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Journée internationale de la biodiversité: « Les ordures sont comme des mines d’or bafouées », dixit Bruno Ahouaga
Publié le lundi 23 mai 2016  |  La Nation
La
© Autre presse par DR
La forêt






Comme à l’accoutumée, la communauté internationale a célébré, dimanche 22 mai, la Journée internationale de la diversité biologique sur le thème « Intégrer la biodiversité - Préserver les personnes et leurs moyens d'existence ». Cette journée est la preuve matérielle que l’humanité comprend de plus en plus que de la protection de l’environnement dépend son bonheur, sa survie. Dans ce sens, les activités inoffensives à l’écosystème sont encouragées. Ce sont les emplois verts. Bruno Ahouaga, directeur de la promotion des métiers verts au ministère de l’Environnement en parle et invite surtout à la valorisation des ordures qui polluent les grandes villes du Bénin.

« L’idée des emplois verts remonte à la période de la transition écologique qui traduit la prise de conscience sur l’importance de préserver la terre, ses ressources naturelles, son écosystème, son atmosphère qui sont devenus un enjeu de société voire un enjeu de développement interpelant très fortement l’économie, tant dans ses modalités de production que les modalités de consommation», a indiqué Bruno Ahouaga, directeur de la promotion des métiers verts au ministère en charge de l’Environnement.

En effet, le constat aujourd’hui est que les ressources naturelles sont exploitées anarchiquement, ce qui n’est pas sans conséquences. «Les saisons ne sont plus respectées par exemple. Tout a commencé par aller dans le sens contraire», indique-t-il. C’est à juste titre, explique-t-il, que les chefs d’Etat des grandes puissances élargies aux pays membres de l’Onu ont réfléchi sur la question de la protection de l’environnement et ont souhaité la promotion des emplois verts.
Pour Bruno Ahouaga, « les emplois verts sont les emplois qui aident à protéger les écosystèmes et la biodiversité et à minimiser la détérioration de l’environnement ; à réduire la consommation d’énergies, de matériaux et d’eau en utilisant des stratégies d’optimisation ; à générer les dénommés produits verts ».
Le directeur de la promotion des métiers verts, explique que « les métiers verts, ce sont les métiers dont la finalité et les compétences mises en œuvre contribuent à mesurer, prévenir, corriger les impacts négatifs et les dommages sur l’environnement». Quant aux métiers verdissants, il précise qu’« ils prennent en compte de façon significative et quantifiable la dimension environnementale dans le geste métier».

Valoriser les ordures

Les emplois verts couvrent huit secteurs dont l’agriculture. Il y a beaucoup d’emplois à ce niveau. « Malheureusement nous détruisons non seulement les forêts mais nous utilisons en plus des engrais. Alors que, si nous prenons le marché Dantokpa en une journée, il y a des tonnes de déchets qui y sont produits. Il devrait avoir des groupes de jeunes qui s’en occupent. C’est dire qu’on devrait utiliser ces déchets-là pour les composites », déplore-t-il. Il propose qu’une structure se charge du ramassage de ces déchets chaque jour.« Et après on va les transporter dans les champs et vous allez voir la qualité des produits que nous allons obtenir », a-t-il auguré en s’appuyant sur le risque de lessivage des sols. « Dans ce secteur, on peut créer beaucoup d’emplois : ceux qui vont se charger de la collecte des ordures, ceux qui vont les transporter vers les champs, les jardins, etc.», planifie-t-il. «Dans nos jardins aujourd’hui, les feuilles de légume qu’on nous amène n’ont plus le goût naturel même si elles sont bien fleuries. Nous nous empoisonnons pratiquement au lieu d’exploiter ces ordures qui sont comme des mines d’or bafouées», fait-il remarquer. Les métiers verts touchent aussi le cadre de vie et le recyclage. A ce niveau, il faut mettre l’accent sur la valorisation des déchets (les sachets surtout) qui sont de trois sortes : ménagers, liquides et biomédicaux. « Le Bénin est un grand gîte d’utilisation de sachets. Ces sachets-là, on devrait les récupérer pour fabriquer d’autres matières comme les tuyaux et les bols en plastique. C’est mieux que de jeter pêle-mêle les sachets et les plastiques lorsqu’ils se cassent ». Ainsi, en créant des emplois, les problèmes environnementaux sont résolus en même temps. «Avec les métiers verts on transforme les contraintes en des opportunités d’affaires et d’emplois », résume Bruno Ahouaga.
Il y a aussi la foresterie. A ce niveau le reboisement est encouragé. Le programme «Dix millions d’âmes dix millions d’arbres » en est une illustration. « Toutes les 77 communes doivent disposer de réserves forestières», soutient-il. Pour ce qui est du secteur de l’énergie, il faut quitter l’énergie thermique et promouvoir désormais les énergies renouvelables (éolienne, solaire, etc.). « On doit aller à l’étape des gaz domestiques pour laisser un peu les ressources naturelles tranquilles afin qu’elles continuent de jouer leur rôle de protection et d’atténuation des changements climatiques», souhaite Bruno Ahouaga. « Quand il sonne midi aujourd’hui, on a l’impression d’être dans un pays désertique, tant il fait chaud. La température est pratiquement aux environs de 40°C. Ce n’est pas là un phénomène extérieur à nous mais nous en sommes responsables», regrette-il.

Un autre secteur, le transport.

Il est urgent de promouvoir le transport en commun. Car, « vu le nombre pléthorique de zémidjan aujourd’hui, et le taux de gaz d’échappement nocif, hormis le passage de 2 à 4 temps de moteurs, on se tue chaque jour», a-t-il relevé. Il propose alors que les différents axes routiers disposent de 3 à 4 bus afin de réduire le nombre de motos en circulation dont les zémidjan qui se montreront réticents certainement. «Ils doivent accepter la reconversion », insiste-t-il.
Concernant l’industrie, on parle d’éco-fabrication désormais. C’est-à-dire qu’il faut qu’à la source où on fabrique les machines, ces dernières prennent en compte la dimension environnementale et ne dégagent pas trop de gaz. « Dans le contexte béninois, il s’agira d’éloigner ces machines des concessions, des villes et sensibiliser les promoteurs afin qu’ils remplacent les anciennes machines », propose Bruno Ahouaga. Il faut aussi encourager les usines à fabriquer des produits verts, disposer d’industries qui transforment les ordures par exemple.
A propos du secteur des bâtiments, « on construit avec le bois, le sable, les fils électriques. Ces éléments font partie de l’environnement. Lorsque vous voulez éclairer votre maison ou faire des installations électriques, il faut utiliser des lampes économiques qui dégagent moins de gaz », conseille-t-il. On doit faire la promotion des matériaux qui ne produisent pas assez de gaz et de déchets. «Le ciment est nocif et les constructions en ciment sont souvent des réceptacle de chaleur, ce qui agit négativement sur la santé », confie Bruno Ahouaga. Enfin, la pêche. C’est un domaine qui évolue dans l’anarchie. Ainsi, on se plaint de la rareté des poissons et de l’assèchement des cours d’eau. Or, on peut y générer des emplois aux jeunes.¦

Deux projets de vulgarisation des métiers verts
Agriculture biologique, restauration des sols, pépiniéristes, fleuristes, jardiniers, opérateurs d’éolienne, entrepreneur de l’énergie solaire, producteurs industriels, éboueurs, opérateurs des industries de recyclage, décorateurs de bâtiments, etc. constituent quelques artisans visibles des métiers verts.
« En vue de promouvoir les métiers verts, notre direction est chargée de conseiller et d’organiser des ateliers sur la question afin de sensibiliser sur les risques du non-respect des normes environnementales », a indiqué Bruno Ahouaga. Les métiers verts sont un nouveau concept. C’est pour cela que la sensibilisation est une étape indispensable. Et pour renforcer cette sensibilisation, deux projets sont actuellement en cours d’élaboration en vue de la vulgarisation des métiers verts. En premier lieu, le Projet de la retraite verte. Tout salarié peut s’il le veut, souscrire dans une banque et verser de l’argent prélevé de son salaire, une somme qui lui sera investie dans une plantation de sorte à devenir progressivement son propre propriétaire de la grande plantation. C’est une manière pour nous de contribuer à la retraite des fonctionnaires et à l'amélioration de l’écosystème. Le second projet est celui portant sur l’appui à l’émergence des métiers verts. Mieux, tous ceux qui font des actions en faveur de la protection environnementale dans la vie professionnelle seront accompagnés. «Cela ne saurait être réel sans l’appui du gouvernement», souligne-t-il.
La terre ne s’augmente pas, la population quant à elle grossit de plus en plus, exacerbant ainsi les besoins vitaux. L’homme est contraint d’agir sur la nature. Mais il doit aussi la protéger pour ne pas compromettre son bonheur et celui des générations futures. D’où urge-t-il de vulgariser les métiers verts afin de stimuler l’économie verte, source de développement durable¦

Par Arias ADIKPONSI et Sêmèvo B. AGBON (Stagiaires)
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