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Le Matinal N° 4197 du 2/10/2013

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Justice : Yayi Boni traite les magistrats de corrompus (Une nouvelle crise en perspective)
Publié le mercredi 2 octobre 2013   |  Le Matinal


Le
© Autre presse par DR
Le chef de l’Etat beninois, yayi boni


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Les magistrats font toujours l’objet de harcèlement de la part de l’Exécutif. Hier mardi 1er octobre 2013, le président Yayi Boni a qualifié tout l’appareil judiciaire de corrompu lors d’une audience accordée au président de la Cour suprême. Une accusation plutôt grave qui peut avoir des répercussions sur le milieu judiciaire.
Tout l’appareil judiciaire béninois serait mouillé.

A tout le moins à en croire les propos du Chef de l’Etat rapportés par le président de la Cour suprême, Ousmane Batoko, le pouvoir judiciaire est corrompu. « Le Chef de l’Etat m’a fait part des inquiétudes qu’il éprouve par rapport à la situation en milieu judiciaire en particulier les questions liées à la prise de décision judiciaire (…) Le Chef de l’Etat n’a pas manqué de relever ses inquiétudes sur la corruption dans le milieu judiciaire ; une corruption galopante surtout par les temps qui courent », a en effet confié Ousmane Batoko à la presse hier au sortir d’une rencontre avec le président de la République. Disons le clairement : Yayi Boni affirme que les magistrats sont corrompus. Cette bourde du Chef de l’Etat ne participe aucunement à l’apaisement de la tension dans la maison Justice. Après les propos désobligeants tenus par Me Marie-Elise Gbèdo, alors Garde des Sceaux en 2011, c’est le chef de l’Exécutif qui vient livrer en pâture tous les hommes en toge. Yayi Boni les expose à la critique de l’homme de la rue. Et désormais, il faut craindre une paralysie générale du secteur judiciaire. En 2011, la maladresse de Me Marie-Elise Gbèdo avait couté cher à l’administration publique. Le secteur judiciaire avait été paralysé durant plusieurs semaines. Et aujourd’hui, il y a de fortes chances que la situation qui reste explosive dans ledit secteur s’éclate. Rappelons qu’il existe une crise latente dans la maison Justice. En effet, les magistrats n’ont toujours pas obtenu satisfaction totale de certaines revendications à savoir la correction des nominations problématiques dans certaines juridictions prononcées au cours du Conseil des ministres du 28 mai 2013. Des nominations qui violent les règles de préséance prévues par la loi portant statut de la Magistrature selon l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab). Pire, les magistrats animent une fronde contre le projet de révision de la Constitution du 11 décembre 1990. A les entendre, ledit projet fragilise les pouvoirs de la Justice.

Un nouveau blocage

D’autres observateurs soulignent que cet incident de communication du palais de la Marina participe d’une volonté de mettre au pas la Justice. « Le pouvoir veut intimider, voire faire peur aux magistrats », ont-ils fait remarquer. Et cela reste la suite logique d’une stratégie bien nourrie. « Le gouvernement a un objectif établi. Il faut désorganiser tout le pouvoir judiciaire. Et le chantier a été lancé à travers le projet de révision de la Constitution qui réduit le pouvoir du juge et le rend vulnérable face au politique. Pour y arriver, il fallait décrédibiliser le magistrat », ont poursuivi les mêmes observateurs. Ces propos de Yayi Boni, qui sonnent comme une énième provocation, ne peuvent donc laisser indifférente toute une corporation qui essuie régulièrement les critiques d’un pouvoir aux "allures totalitaires". L’Unamab ne peut rester inactive face à cette nouvelle humiliation. On s’avance peut-être vers un nouveau blocage du secteur judiciaire. Et si c’est le cas, c’est le gouvernement et son chef qui l’auront voulu.

AT

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