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Crise de succession au trône de Djimè: Les Béhanzin, la Honte ! (1ère Partie)
Publié le mardi 12 juillet 2016  |  La Nation






Depuis maintenant trois ans, une grave crise secoue les descendants du Roi Gbêhanzin à Djimè. ‘‘ Le départ vers les ancêtres’’ – Oui, la mort et les obsèques royales de Dada Houédogni Béhanzin, ont donné lieu à une crise de succession au trône du héros national du Bénin. Toutes les tentatives, les négociations, les discussions, tous les échanges et autres pourparlers, initiés à divers niveaux, tant à Djimè, à Abomey, à Tinmin ou encore à Cotonou, pour amener les différents protagonistes à une entente familiale, se sont soldés par des échecs.

Des individus, des parents, des frères et soeurs, se sont mis dans la danse pour faire échec à toutes les initiatives prises, ici et là. La raison profonde : ces gens-là ne trouvent pas leurs intérêts dans l’instauration d’une paix durable à Djimè. Et les frères et soeurs directs des deux prétendants au trône trouvent des alibis pour continuer à honnir la mémoire de leur Père et de leurs Ancêtres. Cela par des actes irresponsables, insconscients et honteux...

Rappel historique

En août 2013, Dada Houédogni Bèhanzin a eu droit à des obsèques royales, dignes du nom, après plus de quinze ans de règne sur le trône de Dada Gbêhanzin à Djimè et de Dada Houégbadja à Houéhondji, au palais central à Abomey.
Il a fallu attendre plus de 106 ans après le départ du Roi Gbêhanzin en exil à la Martinique, pour voir un de ses petits-fils monter sur le trône de Dada Houégbadja à Houéhondji.
Toutes les manoeuvres sont permises au niveau des Collectivités royales d’Abomey pour que le représentant de Djimè n’ait jamais accès à ce trône.
Après 29 ans de règne à Djimè, (de 1945 à 1974), Dada Houémanliya Tókpo Camille Béhanzin, «Le Grand Bâtisseur» ‘‘rejoint ses Ancêtres’’ le 03 décembre 1974 à l’âge de 60 ans.
Après ses obsèques royales à Djimè, c’est son fils, Dada Sodagba Béhanzin qui lui succède, sans grandes difficultés, même si de douloureux actes ont plongé les Béhanzin dans un deuil national. C’est Dada Sodagba Béhanzin qui a incarné le pouvoir royal à Djimè et qui a dignement représenté la lignée royale Gbêhanzin aux différentes manifestations liées à la Commémoration du Centenaire de la mort du Roi Glèlè, manifestations tenues du 23 Décembre 1989 au 03 Janvier 1990 à Abomey. Les forces du mal, tapies au sein de la Collectivité royale Gbêhanzin et ailleurs à Abomey, n’ont pas accepté le dynamisme et la volonté de paix que prônait le jeune roi sur le trône de Dada Gbêhanzin. Les organisateurs du centenaire de la mort du Roi Glèlè surtout le professeur émérite de Droit constitutionnel, ancien directeur de la Culture à l’Unesco et grand dignitaire de la famille royale d’Abomey, Dah Maurice Ahanhanzo-Glèlè, ont placé la commémoration de ce centenaire sous le signe «de l’Unité de la famille royale d’Abomey». C’est dans ce sillage que Dada Sodagba Béhanzin, feu Dah Nougbolidji Béhanzin, feu Dah Paoletti Béhanzin et bien d’autres Dah Zinkponon, de la famille, ont pris la décision de concrétiser le thème du Centenaire. Avec l’aide des organisateurs du Centenaire, Djimè et Gbendo ont entamé des discussions fraternelles. Une délégation de Djimè, conduite en personne par Dada Sodagba, s’est rendue à Gbendo, dans une ambiance de fraternité de retrouvailles et d’entente. Une forte délégation de Gbendo, conduite par Dada Dédjlangni Agoli – Agbo, fraîchement intronisé s’est aussi rendue à Djimè le 1er Janvier 1990, date mémorable de la commémoration du centenaire de l’intronisation de Dada Gbêhanzin Aiyiidjrè Tchadako Goundó. L’accueil à Djimè reste un vrai accueil historique, en présence des Dah Zinkponon, des Nan Zinkponon de feu Dah Alexis Béhanzin, feu Dah Nougbolidji, feu Dah Paoletti Béhanzin, Dah Goudjèman Jean Roger Ahoyo, des délégations venues de tous les anciens cantons, des invités, parents, amis et familles alliées.
L’événement est historique et mémorable ! Louanges, chants et danses ont rythmé toute la soirée au palais royal privé de Dada Gbêhanzin à Djimè. Il faut rappeler que les jeunes de Djimè et feue Nan Agonlinton Sèkpazin Béhanzin (l’unique fille du Roi Gbêhanzin encore en vie en Janvier 1990), ne sont pas d’accord avec les modalités, les démarches et les discussions amorcées par Gbendo et Djimè pour «Une vraie réconciliation» entre les Agoli-Agbo et les Béhanzin d’une part, et entre toutes les autres composantes de la famille royale d’Abomey, d’autre part. Mais la Réconciliation entre Djimè et Gbendo est plutôt en marche !

Deuil à Djimè

Un mois, jour pour jour, après la fin des manifestations du Centenaire de la mort du Roi Glèlè, plus exactement le 03 Février 1990, ‘‘Djimè est frappé par le deuil’’ : Dada Sodagba Béhanzin, encore en activité au Carder-Zou, à Bohicon, «vient de rejoindre ses ancêtres à Allada», dans un accident de circulation, à la hauteur de Dassa, en partance pour une mission dans le nord.
Quel malheur ! Quelle tristesse chez les Béhanzin ! L’organisation des obsèques royales se met en place. Et tout se passe bien. Quelques mois après, Gbendo demande aux Béhanzin de lui permettre de diriger le ‘‘palais de Houéhondji’’, le palais central, cela de façon intérimaire, avant que Djimè ne choisisse son nouveau roi. Naïfs ! Trop naïfs, trop fraternels, trop solidaires, les dignitaires à Djimè qui ont accédé à la proposition de Gbendo !...
Et revoilà les problèmes d’entente, de fraternité et de solidarité entre les deux lignées royales.
Des difficultés ont fait jour. La communication entre les représentants des deux palais devient compliquée. Le roi Dédjlangni Agoli-Agbo, exerce toute la plénitude conférée à sa fonction, décide de tout, sans aucune concertation avec les Béhanzin.
Après des difficultés multiples, liées aux différents soutiens que chaque camp en lice, apporterait à un prétendant. C’est ainsi qu’on a pu observer que les enfants de Dada Afomado Danha Robert Béhanzin soutenaient leur frère, en la personne du prince Joseph Béhanzin, connu plus tard sous le nom fort de Dada Houédogni Béhanzin. L’inspecteur des Impôts, le prince Emmanuel Béhanzin, connu plus tard sous le nom de Fingnankoun Béhanzin, a été supporté par la plupart de ses frères et soeurs, les enfants de Dada Houémanliya Tókpo et Dah Ougoton Béhanzin qui a été soutenu par nos frères et soeurs de Tinmin à Bohicon, chez les Awagbè Béhanzin. On a pu noter donc que d’importantes difficultés se font jour déjà au niveau de la succession à Dada Sodagba Béhanzin. Djimè a attendu environ dix ans pour désigner son représentant à Houéhondji (palais central à Abomey) : il s’agit de sa Majesté le roi Houédogni Béhanzin, un médecin militaire, un Colonel des armées à la retraite. Du coup, il est aussi désigné sur le trône de Djimè. A la grande surprise de tout le monde, à Djimè et à Abomey, Gbendo refuse de céder ‘‘les choses royales’’, la gestion du pouvoir royal à la tête de la dynastie royale d’Abomey. Des incidents malheureux se sont produits, ici et là. De tractations en tractations, de guerre d’influence en provocations tous azimuts dans les deux lignées (les Agoli-agbo et les Béhanzin), l’affaire est portée devant les plus hautes autorités du pays. Le président Mathieu Kérékou, au pouvoir en ce moment, s’est saisi du dossier. D’enquêtes en enquêtes, le gouvernement donne raison à Djimè et demande que Justice soit rendue à la mémoire du roi Gbêhanzin, héros national ! En avril 2000, Dada Houédogni Gbêhanzin est intronisé au palais de Houéhondji, en tant que roi d’Abomey. Il a assumé ses charges jusqu’en 2011. Et c’est sous son autorité que les familles royales d’Abomey ont commémoré le centenaire de la mort du roi Gbêhanzin, cela du 08 au 24 décembre 2006 à Abomey.

Une véritable tragédie

A l’ouverture officielle des manifestations du centenaire le 10 décembre 2006 à Houéhondji, en présence du président Boni Yayi, le président du Comité d’organisation de ce centenaire, le professeur, Dah Goudjèman Jean Roger Ahoyo, a expliqué de façon succinte la situation qui prévaut au sein de la famille royale d’Abomey. Pour Dah Goudjèman Ahoyo, « La succession entre les rois Gbêhanzin et Agoli-Agbo a été une véritable tragédie. Elle a laissé des séquelles profondes que le temps n’a pas encore effacées. Le centenaire de la mort de leur père, le roi Glèlè, dont le thème était l’unité de la famille royale d’Abomey, nous a permis de poser le problème de la réconciliation entre les lignées royales d’Abomey en général, et entre les lignées Béhanzin et Agoli-agbo en particulier. Nous avons fait un premier pas dans cette voie en 1990, sous la direction éclairée du professeur Maurice Ahanhanzo – Glèlè, et de Dah Gbêgbémabou Mèlé. Mais force est de reconnaître que nous n’avons pas beaucoup progressé depuis 16 ans. Pis, nous avons même regressé, à cause d’incidents malheureux survenus en 1988 ...».
Dah Goudjèman Ahoyo, a lancé un appel à tous les membres des différentes familles royales d’Abomey, pour la paix, l’entente, le dialogue, la fraternité pour un vrai progrès social. Selon le professeur Ahoyo, «cette expérience infructueuse, nous a permis de mieux apprécier la difficulté de la tâche ; tâche très difficile certes, mais non irréalisable. Nous les héritiers, sommes convaincus que la culture de la haine n’a pas d’avenir, et qu’une mésentente ne peut durer éternellement...Reprenons notre marche vers la réconciliation en changeant de méthode. Nous proposons l’institution au sein de la famille royale d’Abomey d’une Commission vérité et réconciliation. Ses conclusions nous permettront de commencer à tourner les pages d’un passé de haine, pour ouvrir résolument et méthodiquement, les portes d’un avenir d’unité et de paix... »
A suivre

Par Constant AGBIDINOUKOUN*
(Collaboraiton extérieure)
*Journaliste
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