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Art et Culture

Tenue de la 13è édition du Fitheb : Erick-Hector Hounkpe, « j’assume »
Publié le jeudi 21 janvier 2016  |  Autre presse
Eric
© Autre presse par DR
Eric Hector Hounkpè




Un mercredi du mois de janvier 2016. Dans son bureau au 1er étage du bâtiment qui abrite le siège du Festival International de Théâtre du Bénin (Fitheb) dont il est le nouveau directeur, Erick-Hector Hounkpe a l’air dans tous ses états. Il semble débordé. Dans son bureau, quelques acteurs culturels retenus pour l’aider à faire la programmation du festival prévu pour démarrer dans quelques jours. Mais le directeur a promis nous recevoir à 19 heures. Il nous reçoit finalement, avec quelques minutes de retard mais toujours avec cette envie d’envoyer un message fort à l’ensemble des hommes de théâtre : pour lui, le Fitheb ne doit plus être le théâtre de guéguerres inutiles. Et surtout, il assume tous ses choix. Interview exclusive.

www.benincultures.com : Depuis le 27 novembre 2015, vous êtes à la tête du Festival International de Théâtre du Bénin (FITHEB) après une période de transition. Comme le stipulent les textes, vous êtes nommé pour un mandat de 4 ans et organiserez donc les deux prochaines éditions. Est-ce suffisant pour faire vos preuves ?

Erick-Hector Hounkpe : Quatre ans, c’est déjà raisonnable, j’ose même dire : beaucoup. C’est vrai que relativement à un évènement aussi géant et aussi important que le FITHEB, cela paraît peu, mais si chacun s’inscrit dans l’optique que d’autres viendront continuer l’œuvre entamée, eh bien, ce délai est raisonnable. Donc vous faites vos quatre ans, et si votre bilan force à vous renouveler le mandat, on le renouvèle, et c’est bien ainsi. Dans le cas contraire, vous partez. Il y a toujours d’autres pour continuer.

L’innovation est que vous faites deux festivals, deux biennales d’affilé. Vous avez le temps de faire une première expérience, de rectifier le tir et de faire en sorte que la deuxième biennale dont vous aurez la charge soit meilleure. Donc je trouve que les quatre ans sont raisonnables. Cela dit, le reste est lié à la personnalité de chaque directeur et au moyen qu’on lui alloue pour faire le travail.

Toujours selon les textes, le FITHEB s’organise au moins 6 mois après l’installation du Directeur. Vous avez été installé en novembre 2015 et beaucoup d’acteurs culturels s’étonnent de vous voir programmer l’édition 2016 pour février. N’est-ce pas étonnant ?

Je n’aime pas faire la polémique. Vous n’êtes pas sans savoir que le festival est devenu, après les dernières assises, un office à caractère culturel, avec la loi dite 94. Du coup, quand l’Etat estime qu’il faut offrir l’évènement à nos compatriotes, le directeur a moins de marge et il assume. Et moi j’assume. Après, je ne voudrais pas rentrer dans le jeu des polémiques. Si je rentre dans ce jeu, je vais perdre plus de temps ; or je n’en ai pas assez.

Au cours de la cérémonie de votre installation, vous avez promis au Ministre de la Culture que cette édition du festival programmera des spectacles à Lobogo, sa localité d’origine. Ce qui n’avait jamais été fait. Opération de séduction ou simple coup de communication ?

(Sourire) J’ai vu les réactions dans la salle après cette annonce. Mais j’ai une question : Lobogo n’est-il pas une localité béninoise ? Quand, à un moment donné, le même FITHEB a connu une extension sur la ville de Djougou, y avait-il eu un problème ? Non. Et cela avait été aussi le cas pour Djougou. Parce que Djougou, comme Natitingou, comme Kandi, comme Lobogo, c’est le Bénin. C’est donc un faux problème que de mener cette polémique. J’ai entendu dire que je le fais pour remercier le ministre. Y a-t-il un péché à remercier quelqu’un qui vous a préféré parmi une liste de 3 ? Et puis, entre nous, si c’était le leur sur cette liste, le Ministre avait choisi..? De toutes façons, tant que c’est l’Etat qui donne l’essentiel du budget, nous sommes de plus en plus appelés à coopérer sans y perdre notre âme. Et de tels clins d’œil deviennent nécessaires pour faciliter la communication entre nous, créateurs et acteurs culturels, et les politiques, les autorités, qui décident. Cela va nous permettre, à défaut d’être là où ça se décide, d’y avoir des amis pour que les décisions nous soient de plus en plus favorables au développement de la culture.

Vous confirmez donc que Lobogo recevra des spectacles sur l’édition 2016 du FITHEB. Qu’en est-il des autres villes retenues ?

Porto-Novo, Cotonou, Lobogo, Abomey et Parakou. On va faire l’axe. Et comme je le dis, si le budget devient conséquent, on va étendre. Tout est flexible compte tenu du financement. Il n’y a pas de folies à faire, sur ce plan.

Parce que malgré les assurances du Ministre de la Culture lors de votre installation, cette édition peut encore rencontrer des difficultés de financement ?

Bien sûr. C’est des problèmes de décaissement. Il y a un parcours à suivre pour la sécurité et la sûreté des fonds. C’est l’administration. Le vrai problème, ce n’est pas seulement de mettre à disposition les fonds mais aussi de préparer le budget. Le 27 novembre, quand je prenais fonction, il n’y avait pas de budget pour le FITHEB. Il a fallu rapidement faire le budget avec toute l’équipe et en nous basant sur les idées que j’entends mettre en mouvement. Ensuite, il a fallu que le conseil d’administration valide ce budget et nous avons réussi à le faire. .

Puisque pour le moment, vous avez les mains liées pour défaut de mise à disposition de financement, comment gérez-vous la programmation des compagnies étrangères ?

Je n’ai aucune main liée. Le ministre de la culture Paul Hounkpè ne m’oblige à rien. J’assume et j’estime qu’on doit faire le festival. Et que le ministre soit là pour le lancer. C’est tout à son honneur. En ce qui concerne les compagnies étrangères, d’abord il faut préciser que les guichets de financement étrangers sont fermés. La saison 2016 est déjà arbitrée à ces niveaux et donc il ne fallait pas trop y compter. Ces guichets de financement financent les créations mais aussi la circulation de ces créations. Du coup, on a pris cet angle de la chose avec une ambition modeste.

Sur l’Afrique je compte inviter cinq à sept créations et trois de l’Europe. C’est largement suffisant pour moi pour passer le cap compte tenu du temps dont on dispose. Elles seront complétées par les cinq à dix spectacles béninois retenus. On est donc en contact permanent avec les compagnies étrangères.

A cette étape de l’organisation, maintenez-vous toujours la tenue du festival du 30 janvier au 8 février prochain ?

Oui. Le festival aura lieu du 30 janvier au 8 février 2016 avec la programmation des spectacles mais aussi des activités périphériques : lecture scénique, formation, table ronde. Pour cette édition, la table ronde aura pour thème « 25 ans de renouveau démocratique, 25 ans du Fitheb : théâtre, démocratie, développement au Bénin et en Afrique ». Il y aura bien évidement la programmation, du théâtre, de l’humour et du conte non seulement dans des salles mais aussi dans des espaces publics.

Je rasure donc que le festival aura lieu du 30 janvier au 8 février mais comme toute organisation sérieuse, il y a toujours un plan B voire un plan C. Et donc nous avons un plan B. Mais notre souhait fondamental est de ne jamais dépasser le 14 février. Nous voulons finir avant les élections. S’il arrive qu’on soit obligé de bousculer légèrement, nous allons le faire. Il n’y a pas de problème pour ça. Je n’ai aucun état d’âme pour cela.

Que cela soit le plan A ou le plan B, nous sommes à quelques jours du démarrage du festival. Les inquiétudes sont nombreuses. A la fin du festival, assumerez –vous aussi les échecs et couacs s’il y en avait ?

N’ayez aucune crainte. Il n’y aura pas d’échec. Les oiseaux de mauvais augures, je les renvoie au Seigneur. Je n’ai aucune force. Mais, croyez-moi, il n’y aura aucun échec. Nous sommes dans les mains de Yaveh, l’Eternel des Armées… Le Festival aura lieu et je suis convaincu que ce sera l’une des plus belles fêtes du théâtre.

Pensez-vous qu’avec votre nomination, c’est une aube nouvelle pour le festival qui a toujours traversé les crises ?

Je l’espère, je l’espère vivement. Je l’espère vraiment. J’espère que ma nomination permettra que nous explorions ensemble des passerelles pour l’entente pour nous sortir de nos querelles qui pèsent trop sur le festival.

Tel qu’il est géré depuis sa création et avec les différentes crises qu’il traverse à chaque fois, le FITHEB a-t-il un avenir en tant que festival ?

Oui, le festival a indubitable d’avenir. Il n’y a pas de souhait funeste. L’avenir du FITHEB me paraît sûr d’autant que cela dépend plutôt de tout le monde…. Ce que je souhaite, c’est que mon travail balise le terrain et que les autres qui vont venir puissent se sentir libres et faire leur travail. Mais il s’agira surtout pour nous les hommes et les femmes de théâtre, de nous mettre ensemble. Là, ce n’est ni l’Etat, ni le peuple. Mais nous, nous les acteurs culturels. Si vous êtes ensemble, vous avez une voix qui porte. Du coup vous pouvez faire fléchir le politique. Mais si vous vous jouez de sales tours, vous avez une voix fragilisée et le politique adore ça, il en profite… De toute façon, nous sommes obligés de faire en sorte que le festival prospère. Le FITHEB, c’est la plate-forme qui nous fermente la vie. Je crois fermement que le Fitheb a de l’avenir.

©www.benincultures.com
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