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Cité parmi les rédacteurs d’un rapport Afrique/France :Lionel Zinsou ne fait pas toujours l’unanimité
Publié le samedi 23 janvier 2016  |  sonangnon.net
Lionel
© aCotonou.com par CODIAS et Didier Kpassassi
Lionel Zinsou fait grand dignitaire du Royaume d’Abomey
Abomey le 13 janvier 2015. Lionel Zinsou royalement accueilli au Palais royal Gbindo, palais privé du roi d’Abomey, Agoli-Agbo




Décidément le Premier ministre-candidat est mal barré. La fronde contre sa présence dans la course au fauteuil présidentiel ne faiblit toujours pas. Dans cette opinion, un fonctionnaire béninois ayant travaillé à l’Unesco dénonce Lionel Zinsou comme représentant des intérêts français... Le rapport intitulé : « Afrique France : un partenariat pour l’avenir » et connu de tout le monde aujourd’hui a été rédigé par cinq personnalités françaises et franco-africaines du monde politique et économique : Hubert Védrine, […], Hakim El Karoui, Jean-Michel Severino, Tidjane Thiam, Lionel Zinsou (souligné par nous) ».

Après une arrivée insolite au Bénin, cet homme fut installé au poste de Premier Ministre et désigné comme candidat de la « mouvance » (Fcbe) à l’élection présidentielle prochaine. Tant d’analyses politiques ont déjà été faites à ce sujet. Mais la grande question que nous devons nécessairement nous poser devrait être celle-ci : « Est-il possible et même admissible qu’un rédacteur d’un document d’une si grande importance pour l’Etat français puisse se présenter à une telle élection dans notre pays même s’il semble être le sien ? ». La décence aurait voulu qu’il déclinât cette offre, si alléchante soit-elle. Monsieur Zinsou ne peut prétendre avoir participé à cette rédaction en ignorant qu’il y est question de l’avenir économique de la France donc de la défense des intérêts français en Afrique et en conséquence au Bénin.

Parmi les quinze propositions faites dans le rapport en question, les plus révélatrices de sa posture ambigüe sont aux points 10, 11 et 13, à savoir : Point 10 : […] Renforcer l’influence de la France en Afrique ; Point 11 : Réinvestir au plus vite la présence économique extérieure française en Afrique ; Point 13 Favoriser l’investissement des entreprises françaises en Afrique […] » Répondant, par ailleurs, à une question posée par un journaliste du nouvel observateur, Vincent Jauvert, en décembre 2013, Hubert Védrine affirma que « l’Afrique peut devenir le nouvel eldorado de la France » ! Tout est maintenant très clair comme nous pouvons le constater.

Vouloir accepter, dans ces conditions, une direction politique éventuelle de l’Etat béninois signifie, chers compatriotes, que monsieur Lionel Zinsou sera effectivement, comme le montrent toutes les analyses, en Mission commandée pour la France parce qu’il n’appliquera que le contenu de son rapport et non pas pour poursuivre, comme se plait à le dire la masse de la majorité présidentielle, les réalisations du Président Yayi. S’il en était ainsi, un autre candidat parmi les plus aguerris au sein de cette alliance, en dehors de ce représentant de la France, aurait pu être choisi. Mais, comment cela aurait-il pu arriver si Lionel Zinsou reste le plus intelligent comme il se le dit en leur sein. Nous sommes face à une grande arnaque et même à une piraterie politique que nul ne peut accepter et qui nous fait revenir cinquante ans en arrière. Une descente en enfer qui reste notre plus grand déshonneur. Et pourtant nous sommes dans un pays où le maître-mot a toujours été pendant ces dix années de règne, le « Panafricanisme ».

Toutes les divergences inutiles doivent en conséquence être aujourd’hui tues en vue de sauver notre pays. Ne donnons pas raison au Président Kwame Nkrumah qui affirmait dans un discours historique prononcé au Sommet de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) en Mai 1963 ce qui suit : « […] Sur notre continent, il ne nous a pas fallu longtemps pour découvrir que la lutte contre le colonialisme ne prend pas fin lorsqu’on a réalisé l’indépendance nationale. Cette indépendance n’est que le prélude d’un combat nouveau et plus complexe pour la conquête du droit de diriger nous-mêmes nos questions économiques et sociales, en dehors des entraves écrasantes et humiliantes de la domination et de l’intervention néo-colonialiste […] » Paroles prémonitoires comme nous le constatons au regard de l’actualité ambiante.

Face au dangereux tournant que prend notre cher pays en ce moment, nous voudrions interpeler les militants en leur demandant si l’appartenance à cette mouvance présidentielle est un passeport pour le bradage et la mise sous tutelle du Bénin. La responsabilité qu’ils prennent devant l’histoire en livrant le pays, pieds et mains liés au néocolonialisme que nous pensions avoir quitté est un acte grave dont les générations montantes, nos enfants et petits-enfants se souviendront pendant longtemps et très longtemps. Ils ne manqueront pas, malheureusement, d’en situer les responsabilités. Nous exhortons alors ceux-là qui ont encore en eux cette fibre patriotique qui nous a tous animés en cette année mémorable de la Conférence nationale, à porter un regard sur la situation sociale et économique de notre pays. Mais à ceux qui voudraient s’y enliser pour des intérêts quelconques, disons-leur simplement : « Bon appétit messieurs ».
Il n’est un secret pour personne. La misère prend, en effet, de l’ampleur ; la pauvreté est à son paroxysme et plus de soixante pour cent de la population souffre de ces grands fléaux que sont l’analphabétisme et l’absence d’instruction. Pensons-nous que tout cela sera rétabli par la France dont le taux de chômage et de pauvreté s’amplifie aussi de jour en jour ? Soyons alors dignes afin de pouvoir « vaincre la fatalité ».

Marc-Laurent Hazoumê,

Professeur à la retraite

Ancien Fonctionnaire de l’Unesco
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