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Art et Culture

Réformes annoncées au Fonds d’aide à la culture: Quel sort pour la vache à lait des acteurs culturels béninois ?
Publié le mercredi 20 avril 2016  |  La Nation
Passation
© aCotonou.com par codias
Passation de service à la tête du ministère de la Culture, de l’Alphabétisation, de l’Artisanat et du Tourisme (MCAT) Paul Hounkpè devient le nouveau ministre.
Cotonou, le 22 juin 2015. Palais des congres de Cotonou. Passation de service entre Jean-Michel Abimbola, désormais député à l’Assemblée nationale et Paul Hounkpè ancien maire de Bopa






Lundi 18 avril, le corps électoral culturel était attendu aux urnes pour la désignation des administrateurs (artistes) du Fonds d’aide à la culture (Fac). Mais il n’en a rien été. Aucun déploiement pour un processus électoral déjà étouffé dans l’œuf, depuis le 13 avril dernier, par le ministre en charge de la Culture. Mais jusqu’où ira-t-il ? De quoi sera faite l’après-suspension ?

«Nous constatons avec beaucoup de regrets la création tous azimuts des fédérations sans but précis, sans vision clairement définie et juste dans un but électif. Entre octobre et décembre 2015, plus d’une trentaine de fédérations ont été créées et parfois, une seule discipline artistique compte déjà plus de 16 fédérations. Sur le terrain, ces fédérations sont inaptes, donc inexistantes et d’autre part, que leurs dépositaires sont de moins en moins crédibles». Plus qu’une simple affirmation, ces mots sonnent comme une déclaration de guerre et sont à la base de la mise en quarantaine du processus devant conduire à l’élection des administrateurs (artistes) du Fonds d’aide à la culture et pour laquelle, plusieurs milieux et acteurs culturels se sont préparés. Ils étaient même prêts pour la compétition. Mais il n’en sera rien.

Dans le dos de leurs intentions, sera érigée la plate-forme Wanilo. Une organisation totalement inattendue qui, à travers une campagne tout feu, toute flamme, va faire couler le navire de ceux qui sont considérés comme les fossoyeurs de la culture béninoise. «Des chômeurs» disent certains, qui n’ont pour seule moyen de vivre que le milliard culturel et qui se graissent à loisir sur le dos du contribuable béninois à travers de pseudos projets culturels jugés sans impacts sur le secteur. Contre cette race d’acteurs, il s’en est trouvé une poignée de personnes, non sans audace, qui ont pris la ferme résolution de leur rendre la vie dure. Espéra Donouvossi, Giovanni Houansou et compagnie vont s’élever telles des pancartes pour faire ombrage au renouvellement des mandats de ceux qui se font pompeusement appeler «Administrateurs», ou encore contre l’élection de nouveaux gens de la même catégorie.

Que faire maintenant ?

Personne ne vendait chère la peau frêle de la plate-forme Wanilo avec son slogan «Un acteur culturel, un vote ». Pourtant, à l’arrivée, c’est grâce à elle que les élections attendues lundi 18 avril ont été suspendues par le nouveau ministre en charge de la Culture. C’est vrai que l’autorité n’indique pas clairement que sa décision est motivée par le combat des acteurs de Wanilo. Mais une chose est sûre, elle est la seule organisation opposée aux élections. L’arrêté N°098/MTC/CTJ/CTC/PCA-FAC/SA signé le 13 avril dernier par le ministre Ange N’koué n’apporte même pas de précisions à cet effet. Il abroge tout simplement celui N°082/MCAAT/DC/SGM/CTJ/CTC/PCA-FAC/SA du 1er avril 2016 signé de Paul Hounkpè, son prédécesseur.
Combien de temps durera la suspension décidée par le ministre ? Qu’adviendra-t-il des élections ? Quel sort réserve-t-on au Fac dès lors que le mandat de l’actuel Conseil d’administration viendra à terme ? Combien de temps faut-il pour faire la lumière et relancer le fonctionnement du Fac ? Quel sort pour les nombreux projets en attente ? Voilà autant de questions qui attendent des réponses, face à ce qu’on pourrait qualifier aujourd’hui de crise au sein du Conseil d’administration du Fac.

Des réformes

La plupart des acteurs culturels, du moins les plus lucides, s’accordent de plus en plus à reconnaître que ce fonds a besoin de réformes urgentes, rejoignant ainsi la vision de l’actuel ministre de tutelle qui, dès les lendemains de sa nomination, a clairement indiqué que le Fac figure en lettres capitales sur sa liste des structures sous sa tutelle à réformer. Selon Gilles Bachirou Coffe, directeur du Fonds d’aide à la culture, l'entité dont il a pris les rênes il y a six mois manque de plusieurs outils de gestion. Le Fac ne disposait ni d’une vision clairement définie, encore moins d’un axe stratégique, de plan stratégique, ni de manuel de procédures…
L’écrivain Florent Couao-Zotti le qualifie de vache à lait pour paresseux et intrigants. « Boni Yayi a pensé contenter les artistes en augmentant de façon si spectaculaire le fonds, mais la culture de la corruption qui gangrène le milieu a transformé ce guichet en vache à lait pour paresseux et terrain d’expérimentation pour intrigants et apprentis sorciers. Autant la cagnotte s’est considérablement enflée, autant les projets culturels financés par l’institution ont baissé en qualité », condamne-t-il dans une chronique récemment publiée et relayée sur sa page facebook. Si on s’en tient aux explications de l’auteur, par ailleurs, expert au sein de l’institution, il se passe des choses peu catholiques au sein du Fac.
« Tous les projets que j’ai jugés non viables, peu pertinents, pour ne pas dire mauvais, que d’autres collègues experts ont noté de la même façon, se sont retrouvés régulièrement en haut de l’affiche, sélectionnés et financés. D’ailleurs, lesdits projets, comme tant d’autres, ont rarement connu d'heureux aboutissement. Pas de suivi, ni d’évaluation. Et dans presque tous les secteurs, les mêmes constats d’échecs s’imposent à vue: des performances sont annoncées, mais jamais réalisées; des résidences de création sont financées, mais jamais organisées; des initiatives sont soutenues, mais jamais elles n’ont vu le jour...», dénonce Florent Couao-Zotti ?
Josué F. MEHOUENOU
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