de société du candidat Patrice Talon et d’observer une vigilance sans faille autour du déroulement de l’élection afin que les suffrages des électeurs ne soit pas détournés.
Le protocole d’accord de 1991
Entre :
Le Président Mathieu Kérékou, candidat au second tour des élections présidentielles et les candidats du premier tour soussignés :
Il a été arrêté et convenu que :
a)Le Président Mathieu Kérékou s’engage, en cas d’élection à la magistrature suprême le 24 mars 1991, à préserver et respecter scrupuleusement les acquis de la conférence des Forces vices de la nation, notamment toutes ses résolutions non entièrement appliquées à ce jour, et spécialement tout ce qui concerne les libertés de la presse, les mesures économiques et sociales, etc.
b) Le Président Mathieu Kérékou s’engage à nommer un ministre coordinateur chargé de concevoir et de conduire l’action du Gouvernement, en attendant la mise en œuvre de la révision constitutionnelle annoncée par lui lors de la déclaration de candidature.
c) Le Président Mathieu Kérékou s’engage à faire sienne et à appliquer la plate-forme de programme qui lui sera proposée par les candidats signataires du présent protocole en attendant la tenue de la Conférence économique chargée d’élaborer le programme national de développement annoncé par le Président, Conférence à laquelle participeront tous les partenaires au développement
d) Le Président Mathieu Kérékou s’engage à former un Gouvernement de large union nationale incluant les personnalités valables de la transition, y compris, s’il l’accepte, le Premier Ministre actuel.
En contrepartie de ces engagements, les candidats soussignés apportent leur soutien à sa candidature au second tour des élections et lui assurent en cas de succès leur collaboration franche et loyale.
Cotonou, le 16 mars 1991
Ont signé :
Albert Tévoédjrè
Bruno Amoussou
Adrien Houngbédji
Moïse Mensah
Séverin Adjovi
Bertin Borna
Assani Fassassi
Gatien Houngbédji
Idelphonse Lemon
Thomas Goudou
Athanase Dèwanou
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