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Célébration du 1er culte officiel par l’Epmb au temple Béthanie Akpakpa : Des fidèles dissidents tentent d’empêcher, la police disperse
Publié le lundi 23 mai 2016  |  Matin libre
’Eglise
© aCotonou.com par DR
’Eglise protestante méthodiste du Bénin Conférence (Epmbc)




Dimanche 22 mai 2016, la tension est montée à nouveau au temple Béthanie de l’Eglise protestante d’Akpakpa, situé dans le 4ème arrondissement de Cotonou. En effet, deux semaines après la « conquête » des lieux par l’Eglise protestante méthodiste du Bénin (Epmb), le premier culte officiel devrait se tenir. Ce qui n’est pas du goût des fidèles de l’aile dissidente, c’est-à-dire ceux se réclamant de l’Eglise protestante méthodiste conférence du Bénin (Epmbc). Ils estiment avoir été abusivement dépossédés de leur « propriété » sur laquelle ils ont beaucoup investi, en tout cas, depuis une quinzaine d’années que dure la crise de l’Eglise protestante. Ainsi, très tôt ce dimanche matin, pendant que certains fidèles prenaient part à la messe officielle de la « reprise en main des choses », ceci sur présentation de cartes d’accès, et sous haute surveillance policière et de « Gorilles », d’autres se sont attroupés aux alentours du temple, tentant de célébrer avec fanfare, leur messe. L’officier de police, commandant le dispositif sécuritaire se rapprocha de la foule qu’il verbalisa. L’ordre était qu’aucun regroupement du genre ne saurait être admis. Sentant de la résistance en face, la police passe à la charge. Une véritable chasse à l’homme suivie de détonations de gaz lacrymogènes jusqu’à l’esplanade de l’hôtel GL. Dans la foulée, des têtes de pont, hommes comme femmes ont été interpellées. La scène se passait entre 9heures et 10 heures. Mais cette confusion à l’extérieur n’a pas empêché la tenue jusqu’à son terme du culte.

L’Epmbc parle d’acte illégal, l’Epmb s’explique

Pour le vice-président de l’Epmbc, Dr Jonathan Amègnigan, c’est déplorable, le déploiement des policiers sur le terrain. Alors que, poursuit-il, la décision Dcc 02-080 non encore abrogée de la Cour constitutionnelle a réglé cet aspect sécuritaire. Il pointe ainsi un doigt accusateur sur l’actuel gouvernement. « Vendredi sur dernier, ils ont emmené une horde de policiers pour dire qu’ils veulent prendre l’église. Ce matin, ils sont en train de tirer, d’interdire aux fidèles d’entrer dans l’église… », dénonce le vice-président de l’Epmbc. «…nos frères d’en face ne veulent pas comprendre qu’il faut rester uni pour faire le culte ensemble. Dimanche sur dernier, nous leur avons donné la chance de venir pour qu’on puisse faire la messe ensemble. On a ouvert le temple à tout le monde. On était tous ensemble. Mais vous auriez pu constater qu’ils ont fait suffisamment de bruits au point où on n’a pas pu faire le culte normalement. On a dû dégager le temple. Nous, on n’est pas là pour faire de la pagaille dans l’église. Alors, nous leur avons dit si vous n’êtes pas calmes vous n’allez pas rentrer. Et si vous êtes calmes,venez on va s’entendre pour pouvoir faire le culte ensemble, ils ne sont pas venus. Alors, nous avons mis en place un dispositif pour pouvoir filtrer les nôtres. Et vous pouvez remarquer que nous sommes en train de faire le culte normalement », a expliqué d’entrée Justin Djenguè, vice-président de la communauté de Béthanie. Et de poursuivre : « Depuis 19 ans nous étions en procès. Aujourd’hui ce dossier est complètement vidé. Nous avons une grosse qui nous rétablit dans nos droits… Vous pouvez constater que c’est un huissier de justice qui a eu l’autorisation du procureur pour venir nous installer. On nous a installés. Pourtant nous ne jouons pas au triomphalisme. Nous voulons tout simplement rester ensemble pour pouvoir faire le culte. Mais eux ils ne veulent pas. Ils veulent faire la pagaille et ils disent qu’ils ont investi. C’est notre bien commun, ici ». Le Dr Amègnigan rétorque : « ce qu’on reproche à l’Epmbc, c’est un ancien dossier entre l’ancien pasteur Sagbohan Moise et quelques fidèles de l’autre côté. Ils sont allés à la justice et les décisions de justice demandent qu’on déguerpisse Sagbohan Moïse des temples et les pasteurs qui occupaient certains postes dans ces temples. Aujourd’hui Sagbohan n’est plus là. En principe, ces décisions sont devenues caduques ». Du côté de l’Epmb, la chose n’est pas perçue comme cela. « Ce n’est pas possible. Aujourd’hui ils disent que ce procès concerne le pasteur Sagbohan. Mais vous ne pouvez pas prendre un héritage qui n’est pas celui de votre père… Quand on dit que la crise était beaucoup plus focalisée sur le pasteur Sagbohan, je vous dis non parce que quand on dit Epmbc, elle n’existe pas. Leur autorisation a été abrogée. Le Tribunal a fait obligation à l’Etat d’annuler cette autorisation. A partir de ce moment, ce n’est pas le pasteur Sagbohan, mais c’est une crise institutionnelle », réplique Justin Djenguè.

Et pourquoi cet intérêt au temple Béthanie ?

« Béthanie c’est l’église mère. C’est l’église phare de la Conférence. Ils savent que dès qu’ils vont prendre Béthanie, ils auront la facilité de prendre toutes les autres églises protestantes méthodistes conférence », alerte le vice-président de l’Epmbc.

Une nouvelle crise aux issues incertaines

Visiblement, aucune des deux parties n’entend démordre. Le Dr Amègnigan rappelle les différentes tentatives de règlement de la crise qui connait un rebondissement : « Nous avons mené beaucoup de démarches pour la réconciliation. Il y a eu des médiateurs. Depuis le président Mathieu Kérékou qui s’est proposé lui-même à régler le problème mais ils ont refusé. Yayi Boni est venu. Il a organisé un grand culte d’union au stade de l’amitié. On était tous là, ils ont refusé. D’abord, au début de la crise, il y a eu la médiation de Londres, l’église-mère. Nous sommes allés jusqu’à élaborer une feuille de route pour aller progressivement jusqu’à aller à là réconciliation. Mais leur problème ce n’est pas de régler le problème pour qu’on aille à l’unité. Leur problème, c’est d’appliquer les décisions de justice. Or, dans l’église, ce qui est religieuse, ce qui relève de la foi ne se règle pas au Tribunal. On s’assoit, on discute et on trouve un terrain d’entente ». Le Dr Amègnigan déplore cette prise manu militari des lieux et menace que l’autre aile doit quitter. « Nous comptons sur les pouvoirs de notre pays. Nous comptons sur le gouvernement », a-t-il conclu. Pour l’Epmb que défend M. Djenguè, un dénouement heureux, c’est à une seule condition : « Dieu aidant, nous allons pouvoir connaitre une issue bientôt. Mais si déjà, les perdants peuvent comprendre qu’ils ont perdu et qu’on devrait rester ensemble, faire le culte ensemble pour que l’église protestante soit une… C’est tout ce que nous voulons mais, de grâce, ne nous demandez pas de changer de nom. Que tout le monde se calme, que nous soyons sereins. Notre pays n’a pas besoin de tout ce qui se passe là… ».regrette-t’il.

Le Ca Kogblévi appelle à la paix

Rencontré sur le terrain, le chef du 4ème arrondissement, Delonix Kogblévi a fait savoir que la mairie de Cotonou n’est pas restée indifférente à la situation. Des démarches ont été faites en direction des protagonistes. Du moins l’un des camps a été déjà écouté. Il appelle les uns et les autres à dépassionner le débat pour un dialogue fécond dans l’intérêt supérieur de la Nation. Sur une note d’optimisme, il dit espérer le retour à la normale de la situation afin que les deux ailes de l’église protestante méthodiste en viennent à former une même famille pour une célébration commune des cultes.

Jacques Boco
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