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A bâton rompu avec Charlemagne Honfo, Maire de Sèmè-Kpodji : « Nous devons allez à l’école des Chinois en travaillant beaucoup»
Publié le vendredi 22 avril 2016  |  La Tribune de la Capitale
Charlemagne
© Autre presse par DR
Charlemagne Honfo, maire de la commune de Sèmè-Kpodji, Secrétaire général de l’Association nationale des communes du Bénin (Ancb)




Charlemagne Honfo rêve grand pour la commune de Sèmè-Kpodji. La réussite de la Chine l’inspire beaucoup. Ceci, dans tous les domaines, notamment la valorisation des déchets solides et liquides, l’assainissement de base, le développement touristique…Pour le maire Charlemagne Honfo, il urge que le Bénin aille à l’école de la Chine puisque dans ce pays de feu Mao Tsé Dong, « les gens travaillent beaucoup et parlent peu ».
Monsieur le Maire de Sèmè-Kpodji Bonjour !
Bonjour Monsieur le journaliste
Il y a quelques jours, vous avez effectué une mission officielle en Chine à la tête d’une délégation composée de deux élus, d’un responsable de la Société Sibeau et d’un cadre technique spécialisé dans la gestion des déchets notamment les boues de vidange. Peut-on savoir le cadre dans lequel s’inscrit cette mission ?
Je voudrais d’abord vous rappeler tout en vous remerciant qu’être administrateur d’une cité comme Sèmè-Kpodji appelle un certain nombre de principes dont la plus importante est d’anticiper sur les questions de développement. Il ne faut jamais se laisser surprendre. C’est donc à partir de maintenant que nous devons agir aujourd’hui pour projeter la commune de Sèmè-Kpodji dans le futur. Un homme qui pense au développement est un homme sain, un homme qui sait qu’il faut pour lui un environnement assaini. Très tôt, j’ai compris que ce qui constitue le véritable problème pour le Bénin et pour ma commune aujourd’hui est la gestion de l’environnement, surtout celle des déchets que nous les hommes nous produisons quotidiennement. Pour mieux maitriser cette problématique, nous avons eu un contrat de partenariat avec une entreprise leader chinoise. Elle est première au monde dans le domaine de la valorisation des déchets en les transformant en biomasse pour la fourniture de l’énergie propre. C’est donc dans le cadre de la formalisation d’un partenariat concret entre cette entreprise chinoise appelée Béton et la commune de Sèmè-Kpodji pour la gestion de tous les déchets y compris les boues de vidange dont le traitement dépasse aujourd’hui les capacités techniques et technologiques de la société Sibeau que nous avons été invités en Chine.
Quelles ont été les grandes étapes de votre séjour en Chine et quelles sont les leçons que vous en tirez ?
Quand on parle du développement et du futur, il ne faut pas manquer de s’inscrire à l’école de la Chine. C’est en tout cas la principale leçon que je tire de ce voyage officiel que je viens d’effectuer avec certains de mes élus. Ce que nous avons vu est assez évocateur lorsqu’on sait qu’il y a 50 ans, la Chine était au même niveau de développement que plusieurs pays africain dont le nôtre. Ceci dit, la première étape de mon séjour est Beijing. Nous avons été au Quartier Général du feu Président Mao Tsé Dong qui avait déjà prédit ce que sera la Chine d’aujourd’hui et de demain. Rappelons au passage que c’est Mao qui a dit que « lorsque la Chine s’éveillera, le monde tremblera ». Cela se constate aujourd’hui dans tous les domaines y compris celui de l’amélioration du cadre de vie. Après Beijing, nous sommes allés à Chengdu pour voir comment la question du développement d’une localité est abordée dans sa globalité. Nous avons également fait quelques jours à Shanghai. Ces visites nous ont permis de nous faire une idée de la conception et de l’appropriation du développement à la base et de gestion du cadre de vie. Ce que nous avons constaté de façon récurrente est que la Chine a pris tout le temps pour concevoir une technologie. Dans le domaine du traitement des eaux usées par exemple, la Chine dispose d’une entreprise qui traitement plus de 12 millions de mètres cubes de ces eaux usées par jour alors qu’en Europe, l’entreprise la plus performante ne va pas au-delà de 1 million de mètre cube par jour. Quand vous voyez un truc de ce genre, vous êtes dépassé vous-mêmes et vous vous demandez si vraiment ce pays qui se considère comme un pays sous développé l’est vraiment. J’ai vu dans les villes que j’ai sillonnées avec les membres de ma délégation une propreté assez rare. Cela veut dire que le 21è siècle reste indubitablement le siècle de la Chine qui anticipe tous les jours que Dieu fait en matière de développement et d’amélioration du cadre de vie de ses populations. Pour un petit pays comme le Bénin, qui est ma foi installé à côté du géant Nigérian, je pense qu’il faut que nous commencions par prendre conscience et anticiper sur les choses comme la Chine l’a fait. C’est une chance pour la commune de Sèmè-Kpodji d’être à côté du Nigéria. Il y a des opportunités à saisir. Nous en sommes très conscients et c’est pour cette raison que nous avons pris la résolution d’aller voir ce qui se passe ailleurs, notamment en Chine pour saisir notre chance. Ce ne sera pas une honte pour nous d’imiter la Chine en transposant à Sèmè-Kpodji ce que nous avons vu en termes de technologie dans la gestion des déchets qui en réalité constituent une autre mine d’or en matière de production d’énergie propre. Aujourd’hui, l’un des problèmes auxquels le Bénin est confronté est celui de la disponibilité en quantité et en qualité de l’énergie gage de son décollage économique réel. En dehors des disponibilités qu’il y a, on gagnerait beaucoup en nouant un partenariat solide avec la Chine qui nous aidera à transformer en énergie les nombreux déchets qui constituent pour nous aujourd’hui un véritable casse-tête dans une approche surtout de transfert de technologie.
Quelle part la commune de Sèmè-Kpodji entend prendre dans cette dynamique ?
La commune de Sèmè-Kpodji a un gros défi à relever dans ce domaine. Et croyez-moi, nous ne sommes pas allés en villégiature en Chine. J’y ai rencontré le patron de l’une des plus grandes sociétés qui travaillent dans le secteur de la fourniture d’énergie propre à partir de la transformation des déchets qui a accepté d’accompagner la commune de Sèmè-Kpodji confrontée à la gestion des boues de vidange. Je crois que les jours à venir, nous passeront aux choses concrètes. Nous aurions besoin de la caution du gouvernement. Et c’est d’ailleurs pour cela qu’après la communication que je vais faire valider par mon conseil communal, je prendrai sur moi la responsabilité d’aller vers le Président Patrice Talon et son ministre en charge de l’énergie pour leur faire part des fruits de notre séjour en Chine. Les gens ne veulent pas grand-chose. Ils veulent seulement que l’Etat nous cautionne pour que la technologie de pointe dans la transformation des boues de vidange et des autres déchets en énergie propre nous soit transférée. Je crois, avec ce que j’ai vu en Chine, que c’est une erreur que nous commettons en continuant par dire que nous avons des problèmes d’accès à l’énergie alors que la solution est à portée de main.
Outre l’énergie, qu’est-ce qui a aussi retenu votre attention au cours de ce voyage ?
Bien évidemment, je ne peux pas faire une liste exhaustive. Outre l’énergie, nous avons été aussi frappés par le tourisme qui contribue pour beaucoup au Produit intérieur brut (PIB) de la Chine. Ce n’est pas concevable que le Bénin ne puisse pas tirer profit de ses plus de 53 Kilomètres de côtes avec le Nigéria. Tous les pays du monde ont aujourd’hui besoin du Bénin pour conquérir le marché du Nigéria. On ne peut pas continuer de laisser la mer avancer. Il faut faire tout de suite quelque chose pour que tous ceux qui vont transiter par le Bénin pour aller au Nigéria puissent avoir les conditions minimales qui leur permettront de continuer à aimer la destination Bénin. En Chine, ils ont tout transformé. Un accent a été mis sur le tourisme de sorte que si tu vas en Chine une ou deux fois, tu as envie d’y retourner toujours. La qualité de l’accueil est exceptionnelle ! Si nous pouvons faire quelque chose dans le sens du développement du tourisme, notre pays en gagnerait beaucoup.
Est-ce que mis à part le patron de la société spécialisée dans la transformation des boues de vidange en énergie que vous avez rencontré et qui a donné des garanties sincères, il y a eu d’autres retombées pour la commune de Sèmè-Kpodji au cours de votre voyage ?
Trois villages ont été déjà retenus pour servir de cobaye pour la mise en œuvre de l’accord que nous avons signé en Chine dans le cadre de la transformation des déchets en énergie. Nos partenaires Chinois vont nous transférer la technologie. Ils n’attendent que l’Etat béninois accepte de cautionner notre projet. C’est donc du concret ce que nous sommes allés faire en Chine. Je voudrais aussi profiter de l’occasion pour vous rappeler qu’un travail avait été déjà fait dans ce cadre. La Bad avait en effet financé à hauteur de plusieurs millions de F Cfa des études relatives au projet de transformation des déchets solides en énergie que nous lui avons soumis. Nous sommes aujourd’hui à l’étape de la mobilisation des ressources pour la réalisation de ce projet. Le partenariat que nous avons noué avec l’entreprise chinoise vient donc bien à propos. En Chine, nous avons aussi rencontré le Directeur d’une importante structure financière qui a donné son accord pour nous appuyer à condition que le gouvernement béninois accepte de nous cautionner. La balle est donc dans notre camp.
Ce qui vous frappé en Chine, c’est la propreté du cadre de vie, le bon accueil... Cela n’a pas été possible sans la conscientisation des Chinois et des Chinoises. Pensez-vous qu’on pourra égaler la Chine dans ces domaines-là si nos populations continuent de ne pas respecter le bien public ?
Je vais vous surprendre. Tous les Béninois sont propres et très accueillants. Le Béninois se préoccupe souvent de la propreté de son cadre de vie. Si aujourd’hui, nous n’avons pas la maitrise de la gestion des déchets que nous produisons, c’est aussi parce que certaines conditions ne sont pas encore totalement réunies. S’il est vrai que les populations affichent parfois des comportements déviants, il est aussi vrai qu’il y a un travail que les autorités que nous sommes ne faisons pas encore. Il faut qu’au niveau des autorités, il y ait une volonté d’inverser la tendance à l’inobservance des bons réflexes. Et une fois la tendance inversée en réalisant assez d’infrastructures, vous verrez que les populations accèderont facilement aux conseils que nous leur donnons par rapport à l’assainissement de leur cadre de vie…Le Béninois accueille bien. Son problème est qu’il veut être rassuré. J’estime que ce que la Chine a réalisé en 40 ans, le Bénin peut faire autant en 20 ans. C’est d’une volonté politique qu’il s’agit et non de la phraséologie. Les autorités doivent apprendre à rendre à la Nation ce qu’elles lui doivent. Il en est de même de nos administrés. Il faut que l’argent du pays serve effectivement à régler les problèmes liés à la satisfaction des besoins réels des populations. Les Béninois autant qu’ils sont doivent se sentir concerner par la chose publique. N’est pas Etat celui qui est Maire ou celui qui est Président de la République ou ministre. Est Etat l’ensemble de ceux qui composent la société, du dernier citoyen à l’autorité suprême en passant par toutes les forces vives…Aujourd’hui, chaque Béninois doit se considérer en combat pour la Nation. C’est avec le concours individuel de chacun qu’on peut réussir. Celui qui est investi d’un pouvoir de Maire, de Président ou de Ministre n’est que le Chef d’orchestre. Nous devons autant que nous sommes transformez nos têtes et nos cœurs pour construire le pays. Les Chinois ne font que travailler tous les jours. Ils parlent moins et travaillent plus. Faisons comme eux.
Cela fait exactement sept mois que vous aviez été élu Maire de la commune de Sèmè-Kpodji. Avez-vous le sentiment que les engagements que vous aviez pris sont en train d’être respectés ?
Il est très difficile de se juger soi-même. Ce ne sont que les populations de Sèmè-Kpodji qui peuvent apporter des réponses à votre question. En toute modestie, nous avançons et nous tenons nos engagements. Quand je suis arrivé, j’ai vu des projets qui étaient là et qui dormaient tout simplement parce que la Mairie n’avait pas versé sa quotte part. Cela a été fait et tous ces projets ont démarré pour le bonheur des populations. La preuve, toutes les voies menant à la Mairie sont en train d’être pavées. Dans deux semaines, on va démarrer les travaux de pavage de la rue Abattoir-Ceg Agblangandan et de la pénétrante PK10 vers la plage. C’est un ensemble d’actions qui participent au rayonnement et à la visibilité de la commune. Vous devez constater que je ne fais pas des voyages de villégiature. Depuis sept mois que nous sommes là, c’est pour la première fois que j’ai voyagé sur le budget de la Mairie et cela a été concluant pour notre commune. J’ai bonne conscience que tout voyage doit apporter quelque chose de positif à la commune. Depuis que nous avons été installés dans nos fonctions, les populations de Sèmè-Kpodji ne se plaignent plus trop pour leur sécurité. Nous avons fait en sorte que nos administrés soient sécurisés puisque c’est dans la quiétude qu’ils peuvent développer leurs activités afin que la Mairie en tire profit pour faire face aux défis de développement. Des actions sont en vue pour améliorer l’accès aux soins de santé de qualité, à l’eau potable…Nous travaillons aussi à apporter notre soutien par diverses actions à l’amélioration de la qualité de l’enseignement. C’est pour nous un devoir. Tant que la population n’est pas totalement satisfaire, c’est qu’il y a encore à faire. Nous en sommes conscients. Chez nous au conseil communal de Sèmè, il n’y a pas d’élus de l’opposition et de la mouvance. Nous travaillons en parfaite symbiose. Ce qui passe d’abord, c’est le développement de Sèmè-Kpodji et rien que cela.
Est-ce que chez vous à Sèmè, l’acquéreur de parcelle peut aussi vivre sans courir le risque de se voir arracher sa parcelle par un quidam ?
Vous abordez là un problème sérieux que nous avons pris la résolution de régler avec beaucoup de rigueur. Dès notre prise de fonction, nous avons suspendu tous les travaux de lotissement pour voir clair dans le désordre foncier que nous avons hérité de notre prédécesseur. Depuis, les choses ont été mises en ordre et je pus vous rassurer de ce que tout individu qui veut s’offrir une parcelle à Sèmè-Kpodji ne peut plus rien craindre. Nous avons mis au point un système (OBAC) qui sécurise l’acquéreur. Ce système ne permet plus au maire même de signer deux conventions à une même personne. Quand vous finissez de payer les frais et que votre convention est signée, on vous attribue un code qui ne permet plus d’accepter un autre nom. Désormais donc, c’est une convention, un code. Le Code foncier est exigeant sur un certain nombre de démarches que doivent désormais avoir les maires dans la gestion du foncier.
Merci à vous Monsieur le Maire
C’est moi !
Entretien exclusif réalisé par Affissou Anonrin
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