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Art et Culture

L’auteur et metteur en scène José Pliya au sujet du festival: «Je trouve que l’édition de cette année à un coup de génie et de réussite»
Publié le mardi 5 avril 2016  |  La Nation
José
© aCotonou.com par DR
José Pliya , auteur et metteur en scène beninois





Acteur et observateur de longue date du Festival international de théâtre du Bénin, José Pliya a honoré cette année encore le rendez-vous de la biennale de théâtre avec sa pièce intitulée « Monsieur, Blanchette et le loup ». Quatre jours de présence sur le Festival et l’homme ne cache pas sa satisfaction.

La Nation : Parlez-nous des coulisses de la création de votre pièce !

José Pliya : Je suis auteur et metteur en scène de cette pièce. C’est «La chèvre de monsieur Séguin» d’Alphonse Daudet que j’ai découvert quand j’étais enfant et quand je suis devenu grand, j’ai eu aussi envie d’écrire du théâtre pour les enfants parce que j’écris beaucoup pour les adultes. Et plutôt que d’inventer des histoires, j’ai préféré exploiter des histoires déjà connues. J’ai fait déjà une histoire autour de « Petit poucet » que j’ai adapté à l’africaine. Et puis j’ai eu envie d’interroger ce conte de Daudet que mon père me racontait quand j’étais enfant et je me suis rendu compte que c’est un conte qui faisait peur. En fait c’est la première fois dans un conte pour enfant que l’héros ou l’héroïne ne s’en sort pas. Il est mangé par le loup. Or, bien souvent, les enfants aiment quand les histoires finissent bien et que le héros prend le dessus. Je me suis rendu compte que c’est le premier conte qui me faisait toucher le tragique. J’ai voulu prendre le contre-pied de Daudet et montrer que c’est aussi bien de prendre des risques et de vivre libre, même s’il faut en mourir au lieu d’être emprisonné à vie. C’est ce message que j’ai voulu mettre en exergue en faisant la réadaptation de cette pièce.

C’est la première fois que vous la jouez au Bénin ?

Oui c’est la première fois. On l’a créée en 2014 en Guadeloupe où je vivais à l’époque, mais on l’a beaucoup jouée. En deux ans, on l’a jouée plus de 150 fois dans les territoires d’outre-mer et en France dans une cinquantaine de villes. La dernière fois c’était en région parisienne dans l’Ouest dans le cadre d’un festival.

Le public béninois a-t-il été réceptif ?

Moi déjà quand j’ai créé cette pièce, j’ai eu envie de la jouer et de la présenter au public béninois pour voir les réactions. Quand je venais au Fitheb les autres années, ce qui m’intéressait c’était de voir les spectacles pour enfant. Mais il n’y en a pas souvent. Or, ils sont les spectateurs de demain. Il faut les préparer. En principe on prépare un dossier pédagogique qui permet aux enseignants de préparer les enfants et de leur raconter l’histoire originelle de Daudet et leur poser des questions sur le théâtre. C’est ce qui se fait et lorsque les enfants arrivent au spectacle, ils sont assez préparés pour le recevoir. Ici, je n’avais pas pris toutes ces dispositions mais je voulais quand même la jouer pour avoir la réaction du public. Mais il faut dire que cette réaction était plutôt surprenante. On a joué à Parakou le dimanche de Pâques, qui n’était pas vraiment une date propice pour avoir les enfants, mais on a eu assez d’adultes. A Bohicon, nous avons eu l’agréable surprise de jouer en présence de 150 enfants venus des établissements. Les comédiens étaient surpris parce que des enfants qui n’ont pas eu la préparation dont je vous ai parlé tantôt, ont découvert le spectacle et avaient une espèce de spontanéité à rentrer dans le spectacle et à cerner ses enjeux … ils ont eu une sorte d’immédiateté qui m’a surtout plus et moi personnellement cela me rassure sur la capacité qu’il ne faut jamais mésestimer la capacité des enfants à comprendre, surtout le conte. Le conte est universel et les enfants ont touché cette universalité.
C’est un spectacle tout public à partir de neuf ans. L’idée du théâtre jeune public, c’est de faire en sorte qu’il y ait plusieurs niveaux de lecture et que les enfants aient leur compréhension, idem pour les adultes qui peuvent se poser des questions. Mais c’est aussi une pièce qui pose le problème de l’identité. Il y a plusieurs niveaux de lecture et c’est l’ambition de cette création.

Comment la sélection de votre pièce s’est-elle faite ?

De la façon la plus naturelle. J’ai toujours été présent et en lien avec le Fitheb et ses directeurs. Soit c’est l’une de mes pièces qui est mise en scène, soit c’est moi-même en tant que metteur en scène.

Comment appréciez-vous le Fitheb dans la durée et particulièrement la 13e édition ?

L’action culturelle est une chose extrêmement difficile, surtout dans nos pays. Nos politiques ne prennent pas toujours la mesure de l’enjeu qu’elle représente en tant que facteur de développement, facteur économique et facteur de cohésion sociale. Ils n’en prennent pas la mesure et si vous connaissez un peu l’histoire des festivals sur le continent, vous verrez que les festivals naissent, vivent et meurent parce que le politique ne suit pas. Voilà un festival comme le Fitheb qui existe depuis 25 ans maintenant et qui en est à sa 13e édition, c’est exceptionnel. Quelle que soit ce qu’on peut reprocher, c’est un coup de génie qu’il faut saluer, il faut rendre hommage à nos autorités. Surtout qu’il y a une ambition territoriale qui entre en jeu. Il faut jouer dans plusieurs villes et tout, c’est très compliqué et il faut pouvoir coordonner tout cela. Quand je vois un peu toute la logistique et tout ce que j’ai vu autour de cette édition du Fitheb, je suis extrêmement content. Il y a de la musique, de la danse, on peut se déplacer manger… je trouve que l’édition de cette année a un coup de génie et de réussite. ¦

Josué F. MEHOUENOU
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