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Bénin: Lancer l’économie en 2021 par l’interventionnisme économique
Publié le samedi 20 fevrier 2016  |  La Nation




En moins de cinquante ans, certains pays ont réussi la prouesse de construire de véritables modèles de développement. L’exemple de la Chine, du miracle de la Corée du Sud, et de Singapour sont édifiants. Bien que les modèles de développement et les systèmes politiques qui ont encadré ces succès diffèrent d’un pays à l’autre. Il est intéressant de noter qu’une planification et une vision économique claires ont constitué un socle commun dans chacune des prouesses socio-économiques de ces pays.

Le cas des plans quinquennaux de développement de la Chine pourrait dans une certaine mesure servir d’exemple typique pour lancer l’appareil économique du Bénin en 2021. A l’orée de l’élection présidentielle de mars 2016 au Bénin, il importe que le président élu soit conscient du besoin inévitable de concevoir un projet d’intervention économique qui prendra véritablement effet en 2021.

Les notions de développement et de bonheur sont des notions abstraites. Pourtant, chaque peuple a la latitude de pouvoir les définir dans une symbiose d’ensemble qui pourrait différer des définitions calquées provenant de l’Occident. Le Bénin n’a jamais pris le temps de procéder à un tel brainstorming. Le projet de développement 2016-2021 par exemple sera inévitablement conçu et exécuté par une poignée d’élites et de cadres qui proposera des solutions éclairées par leurs évaluations subjectives des besoins du Bénin avec les risques que cela comporte.

Alzheimer de la majorité

La vision «Alafia 2025» est louable. Conçue par une équipe pluridisciplinaire de consultants nationaux avec la participation des communautés béninoises,
Alafia 2025 c’est-à-dire paix et prospérité à l’horizon 2025 est une vision qui présente les desiderata des Béninois sur une période de vingt-cinq (25) ans. Elle prévoit faire du Bénin un pays-phare, bien gouverné, uni et de paix, à économie prospère et compétitive, de rayonnement culturel et de bien-être social».

Malgré sa pertinence, elle s’apparente facilement à une chimère, tellement les spécificités des défis à court terme manquent d’être exposées avec une plus grande attention. Il est fort probable que la vision Alafia soit reconduite avec de nouvelles lubies après 2025 si un effort de concertation stratégique et intégrée n’est pas consenti dès 2016. Le président élu en 2016 a une opportunité unique d’être le Martin Luther King de la prospérité économique intégrée du Bénin.

En réalité, depuis qu’il a goûté aux délices de la démocratie, le peuple béninois a caressé pendant plus de deux décennies l’espoir de participer à la conception et l’implémentation des programmes de développement. A l’évidence, cette dimension de la démocratie lui a été systématiquement refusée. Comment interpréter autrement la « maladie d’Alzheimer » dont les majorités sociales sont victimes dans le processus de développement ?
La jeunesse qui se vante de constituer plus de deux tiers de la population n’a jamais participé véritablement à l’élaboration des programmes qui sont conçus pour elle. La confusion est identique lorsqu’on considère que les 70% de la population qui se trouvent dans nos zones rurales et plus de 50% des analphabètes n’ont aucune idée concrète des plans de développement qui sont conçus pour eux, et non avec eux et par eux.

Interventionnisme socio-économique

De façon pratique, de 2016 à 2021, il s’agira de conduire un exercice national qui aura pour but d’identifier les besoins prioritaires à la base et de définir clairement les objectifs SMART que le mandat 2021-2025 devra atteindre quel que soit le leadership qui sera exercé. Toutes les couches et secteurs socio-économiques devront être sérieusement impliqués dans l’exercice: les pêcheurs, les agriculteurs, les footballeurs, les fonctionnaires, les opérateurs économiques, les handicapés, la diaspora, des membres de tous les partis politiques, les étudiants, les chercheurs, etc.

Au terme de l’exercice d’élaboration d’un tel plan national de développement, le nombre précis d’hôpitaux à réhabiliter ou à construire dans la communauté la plus reculée sera connu, les entreprises et structures privées intervenant dans les secteurs prioritaires qui seront volontaires pour contribuer aux projets de société seront connues, les élus municipaux et communaux sauront à l’avance les défis qui les attendent avant même d’être élus…

Quant au président élu, il aura un nombre précis d’objectifs quantifiés à atteindre. Ce dernier devra marquer ses initiatives par une collaboration «ostentatoire» avec la société civile et le secteur privé dans le but de contourner les limites de l’État dans la résolution des problèmes de société. Une communication devra également être bâtie autour des objectifs sur les plans prioritaires de l’économie, la santé et l’éducation.

Le président de la République dans un tel contexte devient un gestionnaire de projets qui rendra compte au peuple. Nous pouvons d’ailleurs convenir de renseigner dans nos dispositifs un pourcentage minimal de réalisations qui devra être atteint par tout dirigeant sortant avant de pouvoir briguer un autre mandat. Les ministres et responsables d’institutions au terme d’une année de fonction, devront présenter un bilan clair en termes de résultats techniques atteints. En cas de non atteinte des objectifs, ils perdraient leurs postes de responsabilité au profit de successeurs courageux qui seraient soumis à la même exigence de résultat.

Démocratie au-delà des élections

Un tel exercice aura des avantages sans précédent pour notre pays. Il permettra au peuple (et non les partis politiques ou le président) de décider de ce qu’il veut pour lui-même. Il permettra aux partis politiques d’avoir une base concrète pour alimenter les spéculations lors des élections. Il empêchera tous les présidents élus après 2020, de réduire à néant les efforts de leurs prédécesseurs. Il permettra d’asseoir plus aisément un système de reddition de comptes au peuple. Il facilitera la création de technopoles dans le secteur privé.
Cet exercice facilitera la collaboration avec les partenaires économiques du pays. Il permettra de mettre en branle une réelle décentralisation et une gestion nationale axée sur les résultats. Il détruira progressivement les bases de la politique d’instrumentalisation des ethnies au Bénin. Par-dessus tout, grâce à lui, la démocratie béninoise aura le privilège de respirer à travers les pores d’une réelle cohésion nationale.

Il est absurde de se lamenter sur nos problèmes de développement alors que des solutions existent. Dans le cas du Bénin, la conception d’un projet d’interventionnisme économique est capitale. A l’instar de la Chine qui a lancé en 2015 son 14e projet quinquennal de développement qui couvrira la période 2021 à 2025, le Bénin a l’opportunité de connaitre la première expérience qui mettra véritablement en marche une machine de développement inclusive en 2021 afin de devenir lui aussi, dans quelques décennies, pourvoyeur d’aide étrangère.

Aussi, pour éviter que notre pays pauvre très endetté croupisse plus longtemps sous l’inefficacité de rêves lointains, oubliant la réalité du potentiel échec cuisant d’un président qui aurait cinq ans pour réduire à néant les efforts de planification stratégique courageusement entrepris par les élites nationales et régionales, il est plus avisé de mettre la population concernée au cœur de l’action publique dès le départ.

Par Alan Akakpo
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