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Bénin : Lettre ouverte de Jérôme Carlos au Président Patrice Talon
Publié le mardi 5 avril 2016  |  Autre presse
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© Matin libre par DR
Jerome Carlos, ancien sportif, journaliste chroniqueur Beninois




Par Jérôme Carlos

Monsieur le Président, Encore quelques heures et vous entrerez, par la grande porte, au Palais de la Marina. Ce sera le point d'orgue d'une grande et belle aventure. Comme si une main invisible était à l'œuvre, faisant et défaisant les fils entremêlés d'un écheveau. C'est ce que l'autre appelle "Le cheveu du pouvoir". On vous comptera alors au nombre des chefs historiques de notre pays. Opérateur économique vous étiez. Conducteur de peuple vous êtes. Vous vous êtes illustré jusqu'ici dans les affaires. On attend de vous voir prendre en main les affaires de votre pays. Vous travailliez pour vous-même. Vous devez vous résoudre, à présent, à travailler pour les autres, à servir les autres. Dans la jungle des affaires, vous étiez votre propre maître et juge. Dans la forêt dense des affaires d'Etat, souffrez que des millions de paires d'yeux soient rivés sur votre personne. Acceptez que des millions d'intelligences décryptent et décodent vos actions. Le one man show de l'opérateur économique cède la place à l'apostolat de l'homme d'Etat. Vous buterez contre l'incompréhension des uns. Ils vous témoigneront une inimitié tenace. Vous vous heurterez à la méchanceté des autres. Ils vous donneront en pâture. Où et comment trouver les ressources pour contenir les assauts et pour parer les coups ? C'est John Wooden qui répond : "Préoccupez-vous davantage de votre caractère que de votre réputation, car votre caractère représente ce que vous êtes vraiment, tandis que votre réputation n'est que ce que les autres pensent de vous". Et puis, prenez de la hauteur, car comme le disent les Chinois "plus on prend de la hauteur et plus on voit loin". Mais voir loin, c'est quoi ? Voici une petite histoire. Deux maçons s'affairent sur un chantier. Ils fabriquent des briques. Arrive, comme surgi de nulle part, un vieil homme. Il s'adresse au premier des maçons : "Bonjour, jeune homme. Que faites-vous là ?" L'ouvrier, visiblement agacé, lui répond sèchement : " Je fabrique des briques. Cela ne se voit pas ?" Le vieillard, nullement décontenancé, se tourne vers le second maçon et lui pose la même question. "Je construis, répond-il, une cathédrale". Celui qui voit loin et veut aller loin, c'est celui qui sait échapper aux pesanteurs ambiantes, aux contingences du présent. Il ne se limite pas à la simple et routinière fabrication de briques. Il met les voiles sur l'avenir. Il anticipe, en son esprit, la destination des briques d'aujourd'hui. Donnons raison à Jim Rohn : " Ce n'est pas le vent, écrit-il, qui décide de votre destination, c'est l'orientation que vous donnez à votre voile. Le vent est pareil pour tous." Vos compatriotes, Monsieur le Président, souffrent de trois ordres de maux. Ils veulent les ranger définitivement au magasin des souvenirs. Rappelons-les afin que nul n'en ignore. Vos compatriotes souffrent d'une crise de bien être. Ils veulent manger à leur faim, s'instruire, se soigner, vivre paisiblement dans un pays de paix. Légitime aspiration. Ils n'en peuvent plus et vous le savez. La précarité est la chose qu'ils partagent le mieux. Le chômage les cueille à l'orée de la vie et ne lâche plus sa proie. Le délestage est leur fidèle compagnon, de jour et de nuit. La maladie et la mort leur dictent leur loi. La joie de vivre a déserté bien des cœurs. Vos compatriotes souffrent d'une crise de confiance en leurs institutions. Pourquoi l'administration, chez nous, est-elle si politisée, si corrompue ? Vos compatriotes veulent que la loi soit la même pour tous, que la parole donnée, la chose signée ait valeur d'un engagement contractuel. Ils veulent, à la suite de Montesquieu, que "la liberté, c'est faire tout ce que les lois permettent." Non au mensonge érigé en système. Non au mépris élevé au rang d'un principe. Non à la fraude. Non à l'humiliation qui ravale l'homme au rang de la bête. Vos compatriotes souffrent d'une crise des valeurs. Ils veulent que la crainte de Dieu soit restaurée. Ils veulent que le tout premier des droits soit le droit à la vie. Ils veulent que le sens du sacré préside à toutes leurs élaborations. Ils veulent que le travail devienne le credo de chacun, le culte de tous, dans la ferveur retrouvée d'un pays acharné à se reconstruire. Que dire de plus ? Il se fait tard, Monsieur le Président. Il est une règle d'or. Elle s'impose à vous et à nous-mêmes. Ralph Emerson l'énonce ainsi. "Ce qui se trouve devant nous et ce qui se trouve derrière nous importe peu comparés à ce qui se trouve en nous". Monsieur le Président, regardez plus souvent en vous-même, regardez au-dedans de vous-même. Là réside l'esprit. Il guidera vos pas
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