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Face à face Moi président, Talon-Zinsou : deux hommes d’Etat
Publié le vendredi 18 mars 2016  |  Matin libre




Les candidats Patrice Talon et Lionel Zinsou ont défendu leurs visions d’un Bénin prospère hier jeudi 17 mars 2016. Dans un face-à-face inédit de 120 mn, ils ont confronté leurs idées. Malgré la rudesse des échanges, les deux présidentiables ont agi comme des hommes d’Etat.

De nombreux électeurs le voulaient ; et ils l’ont eu ce jeudi. L’Office de radiodiffusion et télévision du Bénin (Ortb) a offert le premier face-à- face entre deux candidats à la présidentielle au Bénin. Certains avaient craint le pire. Mais les intervenants se sont montrés à la hauteur. C’est un débat un peu plaisant que deux hommes équilibrés ont animé ce jeudi. L’opérateur économique, Patrice Talon a étalé sa culture plutôt appréciée face à l’Agrégé d’Economie, Lionel Zinsou. Les échanges ont été parfois vifs. Patrice Talon agressif a, à maintes reprises, rappelé au candidat de l’alliance républicaine ses liens avec la France. Lionel Zinsou a aussi habilement démontré le côté esclavagiste des Talon. Il a plusieurs fois calmé la tension pour mettre en valeur sa sérénité, mais le candidat de la rupture ne lui a pas laissé souvent le choix. Pour confondre son contradicteur par rapport à l’idée peu rassurante qu’il se ferait de la justice, Patrice Talon a souligné que le Premier ministre aurait au cours d’un meeting soutenu qu’on pouvait ne pas respecter les décisions de justice. Une allégation que Lionel Zinsou a catégoriquement réfutée. Il lancera lui aussi une pierre dans le jardin de Patrice Talon. A l’entendre, l’homme d’affaires reste le champion de la concurrence des marchés publics au Bénin. Sur ce point, il a failli décontenancer Patrice Talon.
Les deux candidats ont aussi livré leurs points de vue sur les réformes politiques et institutionnelles, l’agriculture, l’éducation, la santé, l’énergie et autres. Au sujet des réformes politiques et institutionnelles, Patrice Talon a trouvé que le pouvoir exécutif est trop puissant. « L’Etat va très mal. Il y a une crise de confiance entre les institutions. Il faut rétablir l’équilibre des pouvoirs », a-t-il déclaré. « Vous aimez faire peur. Les Béninois sont fiers de leurs institutions», a déclaré son contradicteur. Pour lui, «tout ne va pas très mal… La justice résiste, vous l’avez souligné. Il faut donner à cette justice des moyens pour s’équiper ». Et de poursuivre sur le plan agricole : « En agriculture, le pays a connu d’évolution». Mais Patrice Talon l’a brocardé : « Vous ne connaissez pas le Bénin. Ces dernières années, les rendements agricoles ont baissé dans tous les secteurs ». Pour lui, la production cotonnière a sensiblement baissé et le Bénin n’a pu faire de progrès dans la filière Acajou depuis une dizaine d’années.

Egalité des chances…

Evoquant les solutions pour l’égalité des chances, Lionel Zinsou a confié qu’à travers des fonds prévus par le budget national, chaque famille disposera d’une somme de 100 000 F Cfa par an. « Il nous faut la solidarité maintenant en 2016. Je ne serai pas théorique. Ce sera pratique», a-t-il souligné. Patrice Talon, lui, proposera de faire le ménage dans l’administration publique afin de garantir des concours sans fraude. Il a promis de construire des écoles et des centres de santé dans les zones déshéritées. Pour lui, les ressources serviront à établir l’équilibre. Au plan sanitaire, le Premier ministre a reconnu des grands efforts du gouvernement Yayi Boni. « Je suis fier de ce qui se fait dans mon pays. Nous pouvons rééquiper nos hôpitaux et les numériser. Pour lui, le Régime d’assurance maladie universel (Ramu) et la gratuité de la césarienne sont des avancées qu’il faut améliorer. Patrice Talon a tenu un discours opposé. Le Ramu est bâclé et inopérant selon lui. A en croire ses dires, il faut un autre programme élaboré par région pouvant être plus proche des plus faibles.

Energie…

Les deux candidats ont par ailleurs décliné leurs solutions par rapport à la crise énergétique. Pour Lionel Zinsou, le Bénin doit faire le choix des énergies renouvelables. Il a notamment cité la Biomasse qui reste une solution crédible, plus adaptée aux problèmes des Béninois. Patrice Talon a balayé de revers de la maincette « mauvaise approche ». Il préconise plutôt l’installation d’unité de production d’énergie au fuel dans les villes du Bénin. « Il faut corriger ce qui est fait. C’est vital pour nous, l’énergie». Autre sujet abordé, l’éducation. Dans ce domaine, Patrice Talon compte faire du Conseil national de l’éducation le bras actif du ministère de l’Education nationale. Pour lui, ce conseil définira la politique générale de l’éducation et les grandes réformes qu’il faut opérer dans les enseignements primaire et secondaire. Le candidat de l’alliance républicaine entend quant à lui, introduire l’informatique dans l’enseignement primaire et moderniser l’école. La sécurité a été le dernier sujet abordé ce jeudi. Selon le porte-flambeau de la coalition de rupture, l’armée est pléthorique. Il a proposé de renforcer la formation des militaires pour rendre les utiles dans le maintien de la sécurité. Le Premier ministre qui n’a pu donner sa vision sur la sécurité, faute de temps, a tout de même critiqué le constat de son adversaire. Pour lui, l’armée n’a pas d’effectif surabondant.

Des piques de part et d’autre

La supposée non maîtrise des réalités béninoises, objet des attaques dont estvictime le candidat Lionel Zinsou sur les réseaux sociaux a constitué tout au long du débat, le point d’attaque du candidat Patrice Talon. Il ne cessait de répéter dans ses relances « une fois de plus, je constate que M Lionel Zinsou ne connait pas les réalités du Bénin ». Le clou, c’est quand il aura demandé, en parlant de la foule qui se rassemble ces jours-ci devant la présidence, si Lionel Zinsou en tant que 1er ministre français accepterait que l’Elysées soit transformée en un lieu de distribution de billet de banque. Il n’en fallait pas plus pour que Lionel Zinsou impute à son challenger les attaques dont il est victime s’agissant de ses origines. Il est allé plus loin en faisant un bref historique de la famille Talon dont les aïeuls seraient de descendance française. Pour lui, la belle preuve est que le nom Zinsou a une résonance béninoise alors que Talonfait penser à la France. « La répétition du mensonge n’est pas la vérité », a-t-il laissé entendre. S’agissant des rapports entre l’exécutif et le judiciaire, Patrice Talon, fustigeant le fait que le Chef de l’Etat foule au pied les décisions de justice, s’étonne que le 1er ministre dans une déclaration dans la Donga, aurait cautionné une telle pratique en affirmant que l’Etat, entant que garant des décisions de justice, pouvait juger de l’opportunité de l’application d’une décision qui meten mal l’économie nationale. « La justice est le soufre douleur de l’exécutif », selon Patrice Talon. « Je comprends qu’étant impliqué dans plusieurs affaires au niveau de la justice, vous soyez préoccupé par cette question », a rétorqué Lionel Zinsou. Mais son challenger n’a pas daigné répondre à cette remarque.

Etre un Chef d’Etat, n’est une affaire de plaisantin…

Beaucoup d’enseignements découlent du face à face entre les deux candidats au second tour de la présidentielle 2016, Lionel Zinsou et Patrice Talon. Au regard du niveau élevé du débat, de la cohérence des idées développées et de la pertinence des politiques de développement de chaque candidat, il importe de souligner qu’un plaisantin ne saurait aspirer à briguer la magistrature suprême. La pléthore des candidats enregistrée au premier tour du scrutin témoigne simplement de la banalisation de la fonction qu’est celle du Chef de l’Etat, le premier magistrat du pays. Le débat contradictoire d’hier aurait été malheureusement pâle, dégoûtant, énervant si un de ces candidats « plaisantin » se trouvait face à Lionel Zinsou ou encore Patrice Talon. Le raisonnement serait maladroit et aux antipodes de la norme. Un pays comme le Bénin qui se veut de référence et révérenciel et qui aspire à l’émergence économique ne saurait tomber aux mains d’incompétents notoires, de démi-lettrés, de pseudo-démocrates et de pseudo-intellectuels, en un mot de plaisantins. Il ne suffit donc plus de disposer de la caution de 15 millions de francs Cfa pour prétendre devenir Président de la République. Les limites de la Constitution béninoise sont désormais plus visibles qu’apparentes. Il serait préférable et souhaitable pour l’image du pays de s’abstenir de pareille plaisanterie de très mauvais goût. Le comble est qu’un cauchemar luciférien a bien été évité au premier tour, notamment l’élimination des « candidats plaisantins ». Car, confier notre économie à ces incompétents qui ne se lassent point de se bomber la poitrine, c’est la mettre sous perfusion et souvent ranimée par des chocs électriques. Un chef de l’Etat ne saurait donc être un plaisantin mais plutôt une « tête bien faite » !

Une émission en dessous des attentes

Elle a retenu toutes les attentions. Mais à l’arrivée, le débat contradictoire entre les deux candidats admis pour le second tour, a laissé les téléspectateurs sur leur soif. Les deux journalistes ont fait une performance en deçà des attentes. Bon nombre d’observateurs s’attendaient à voir les présidentiables se prononcer sur certains sujets importants. Seulement, ils vont devoir attendre encore cinq bonnes années. Entre autres sujets, les relations entre le Bénin et les autres Etats. Mais elles ont tout simplement été occultées. Les questions relatives à la culture et au sport n’ont pas été non plus abordées. Quand on sait que de nos jours, dans le monde entier, le sport reste une industrie pourvoyeuse d’emplois, c’aurait été intéressant que les candidats se prononcent là-dessus. La gestion approximative du timing ne l’a visiblement pas permis. La police des débats n’a pas été bien assurée. Les candidats s’arrachaient sans cesse la parole. Sur chaque question, en principe, ils devraient être chronométrés ; mais ce n’était pas le cas. Au finish, prévu pour durer 90 minutes, l’émission bien qu’elle ait fait plus de deux heures d’horloge, n’a pas comblé. Mais bon, passons. C’est une première au Bénin après l’expérience réussie par la Côte d’Ivoire. On espère juste que les années à venir, ces ratés seront corrigés.

La rédaction
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