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Dame téléphoniste, étudiant non senghoriste
Publié le dimanche 1 mai 2016  |  24 heures au Bénin




(Par Roger Gbégnonvi)

​Le 26 avril 2016 à Paris, lors de sa conférence de presse conjointe avec son homologue français, qu’il a appelé au secours, le Chef d’Etat béninois a déclaré en substance que le Bénin était un désert de compétence. Grise mine dans le Landerneau, non sans raison, puisque François Hollande venait juste de faire un clin d’œil à Patrice Talon en évoquant les Béninois qui contribuent à l’essor de la France. Malgré les apparences, il n’y a pas la moindre contradiction entre les deux dirigeants. On sait en effet que, hors de chez lui, le Béninois est gros travailleur pour se faire de l’argent. Le président Houphouët Boigny rêvait de n’avoir que des cadres béninois, toujours brillants, au service de sa Côte d’Ivoire. Mais chez lui, le cadre béninois, brillant pour Houphouët Boigny, est gros fainéant pour se faire de l’argent, et devient, pour le président Kérékou, un ‘‘intellectuel taré’’. Voilà la distance (cadre brillant ailleurs, intellectuel taré chez lui) interrogée par Patrice Talon.
​Nous sommes en 2016, dans un bureau de l’administration béninoise. Cela fait bien 10 mn que M. attend que Mme ait fini de papoter et de rigoler, avant qu’il ne lui demande des nouvelles de son dossier. Devenu comme impatient, il tente d’interrompre la jeune dame, dont le sang, alors, ne fait qu’un tour : ‘‘Quoi donc Monsieur ! Vous ne voyez pas que je suis au téléphone ?’’ Arrogance crasse. Voilà, aujourd’hui, la ‘‘compétence’’ au Bénin.
​Nous sommes en 2010-2011. En 4ème année de Linguistique à l’Université d’Abomey-Calavi, l’étudiant reprend, à l’oral, une matière littéraire. Le professeur qui l’interroge a soudain l’impression que son étudiant ignore tout du plus illustre des Senghor du Sénégal. Intrigué, il lui demande de bien vouloir lui écrire ce nom sur un bout de papier. Effaré, il lit : ‘‘singor’’. Sans majuscule. Ignorance crasse. Voilà, pour demain, la ‘‘compétence’’ au Bénin.
​Tout Béninois, d’un certain âge, a rencontré, sur son chemin, en des dizaines d’exemplaires, quelque dame téléphoniste et quelque étudiant non senghoriste. Dame et étudiant sont peut-être adeptes fervents, chantants et dansants, de quelque Eglise établie, ou d’Eveil ou du Réveil, où l’on prêche, sur fond strident, l’amour du prochain et l’amour du travail bien fait, le tout pour l’amour de Dieu. Le cas échéant, que font-ils de ce triple amour qu’ils se font hurler en payant en quêtes généreuses ? Ou n’est-ce que récréation dans un pays où les occasions de se distraire ne sont pas légion ? L’étudiant en 4ème année, pour justifier son insoutenable abîme, renverra peut-être à son cours primaire, quand ses maîtres lui enseignaient qu’il y a du bon à écrire les mots comme on les entend, et il ajoutera sans doute que les multiples tares de l’Ecole Nouvelle et des Nouveaux Programmes l’ont essoré et fait de lui le vide que le professeur a sous les yeux : futur cadre béninois sans contenu.
​Mais la dame téléphoniste et l’étudiant non senghoriste (il est singoriste) ne peuvent plus s’en prendre à qu’à eux-mêmes car, à partir de 18 ans, chacun devient responsable de son propre visage et doit, en son âme et conscience, s’il a ces attributs essentiels à l’humain, entreprendre de combler les vides et de réparer les ratés de son éducation-formation.
​Compte tenu de ce que chacun sait des milliards évanouis à Maria-Gléta à cause de l’incurie des cadres béninois, Patrice Talon a-t-il ‘‘mal parlé’’ le 26 avril 2016 à Paris ? Pour les uns, oui, parce que ‘‘le linge sale se lave en famille’’. Pour les autres, non, parce que l’heure a sonné de ‘‘la vérité, toute la vérité, rien que la vérité’’. Partout où besoin sera. La vérité dite, et si le nouveau départ post rupture trace avec courage les bonnes pistes pour la refonte du Béninois, l’heure aura sonné alors pour chacun d’éjecter de son âme et de sa conscience la dame téléphoniste et l’étudiant non senhgoriste qui y sommeillent. Cette auto-purification fera renaître le Bénin pour un bel avenir devant soi. ‘‘Oui, nous le pouvons’’.
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