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Promesses électoralistes déguisées sur la Télévision nationale : Non, Lionel Zinsou ne connaît pas le Bénin
Publié le lundi 15 fevrier 2016  |  La Presse du Jour
Lionel
© AFP par Thomas Samson
Lionel Zinsou, nouveau Premier ministre du Bénin.




A l’occasion de sa campagne électorale précoce sur la Télévision nationale jeudi dernier, le candidat Lionel Zinsou se découvre à travers le paquet d’incohérences qui prouve, une fois encore, sa vision inquiétante de l’Etat.

Etait-il sur la télévision nationale en tant que Premier ministre ou en tant que candidat en pleine propagande électorale ? Malgré les efforts faits pour déguiser ce show propagandiste en séance de reddition de comptes en direction de la population, il n’échappe à personne que le candidat-Premier ministre essaie simplement de rattraper l’interminable retard accusé pour proposer un projet de société aux Béninois. Alors qu’il n’a pas encore de programme, il essaie de faire diversion. Mais les historiettes racontées sont si grotesques qu’en réalité, personne n’en est dupe. Il en est ainsi du mensonge et de la propagande ! On a beau les policer, on finit toujours par être trahi par ses propres turpitudes.

Mais ce jeudi, Lionel Zinsou a fait fort dans l’incohérence qui a caractérisé la présentation de la promesse populiste de Boni Yayi aux zem, et que lui, candidat récupère et tente de présenter comme une invention qui mérite le prix Nobel. Tenez ! Dans le sillage de la série de fromages tendus aux populations par le pouvoir finissant de Boni Yayi en campagne pour son dauphin, on retiendra la promesse d’un milliard de francs Cfa aux conducteurs de zem. Passe encore que cela soit purement démagogique puisque n’ayant jamais été logé dans nulle rubrique du budget général de l’Etat en cours d’exécution. Mais les objectifs annoncés crèvent l’œil. Il s’agirait d’aider les centaines de milliers de conducteurs de zem du Bénin à se reconvertir dans d’autres secteurs d’activité. On devait logiquement s’attendre à une reconversion dans des métiers moins ruineux pour leur santé mais plus rentables pour leur poche.

« Les zem n’ont jamais pris l’avion »
Et c’est là où le gouvernement et son candidat en pleine détresse se font prendre en flagrant délit d’incohérence et d’illogisme. Prenant les zem et l’électorat béninois pour des demeurés, Lionel Zinsou argue tout bonnement que cet argent est destiné à aider les zem à acquérir des motos neuves à moteur électrique. C’est-à-dire, on incite les zem à renouveler leurs motos et à s’installer durablement dans une activité qui ne leur offre pas assez de revenus pour jouer décemment leur rôle de père de famille mais également une activité qu’ils n’auront plus la force d’exercer au-delà d’un certain âge, mais qui par ailleurs ne leur offre aucun avantage pouvant servir de pension de retraite.

La supercherie est si grosse que le démagogue lui-même s’en amuse lorsqu’il ajoute que «les zem auront même l’occasion de voyager pour visiter les usines où se fabriquent leurs motos». Des pèlerinages en perspectives pour des milliers de zem. On ne sait combien s’y rendront. La supercherie est si grosse qu’elle n’est pas plus sérieuse qu’une blague de cour de récréation. Avec un brin d’humour de mauvais aloi si ce n’est du mépris carrément lorsque le candidat-Premier ministre, au détour de la réponse d’une question lâche, le sourire en coin : « Ben ! Ils n’ont jamais pris l’avion auparavant !». Si Lionel Zinsou prend cette boutade pour une blague, il s’est gouré. Il s’agit ni plus ni moins d’une plaisanterie de mauvais goût.

Ce qui est plutôt inquiétant qu’amusant, c’est la vision singulière que le candidat de Yayi-Houngbédji-Lehady a de la Justice. Pour lui, le chef de l’Etat est « le garant des institutions de la République…». Et Michel Adjaka, président de l’Union des magistrats du Bénin (Unamab) a raison de s’en indigner et de lui remonter les bretelles, promptement, en lui enseignant plutôt que « le Chef de l’Etat, parce qu’il détient la force publique, est garant de l’exécution des décisions de Justice et non des institutions de la République. Il ne peut juger de l’opportunité de l’exécution des décisions de justice…»
«Décision de justice politiquement sensibles»
Pour le niveau universitaire qu’on lui prête, cela devrait lui valoir une inscription forcée en première année dans une faculté de droit. N’étant pas un amalgame près, il va même jusqu’à inventer le concept de « décision de justice politiquement sensible ».

Il s’agit certainement d’une énigme qu’il lance aux juristes et chercheurs en droit de tous les continents. En attendant la réforme du droit à sa convenance, il faut déjà s’inquiéter de cette vision catastrophique qui distingue « décision de justice » et décision de justice politiquement sensible ». Il devrait cependant bénéficier d’une excuse, celle de ne vraiment pas connaître le terrain sur lequel il a osé cette imprudente escapade. Cela est d’autant plus vrai que se prononçant sur la lutte corruption, il brandit le « Bureau de l’Auditeur Général » comme une baguette magique, notamment en faisant croire que le titulaire de ce poste est « inamovible ».

Le prochain président de la République ne devrait donc pas le révoquer. Drôle de conception d’une notion élémentaire du droit. L’intéressé et sa structure n’ont pas été mis en place sur la base d’une loi votée par le législateur. C’est le président de la République qui, de sa plus belle plume a créé ce truc par décret. Et par parallélisme des formes, sa révocation par un autre décret ne devrait poser aucun problème. Et ça, il faut être le candidat Lionel Zinsou, en pleine propagande électoraliste pour l’ignorer. Là-dessus, le message est sans équivoque : Lionel Zinsou est vraiment le digne élève de son maître Boni Yayi.

Junior Fatongninougbo
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