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Ambiance électorale au Bénin: Précampagne confondue à la campagne
Publié le samedi 20 fevrier 2016  |  La Nation




C’est aujourd’hui que la campagne pour la présidentielle du 6 mars démarre officiellement. Mais depuis des jours, sinon des semaines, des candidats ont investi sérieusement le terrain. Cette opération de charme se fait suivant diverses fortunes en violation flagrante de la loi.

Ils ont tous violé le Code électoral en vigueur en République du Bénin.

A l’exception de quelques uns qui ont fait preuve de discernement, en faisant l’effort de respecter la loi n°2013-06 portant Code électoral en République du Bénin, la majorité des présidentiables a simplement foulé aux pieds cette disposition malgré les nombreux messages de sensibilisation et les rappels à l’ordre des Organisations de la Société civile et des institutions de lutte contre la corruption. Et pourtant, ils ne sont pas sans savoir que les textes prévoient le délai d’une campagne électorale. Mais que de marches de soutien, de meetings, de suscitation de candidatures, de banderoles, d'affichettes ou affiches à l’effigie du responsable politique qui soutient et du candidat soutenu.

La fièvre électorale à son comble

La fièvre électorale était déjà à son comble depuis des semaines. Elle montera certainement d’un cran durant la période de campagne. Ainsi, tel un élève qui vient de réussir brillamment à un examen et exulte de joie, nombre de militants et sympathisants sont surexcités à l’idée de voir leurs candidats remporter la bataille présidentielle.
L’effervescence est sans précédent. C’est le moment des grandes démonstrations, des forces de frappes qui annoncent les prémices du grand match prévu pour le 6 mars prochain et dont le lancement officiel démarre ce vendredi. Sauf que les partis politiques et les candidats n’ont pas attendu la date fatidique, avant d’étaler leurs talents sur la scène politique. Ils travaillent depuis, de jour comme de nuit à conquérir les cœurs des indécis et occuper l’espace médiatique. Tous les jours sont destinés à la campagne. C’est le temps des rencontres tous azimuts aussi. Précampagne électorale oblige ! Mais la période ressemble plutôt à celle de la campagne proprement dite.
Il n’est pas aisé au Béninois lambda de faire la différence entre la période de campagne et celle de précampagne. A côté de la grande artillerie que déploient les présidentiables, notamment les plus fortunés, s’observent des faits qui violent allègrement les dispositions du Code électoral. Si jusque-là, certains se plaignent de l’utilisation abusive des moyens de l’Etat à des fins de campagne, d’autres, candidats n’hésitent pas à se faire plus visibles selon leurs moyens en posant des affiches ou des affichettes par endroits. Si ce n’est pas les appels de soutien au candidat Zul Kifl Salami sur de grandes banderoles qui crèvent l’œil au niveau de certains endroits publics, c’est plutôt les affichettes des candidats Patrice Talon et de Pascal Irénée Koupaki, Sébastien Ajavon… qui ne passent pas inaperçues sur les baraques, hangars et autres boutiques. Les populations semblent bien se laisser emballer par le jeu. Les murs des maisons commencent aussi par être auréolés aux couleurs des candidats que soutiennent leurs propriétaires. Les artères des grandes villes brillent aux multiples couleurs, avec des affiches appelant à la mobilisation pour les candidats Lionel Zinsou, Abdoulaye Bio Tchané, Aké Natondé, ou de tel ou tel autre candidat. D'autres au-delà de leurs meetings politiques jouent au ‘’père noël’’ ou au ‘’papa bonheur’’ en distribuant toute une palette de gadgets frappés à son effigie : tee-shirt, casquettes, montres, calendriers, clés USB.... Ils sont plusieurs à être dans cette dynamique. C’est la campagne avant l’heure. De leurs côtés, certains directeurs de sociétés publiques désertent progressivement leurs bureaux, laissant l’administration publique dans une somnolence. Mais peu importe. L’effervescence est à son comble et personne ne se soucie, ni se préoccupe apparemment des dispositions du Code électoral qui régissent le scrutin.

Conformément au Code électoral

Selon l’article 47 du Code électoral, «la campagne est l’ensemble des opérations de propagande précédant une élection et visant à amener les électeurs à soutenir les candidats en compétition. Elle est obligatoire pour tout candidat à une élection. Avant l’ouverture officielle de la campagne électorale, les partis et alliances de partis politiques continuent conformément à la Constitution et la Charte des partis politiques d’animer la vie publique et d’assurer l’information des citoyens sur le pluralisme démocratique». Mais la question que l’on se pose, est pourquoi tant d’excès et tant de zèle dans le rang de certains présidentiables avant le démarrage de la grande messe ? Qui trop embrasse mal étreint, dit l’adage. A l’allure où évoluent les choses, les candidats risquent d’être à bout de souffle avant l’heure.
L’exemple même serait venu du haut, du sommet et ne date pas de la période de précampagne, avancent certains pour se justifier. Ils soutiennent leurs thèses en brandissant comme arguments les grandes affiches du chef de l’Etat ou des membres de son gouvernement qui ont tout le temps occupé certains grands carrefours. Il est vrai que l’élection présidentielle du 6 mars prochain s'annonce comme le scrutin de tous les enjeux, mais l’appétit qu’elle attise dans le rang des uns et des autres ne laisse pas pour autant indifférent.
Le Code électoral en son article 50, va plus loin en soulignant que «pendant la période électorale, dans chaque commune, le maire en accord avec la Commission électorale nationale autonome (Céna), indique par arrêté : les lieux exclusivement destinés à recevoir les affiches…., les emplacements spéciaux réservés pour l’apposition des affiches électorales ; tout affichage relatif à l’élection est interdit en dehors de ces emplacements spéciaux», sauf qu’à l’étape actuelle, ces dispositions du Code électoral sont allègrement piétinées.
Selon les explications d’un responsable de la mairie de Cotonou sur une radio privée de la place, la mairie avait déjà procédé à la destruction des affiches installées par des candidats avant la période destinée à cet effet. Il précise qu’une période d’échange et de sensibilisation a précédé ce travail. Mais ce travail de la municipalité a, apparemment, fait long feu, avant de reprendre en éclat à travers diverses fortunes dans le rang des candidats. Vivement que l’effervescence reste intacte pendant les deux semaines de la campagne qui démarre officiellement ce jour !?


Maryse ASSOGBADJO
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