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Bénin / Arts Visuels : Charly Djikou : l’enfant de la rue qui s’immortalise par amour pour la pierre
Publié le mardi 28 juin 2016  |  La Nouvelle Expression
Tableau
© Autre presse par DR
Tableau de Dominique Zinpke




Dans le monde des arts visuels au Bénin, Charly Djikou séduit par son ingéniosité à nulle autre pareille. Son style artistique qui repose sur la technique de la pierre taillée émerveille plus d’un et le positionne comme l’un des meilleurs artistes plasticiens de sa génération.

Calme et solide comme la matière qu’il manipule à souhait et à dessein, Charly Djikou surprend par son style qui n’a pas encore véritablement pion sur rue au Bénin, voire en Afrique. En choisissant de tailler la pierre pour en sortir des formes d’une délicatesse et d’une finesse inouïes, ce jeune plasticien était loin de s’imaginer que c’est l’issue idéale qui s’offrait à lui, pour éviter de sombrer dans une vie jonchée de pentes abruptes qui laissaient d’ailleurs présager la délinquance. Une vie de bohème où Charly arpentait les rues, sans aucune assurance pour le lendemain, mais, »jamais sans me douter que mon heure sonnera un jour », se plaît-il à confier.

« J’ai connu la rue à 9 ans, ce qui m’a transmis une certaine liberté dans ma façon de voir et d’interpréter les choses », raconte Charly. Point n’est donc besoin d’indiquer que cette liberté dont s’enorgueillit l’artiste se transmet dans ses œuvres qui, elles-mêmes, constituent de véritables interpellations à ce qu’il convient d’appeler « un monde de dingues », qui file à une vitesse de lumière à son déclin qu’il caresse et forge par ses dérives comportementales de tous les jours.

De la sculpture à la pierre taillée

Pour assouvir pleinement sa passion pour la pierre, le jeune « garçon de la rue », ou « Bachégué » comme on les appelle au Congo, décide de lâcher le bois, sans pour autant l’abandonner définitivement, pour embrasser la pierre à laquelle il applique des coups de marteaux, burins et meules tantôt violents, tantôt tout doux, selon qu’il souhaite voir se profiler des personnages ou des masques. Somme toute, des expressions abstraites qui témoignent des réalités de notre monde. Ces réalités, qui ont nom esclavage, surgissent à mesure que l’œuvre que peaufine l’artiste se laisse découvrir.

Artiste-peintre et sculpteur sur bois au départ, Charly Djikou avoue avoir jeté son dévolu sur la pierre, d’abord par souci de préserver la nature végétale qui disparaît sous la foudre de nos ambitions. « Des millions d’arbres sont abattus chaque année pour réaliser des œuvres d’ornement et servir également de bois de chauffage, ce qui accélère le réchauffement climatique et engendre des conséquences néfastes à la survie de l’humanité », fait observer l’artiste. Mais aussi et surtout, Charly qui aime la gloire et aspire à l’immortalité a choisi la pierre car, à l’en croire, « malgré l’usure du temps, mes œuvres en pierre resteront ad vitam eternam ». Un constat qui a certainement fait écrire à Martin Gray,- écrivain franco-américain, d’origine juive polonaise, mort récemment, – que « Nos vies avaient la résistance de la pierre et nos pierres l’éternité de la vie ».

Une galerie moderne pour valoriser ses œuvres

Pour un artiste aussi prolifique que Charly Djikou, la création d’une galerie d’art qui recèle ses propres œuvres, en même temps qu’elle offre aux visiteurs la possibilité de s’enquérir de l’actualité du sculpteur, était devenue un impératif. C’est ainsi que l’artiste qui travaille à une véritable professionnalisation du monde des Arts plastiques au Bénin, a procédé le mois passé, à l’ouverture d’une galerie d’art qui porte son nom à Akassato, dans la commune d’Abomey-Calavi. A cet effet, le vernissage de l’exposition d’une riche collection des œuvres du sculpteur a rassemblé tout le gratin de ce secteur artistique et fait dire à Galiou Soglo, parrain du jeune artiste, que « Charly Djikou est un artiste de grande valeur et très inventif, qui œuvre beaucoup pour la visibilité du Bénin culturel ».

Fouineur inlassable, Charly a successivement manipulé l’argile, le ciment, le plâtre, le bois, le bronze, avant de « buter » contre la pierre qu’il retiendra définitivement comme matière de création. Il va récupérer ses matières premières dans les carrières. « Il ne s’agit pas de chercher n’importe quelle pierre, mais celles qui m’inspirent et sont à même de résister aux coups de marteaux, burins et meules », explique Charly qui n’a pas un timing déterminé pour achever une œuvre.

Au nombre de ses réalisations les plus marquantes, on reconnaît à Charly Djikou le monument de Toussaint Louverture à Savalou, l’autel de la basilique de Dassa, l’illustration de l’histoire de la Guinée Equatoriale à Malabo dans le quartier présidentiel où jonchent ses œuvres, sans compter ses innombrables autres réalisations religieuses, qui ornent plusieurs églises catholiques un peu partout au Bénin.

Cir-Raoul HOUNGBEDJI
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