Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aCotonou.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Administration publique : A qui profite la fuite des documents confidentiels ?
Publié le vendredi 24 juin 2016  |  Fraternité
Macaron
© Autre presse par DR
Macaron de la police




Sur les réseaux sociaux circulent des informations confidentielles, surtout d’ordre sécuritaire. Une fuite de documents lourde de conséquences. Le contenu de ces informations plonge le peuple dans la psychose et remet en cause le dispositif sécuritaire national.
Le personnel de l’administration publique se livre à un jeu périlleux : publier sur les réseaux sociaux (Whatsapp et Facebook…) des documents confidentiels. Cette pratique qui gangrène l’administration publique est lourde de conséquences. En effet, certains secrétaires particuliers ou généraux des ministères, sociétés ou offices d’Etat, des cadres de l’administration paramilitaire et militaire ventilent des informations d’ordre confidentiel qui, parfois, créent la psychose au sein des populations. Pour rappel, sous le régime du changement, il y a eu tellement de fuites d’informations venant du palais de la République que le chef de l’Etat d’alors, Yayi Boni a fini par nommer sa fille au poste de secrétaire particulière.
Pourtant, cette pratique continue sous la rupture. Des documents confidentiels émanant des ministères se retrouvent toujours sur les réseaux sociaux, et l’on est en droit de se demander si le secret professionnel n’est plus préservé dans nos administrations. De toute évidence, ceux qui publient les informations confidentielles sur Wathsapp et Facebook ne mesurent guère les conséquences de leurs actes. Sous le régime Yayi Boni, la fuite des informations confidentielles, quelle que soit leur nature, a mis à mal la gestion du pouvoir. Elle a affaibli le régime défunt. Faut-il le rappeler, la fuite de la décision du ministère de l’intérieur, de la sécurité publique et des cultes d’alors de surseoir sur toute l’étendue du territoire national, à la veille des élections municipales et communales, à la répression pour défaut du port obligatoire de casque, a entrainé des troubles à l’ordre public. Avant même que cette décision ne soit notifiée aux policiers, elle s’est déjà retrouvée sur les réseaux sociaux, et des citoyens indélicats se sont violemment opposés aux injonctions des forces de l’ordre.
Des conducteurs de motos sans casques avaient été blessés et évacués à l’hôpital. Aussi, plusieurs fuites d’informations sécuritaires ont permis aux malfrats de changer de stratégies d’attaque ou d’échapper au guet-apens des policiers et des gendarmes. Par ailleurs, c’est à cause de la fuite des informations relatives à l’arrestation de l’honorable Candide Azannaï en 2015 que Cotonou a enregistré des heures chaudes.

Le record à l’ère de la rupture ?
Même sous le régime du Nouveau départ, la fuite d’informations est flagrante. Déjà au lendemain de la formation du gouvernement de Patrice Talon, le ministre de l’industrie et du commerce, Lazare Sèhouéto a pris un arrêté pour suspendre certains cadres de son ministère avant la tenue du premier conseil des ministres. Les concernés ont été informés via les réseaux sociaux (Facebook, Wathsapp…) alors même que le document officiel était encore au secrétariat particulier, c’est-à-dire non encore notifié aux intéressés. Le ministre de l’économie numérique et de la communication, Rafiatou Monrou lui a emboîté le pas quelques jours plus tard. Les directeurs généraux qu’elle a suspendus ont été informés par Facebook et Wathsapp avant que la décision ne leur soit notifiée. Le même scénario a été noté aux cabinets d’autres ministres du gouvernement Talon.
Récemment encore, la fuite de document confidentiel au sujet de la nomination de Jacques Yempabou au poste des directeurs de renseignements et des enquêtes douanières (ministère de l’économie et des finances) est venue confirmer cet état de choses. Pis, des ébauches des sujets à débattre en conseil des ministres se retrouvent comme si de rien n’était sur Wathsapp et Facebook. Et que dire des forces de sécurité et de défense garantes des secrets d’Etat qui ont définitivement battu le triste record en matière de divulgation de documents confidentiels ? La ‘’grande muette’’ est-elle devenue la ‘’grande bavarde’’ ? Pourquoi les militaires, policiers et gendarmes deviennent-ils des activistes sur les réseaux sociaux ? Le message porté du sous-chef d’Etat-major des opérations, le colonel Norbert Agontinglo, chef pole opération entrainement, relatif à la menace terroriste au Bénin, n’est-il pas très sensible pour se retrouver sur les réseaux sociaux ? Quel militaire ou civil a-t-il eu le courage de livrer ces informations sur la place publique ? Est-ce pour pallier les fuites d’informations que le ministre de la défense nationale, Candide Azannaï a nommé sa fille comme sa secrétaire particulière ?

Attention à la psychose
Selon des explications de la hiérarchie militaire et policière, c’est pour remobiliser la troupe, inciter et encourager les éléments de la gendarmerie, de la police, de la douane, des eaux, forêts et chasse, de l’armée de terre, de l’armée de l’air et de la marine à renforcer les fouilles au niveau des frontières que ce message porté a été envoyé aux responsables militaires et paramilitaires. En effet, c’est pour prévenir d’éventuelles menaces que la hiérarchie militaire agit comme tel. C’est une stratégie d’alerte pour une veille au niveau des frontières. Il s’agit au fait d’une technique militaire de prévention contre tout acte de terrorisme.
Malheureusement, l’information sécuritaire ventilée par Wathsapp et Facebook a semé sur son passage la psychose au sein des touristes, des opérateurs économiques nationaux et régionaux. Bref, les populations ont peur et il aurait été normal que le gouvernement ou le haut commandement militaire monte au créneau pour clarifier la situation. Car, au vu des commentaires suscités par ce message porté de l’armée, il est clair qu’il se pose un véritable problème de formation des agents déployés dans les zones criminogènes ou frontalières.

Les renseignements en berne ?
Tout compte fait, la fuite des informations d’ordre sécuritaire met à mal les renseignements. Elle rend la tâche difficile aux éléments du chef d’escadron Pamphile Zomanhoun, Directeur des services de liaison et de la documentation (Dsld). Selon un Général de l’armée de terre, la fuite de l’information sécuritaire met en difficulté les renseignements généraux et les dispositifs sécuritaires mis en place. A l’en croire, les divorcés sociaux, les malfrats et les terroristes sont, à cause de ces comportements répréhensibles des agents de l’Etat, informés et renseignés.
Pour lui, la fuite d’une information sécuritaire déjoue toute une stratégie de défense planifiée par le haut commandement de l’armée. Et pour l’inspecteur général de brigade Sessi Louis Philippe Houndégnon, un agent assermenté qui ventile un document confidentiel devrait être considéré comme un criminel et traité comme tel. Il doit, selon ses propos, subir des sanctions disciplinaires, administratives et pénales. C’est pourquoi, il invite les uns et les autres au respect scrupuleux des textes et lois en vigueur en République du Bénin. « Les informations sécuritaires sont secrètes et internes aux forces de défense et de sécurité », a-t-il indiqué avant d’exhorter les activistes des réseaux sociaux à savoir raison garder , car la fuite des informations sécuritaires complique la tâche aux éléments en charge de leur sécurité et de la défense de l’intégrité du territoire.
Adrien TCHOMAKOU
Commentaires