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Dette intérieure : Quel chiffre retenir finalement ?
Publié le vendredi 24 juin 2016  |  Matin libre
Romuald
© Autre presse
Romuald Wadagni, Ministre de l`Économie et des Finances du Bénin




La dette intérieure du Bénin se chiffre réellement à combien ? Depuis le 06 avril 2016, les chiffres avancés par le gouvernement varient d’un ministre à un autre. Avant sa prise de service, Patrice Talon parlait de 300 milliards. On se rappelle comme si c’était hier qu’il avait pris le ferme engagement de les apurer une fois à la Marina. Après son installation, le montant est revu à la baisse, soit 160 milliards. Cette semaine, la dette est encore montée d’un cran. Au parlement, mardi dernier, le ministre des finances a sorti de nouveaux chiffres : «…on a 2.200 milliards de Fcfa de dettes intérieures (entre janvier et mars 2016, le gouvernement a augmenté la dette intérieure à plus de 1000 milliards)». 300, 160, 250, 2.200, 1.000 milliards… Que doivent retenir les Béninois ? La question trottine dans les méninges. Le gouvernement doit mettre fin à l’intox pour se pencher sur les vrais problèmes de la Nation.

En 2006, l’ancien régime avait hérité de 180 milliards d’arriérés salariaux, 180 milliards d’arriérés intérieurs et près de 150 milliards d’OP non justifiés. Sans vouer aux gémonies le régime Kérékou, les dettes ont été apurées de façon transparente, même celles du Bénin vis-à-vis de la CEB. Pour y arriver, des mécanismes avaient été mis en place pour mettre à nu les dettes fictives. Pourquoi le gouvernement de la rupture ne peut-il pas aller à l’école de son prédécesseur ? Pourquoi ne communique-t-il pas les chiffres réels aux députés et aux populations ? Pourquoi les chiffres changent chaque 24 heures ? Pourquoi ne met-il pas en place une structure indépendante pour auditer la dette intérieure ? Ceci permettra de voir la qualité des dépenses effectuées, les prestations réalisées, afin d’éviter de payer des dettes fictives à des prestataires indélicats qui créent des sociétés fictives à cet effet. La variation des chiffres est-elle une manœuvre pour payer des prestations fictives à des copains ? Voilà autant de questions qu’on est en droit de se poser. L’audit est la seule réponse à toutes ces questions. Cet audit doit être fait par des cabinets vraiment indépendants du pouvoir en place. Le gouvernement ne doit pas lever des fonds pour payer lesdites dettes sans les auditer.

A l’Assemblée Nationale, mardi dernier, les députés auraient dû demander des détails sur les chiffres avancés par le ministre des finances et surtout la liste des prestataires de services. Le gouvernement mérite une question orale avec débat sur la question des dettes afin d’éclairer le peuple totalement embrouillé, à dessein, par les chiffres.

Contrairement à certaines allégations, le budget 2014 a bel et bien été validé par le FMI qui a toujours salué la stabilité monétaire, financier et macroéconomique au Bénin. Le gouvernement doit éviter de verser dans le dilatoire et l’intoxication. Dans cette cabale en cours contre l’ancien gouvernement, il y a une volonté manifeste de détruire tout ce qui a été réalisé en 10 ans, noircir le bilan, dans l’optique de salir l’image de marque de l’ancien Président de la République.

Le Gouvernement doit dire la vérité aux populations sur les dettes, sortir les vrais chiffres, et mettre en place des mécanismes pour protéger les ressources de l’Etat. La volonté de nuire à l’ancien régime à travers la manipulation des chiffres est cynique. C’est de la mauvaise foi. Depuis le 06 avril 2016, les nouvelles autorités du pays voient Boni Yayi partout. On dirait qu’elles sont hantées. Plutôt que de focaliser leurs énergies sur les préoccupations pressantes des populations (insécurité grandissante, délestage, emploi des jeunes, autonomisation des femmes, santé, éducation…, elles passent tout leur temps à s’occuper d’un seul homme. Chaque jour que Dieu fait, leur usine fabrique des bombes d’intoxication massive larguées sur les populations. Pourquoi cette haine, cet acharnement envers l’ancien Chef de l’Etat ?
Patrice Talon est élu pour travailler et non pour régler des comptes. Son équipe doit se mettre au travail et arrêter le bavardage, d’agacer le peuple, qui est fatigué d’entendre le même disque. Le disque «Yayi est mauvais» est rayé. En 10 ans, Boni Yayi a fait de son mieux. L’accent a été mis sur la modernisation du réseau routier national, les mesures sociales, l’amélioration du climat des affaires, l’éducation, la santé, l’énergie…

Le gouvernement de la rupture est appelé à montrer sa capacité de mobilisation des ressources pour financer le développement du Bénin plutôt que de passer tout son temps à critiquer la gestion de son prédécesseur. A l’allure où vont les intoxications, il ne lui reste qu’à aller détruire les routes, les écoles, les hôpitaux et autres infrastructures réalisées sous l’ancien régime pour coller la paix à Boni Yayi.

Somme toute, les chiffres avancés par le gouvernement concernant les dettes ne sont pas réels. Les députés sont appelés à se saisir de ce dossier pour éviter que les fonds publics ne soient utilisés à des fins inavouées.

Prioriser l’économie et le développement et non la finance seule

La finance seule à travers l’équilibre budgétaire ne pourra pas régler les défis économiques, politiques, sociaux, environnementaux et culturels de notre pays. Le nouveau pouvoir semble ignorer les infrastructures réalisées dans le pays (écoles, centres de santé, routes, chemins de fer, aéroports, port…) et verse dans l’intoxication pour parler de trésorerie et de dettes à court terme afin d’effacer l’effort consenti au cours des dix dernières années. Il sera difficile d’effacer les acquis obtenus par les intoxications de tous genres. Le peuple est bombardé par des chiffres sur la dette de notre pays et le gouvernement se refuse d’évaluer l’étendue du patrimoine laissé.

Le régime en place a du mal à se retrouver dans sa volonté d’effacer toutes les réalisations visibles de son prédécesseur. Pendant qu’il dit que «le pays va mal», que l’ancien gouvernement a laissé le pays dans un «état catastrophique», il trouve les moyens de vider les caisses de l’Etat.

L’émergence est la transformation de tout. Le pays manque cruellement d’infrastructures routières. Le Programme spécial de modernisation de nos routes est incontournable en dehors du partenariat public-privé. Ce programme de 2000 km additionnels à bitumer dans notre pays pour le connecter à la sous-région est très important.

Avec un mécanisme basé sur les péages et les taxes de plus de 5000 véhicules qui ont recours à nos routes pour rallier les pays de la sous-région, le gouvernement sortant se retrouve avec des ressources additionnelles de près de 100 milliards de F CFA pour faire face au service de la dette.

Par ailleurs, le financement de ce programme de 2000 Km à bitumer est disponible à 5 à 6% en moyenne et remboursable en moyenne à 15 ans dont environ trois ans de différé.

Des fonds ont été négociés depuis plus d’un an pour renforcer la modernisation du réseau routier national. Basé sur un appel à concurrence, il n’a nécessité que la garantie de l’Etat et la lettre de confort de la BCEAO à l’instar de l’expérience dans les autres pays de la sous-région. L’Etat n’a pris qu’un engagement. Et il s’agit d’une dette à moyen terme.
Après les trois années de différé, il n’est pas juste de parler d’une dette à court terme. C’est de la communication politique. Le gouvernement servira mieux la République en auditant les chiffres balancés avec légèreté et beaucoup de haine. Le Bénin n’acceptera pas le remboursement de dettes fictives au profit du clientélisme du pouvoir.

Lever des ressources sur le marché financier régional est une bonne chose. Mais non à des paiements fictifs qui accompagnent l’évasion et le transfert de nos ressources à l’étranger. Les députés doivent demander des comptes au Gouvernement pour éviter le pillage du pays.

1000 milliards décaissés en 3 mois par l’ancien régime est de la pure intoxication. 2200 milliards de dette à court terme est aussi du mensonge pour distraire le peuple. Si quelqu’un doit être menotté pour avoir créé des monstres qui continuent de piller impunément le pays, ce n’est pas Boni YAYI. Le député qui a évoqué le sujet au parlement mardi dernier est bien placé pour connaître l’origine du malheur qui frappe aujourd’hui le peuple béninois, puisque tout le monde connaît les conditions dans lesquelles ceux qui nous gouvernent aujourd’hui dans la totale opacité sont fabriqués.

Faut-il le rappeler encore, le réseau d’intérêt national du Bénin classé suivant le Décret N°2001-092 du 20 février 2001 se compose de 6.076 km dont 40% bitumé. Le Bénin dispose d’un réseau de pistes d’environ 40.000 km dont seulement 7.400 ont fait l’objet d’un aménagement. Globalement, en 2005, il y avait 1821 km bitumé contre environ 2800 km en 2016, soit un accroissement de 2005 à 2016 d’environ 1000 km. Ainsi, de 2005 à 2016, le gouvernement sortant a engagé plus de 3639 km d’aménagement et de bitumage dont environ 500 km de reconstruction ou de réhabilitation. L’extension du réseau routier sous l’ancien régime est d’environ 1000 km soit en moyenne 100 km par an en termes de travaux exécutés et achevés, 300 km par an en termes de travaux engagés.

C’est dire que beaucoup de moyens ont été mobilisés pour mettre le Bénin en chantier, moderniser le réseau routier national et construire d’autres infrastructures de développement.

Le gouvernement de la rupture doit aller chercher la contrepartie des moyens déployés sur le terrain pour constater de visu l’effort de développement consenti. Et c’est d’ailleurs pourquoi les Béninois deviennent de plus en plus nombreux à réclamer un audit général des dettes du Bénin pour éviter que l’argent du trésor ne soit utilisé à des fins inavouées. Les députés doivent se saisir de ce dossier pour permettre aux Béninois et à la communauté internationale de cerner tous les contours de cette affaire de dettes. Il s’agira de faire l’état des lieux par rapport aux dettes et surtout de vérifier la matérialisation et la qualité des prestations faites. Cette démarche déjà mise en œuvre par l’ancien régime permettra de mettre à nu les sociétés écran ou fictives.

Somme toute, le gouvernement doit se mettre au travail. Les défis à relever sont nombreux et les Béninois sont impatients de voir ses premières réalisations et non de vivre au quotidien la haine et l’acharnement à l’égard de l’ancien régime.

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