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100 jours de Talon à la Marina : Des personnalités apprécient les premiers pas de la rupture
Publié le lundi 18 juillet 2016  |  Fraternité
Chef
© Autre presse par DR
Chef de l`Etat Patrice Talon




Il aura fallu attendre 100 jours après l’avènement de Talon au pouvoir pour voir se prononcer, sur un plateau de télévision, des cauris sur les réformes et décisions de la rupture. Saisissant l’opportunité du débat télévisé coréalisé par la télévision nationale et Canal3 Bénin, Gustave Sonon et Benoit Dègla apprécient les réformes et décisions du gouvernement Talon. L’ancien ministre des transports Gustave Sonon reste quasiment admiratif des actions du Chef de l’Etat.
Au sujet de l’annulation des concours frauduleux, il déclare : « J’apprécie la démarche du Gouvernement. Ce n’est ne pas à la commission de vérification de décider de l’annulation, mais plutôt le gouvernement. Je suis en phase avec la décision prise. On ne peut qu’annuler si les faits sont avérés ». C’est une position qui pourrait étonner plus d’un, mais que le collaborateur de l’ancien Président Boni Yayi met sur le compte le coup de son indépendance au sein des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe). « Je ne suis pas le porte-parole du gouvernement. Je suis certes membre des Fcbe, mais je suis indépendant », a-t-il laissé entendre. Par contre, Gustave Sonon déplore le style de gouvernance de Patrice Talon, caractérisé par une sobriété totale. Il a été soutenu par l’ancien ministre de la sécurité publique. Au dire de Benoit Dègla : « Les nominations ne doivent pas se faire dans la clandestinité. Le peuple a besoin de comprendre si les gens ont la compétence ». Ces deux cauris ont également déploré l’annulation de certaines décisions prises par Boni Yayi à la fin de son mandat et s’interrogent sur la continuité de l’Etat.
Mais pour le ministre de la Justice, Joseph Djogbénou, l’Etat ne peut être continu sur des décrets et décisions contraires à la loi et aux perceptives. Mieux, Joseph Djogbénou a justifié le caractère sobre de la gouvernance de Patrice Talon. « Il vaut mieux avoir un Chef de l’Etat humble, qui se préoccupe des problèmes du peuple qu’un Président en mouvement mais qui se préoccupe moins du peuple. Patrice Talon s’efface au profit des institutions. Il n’est pas dans une sorte de campagne continue », a-t-il souligné. Les efforts du gouvernement dans le domaine de l’environnement, de l’assainissement du secteur de la santé, et les réformes politiques ont été aussi analysés au cours de l’émission. Ceci, avec la contribution du politologue Francis Lalèyè, du Colonel Louis Akanni et quelques juristes.
(Lire ci-dessous l’intégralité des échanges lors du panel sur les 100 jours de la gouvernance Talon)

Depuis le 06 avril dernier, la gouvernance au Bénin a changé de main avec l’avènement d’un nouveau régime qui prône la rupture. Les actes ont-ils suivi les paroles ?
Le style du président : Sobriété et discrétion
Francis Lalèyè, politologue. Quelle analyse faites-vous du style Talon après 100 jours de gouvernance ?
Le style d’un président est toujours lié à sa personnalité. Il y a également le contexte qui intervient et qui n’efface pas la personnalité. De ce point de vue, il y a une différence sensible entre les deux présidents. Je veux nommer le président Yayi qui avait son style lié à son caractère et à sa personnalité. En ce qui concerne le président Talon, je dois dire, pour ce que j’ai vu au cours des 100 premiers jours de gouvernance, le style est assez sobre. C’est un style assez dépouillé et assez pragmatique. Mais quand on parle de personnalité, c’est toujours avec des qualités et des défauts et par conséquent, avec des avantages et des inconvénients.

Le président peine-t-il à se débarrasser de sa qualité d’homme d’affaires ?
C’est une difficulté qui était prévisible. Ce qu’il faut éviter, c’est la confusion entre les intérêts privés et publics. Vous élisez quelqu’un, il vient avec son background, il vient avec ses gens de confiance. A la limite, il a tendance à transporter au niveau où il est élu, les hommes, les habitudes et un certain nombre de mécanismes qui lui ont permis d’agir jusque-là. On verra bien à l’exercice ce que ça donne. Quand vous avez des réflexes, cela ne disparaît pas du jour au lendemain même si vous devenez Chef d’Etat.

Gustave Sonon, ancien ministre des transports. Le gouvernement auquel vous avez appartenu a été beaucoup plus caractérisé par une hypermédiatisation. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Qu’en dites-vous ?

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Le style est lié à la personnalité. Même si vous êtes des jumeaux, vous n’avez pas forcément le même caractère. La seule chose que nous déplorons, c’est la discrétion totale qui caractérise la gouvernance. Une fois élu Président de la République, il devient homme public et nous avons l’obligation de connaître ses mouvements. C’est difficile de se départir de ses habitudes, mais je crois qu’au cours de l’exercice, il se rendra compte qu’il a l’obligation d’être moins discret.

Après 10 ans d’omniprésence dans les médias, est-ce que le peuple n’aspire pas légitimement à un peu plus de calme ?
Il n’y a encore rien de nouveau que nous voyons maintenant. Tout ce qui se passe actuellement, on l’a vu en 2006. On peut aller cas par cas et vous allez voir. En 2006, le président a été élu à 75%. Avec la ferveur populaire, il veut tout changer. Il avait la rigueur, on nommait les directeurs, on les enlevait le lendemain. Pour moi, il n’y a encore rien de nouveau. Par rapport aux 100 jours, je me suis posé mille et une questions sur le pourquoi on veut apprécier 100 jours. On doit pouvoir apprécier tous les jours. Tout gouvernement responsable, lorsqu’il pose un acte, doit être à l’écoute de son peuple. S’il se rend compte que le peuple n’est pas d’accord, il doit rapidement changer. Par rapport à ces 100 jours, il y a des acquis qu’on peut mettre à l’actif du gouvernement mais aussi des points de faiblesse.

Joseph Djogbénou, ministre de la justice. Pourquoi on sent que la presse locale est un peu isolée, alors que l’information officielle circule pratiquement tout le temps via les réseaux sociaux ?


Je suis parfaitement d’accord avec vous que le style, c’est l’homme. Et l’homme ici, je suis aussi d’accord avec vous, n’est pas très précisément un homme d’affaires. C’est un homme issu de profession libérale. Premièrement, il est caractérisé par une sorte d’appropriation et de considération du temps. Times is money. Deuxièmement, la prévision. Troisièmement, l’organisation. On retrouve ces trois caractères à travers le style. Le style que vous avez appelé la discrétion. C’est vrai. Mais quand on parle de discrétion, on parle d’humilité, on parle de modestie, et c’est fondamentalement une approche philosophique, doctrinale du pouvoir. Il vaut mieux avoir un président de la République qui soit humble, discret mais qui se préoccupe des réponses essentielles qu’un président de la République qui soit tout le temps en mouvement et qui se préoccupe moins des réponses.

Ces discrétions suscitent beaucoup de polémiques. Certes, les problèmes sont réglés mais on n’ouvre pas les débats. Les journalistes n’ont pas accès à l’information et la plupart des grandes décisions sont sujettes à polémique. Qu’en dites-vous ?
Je comprends bien que vous puissiez dire que dans l’organisation de l’Etat, de l’administration, dans le fonctionnement du pouvoir exécutif, il y a éventuellement un problème de communication. Mais c’est l’Etat. Ce que nous devons rechercher, ce n’est pas un homme, mais une institution. C’est une option fondamentale, le renforcement des institutions. Et on ne peut pas non plus dire que le président de la République est resté cloitré dans son palais et qu’à aucun moment, il ne s’est autorisé d’une part à s’exprimer et d’autre part à aller à la rencontre des populations et des partenaires stratégiques du Bénin. Il a un style différent qu’il assume.

Est-ce que le président Talon ne peut pas écouter ce que réclame l’ensemble de ses compatriotes et s’ouvrir un peu plus ?
La perception que j’ai, c’est que je vois un homme extrêmement préoccupé par ce que pensent les populations. Il est à l’écoute en permanence et il vous interpelle sur ce que les populations disent. Il faut attirer votre attention sur un fait. En 2006, il n’y avait pas ce développement des réseaux, il n’y avait pas cette facilité à inventer l’information y compris l’intoxication, à la fabriquer et à la faire circuler. C’est une dimension qu’il faut intégrer. Ce que moi j’ai observé un peu plus de trois mois, j’ai vu un homme d’action pressé, préoccupé par les engagements qu’il a pris avec un timing d’une précision extraordinaire. J’ai l’impression qu’il n’a pas le temps de parler, de communiquer. Il travaille. C’est peut-être là que la soif de communication peut s’expliquer parce qu’on est passé d’un extrême à un autre. Est-ce que maintenant, nous ne sommes pas dans la normalité, puisque le conseil des ministres se déroule normalement, il y a un point de presse et c’est inscrit au journal officiel. Tout se fait dans une certaine normalité.

Gouverner, c’est communiquer. Un homme politique doit être vu. Les populations veulent voir leur président dans l’action. On a le sentiment qu’il y a une méfiance.
A partir de 6h ou 7h, avec son petit agenda, tous les rendez-vous se tiennent à l’heure, de sorte qu’on peut considérer qu’il est concentré sur les problèmes des Béninois parce qu’il sait qu’il ne fera que 5 ans. La gestion du temps par un chef d’Etat qui sait qu’il est limité essentiellement est tout autre qu’un homme politique qui sait qu’il peut avoir la faveur du temps. Il gère parce qu’il sait qu’il aura des résultats. Et c’est sur ce terrain que les populations l’attendent. Il n’est pas dans une sorte de campagne continue parce que c’est l’autre dérive que nous avons regrettée. Il faut faire en sorte que ce ne soit pas pédagogique, montrer à notre population que nous avons un Etat, une administration et que le président de la République est un chef d’orchestre.
Nous avons fait le choix de la gestion efficiente et efficace de sorte qu’il faut être totalement concentré pour la recherche des solutions par rapport aux problèmes. Dites-nous si sur les questions essentielles, le gouvernement a failli quant au fond et nous pouvons répondre. Le gouvernement n’a pas failli. Même si, à l’hypothèse, et cela n’est pas vrai, les membres du gouvernement sont absents du terrain.

Francis Lalèyè : « Quel que soit votre niveau de discrétion, il y a ce que j’appelle, le minimum indispensable de communication… »
Quand je parle du style du président, ce n’était pas en termes de défaut. Ici, on ne parle pas de communication à un niveau de l’appareil gouvernemental, on est au niveau de l’exécutif et là, il y a un problème. Quel que soit votre niveau de discrétion, il y a ce que j’appelle, le minimum indispensable de communication. Je ne suis pas dans le ‘’tout communication’’ ni dans la communication spectacle.
Avons-nous ce minimum aujourd’hui ?
Oui. Pour ceux qui parlent de gouvernance justement, la transparence, l’ouverture sont en lien avec la communication. L’accessibilité à l’information est l’un des critères essentiels.

Benoît Degla, ancien ministre de l’intérieur : « La communication est le point sur lequel il y a beaucoup de choses à parfaire pour les 100 premiers jours… »


Pourquoi 100 jours ? C’est une pratique coloniale. Notre Président a été élu pour 5 ans et il y a certaines choses qu’on doit pouvoir éviter. Il y aura d’autres occasions d’apprécier ce qu’il fait au quotidien. C’est le style de l’homme. Pour ceux qui le connaissent, ils savent que c’est comme ça qu’il est. Seulement, il devrait imprimer cela à son équipe. Le gouvernement qu’il a composé selon les compétences de chacun ; il y a un porte-parole du gouvernement, il y a un Secrétaire général du gouvernement, il y a un Secrétaire général de la présidence. Je vous l’avoue, les mercredis, je m’ennuie. J’ai refusé de suivre cette communication spectacle du Ministre d’Etat Koupaki, cela ne sert à rien. Puisque c’est toujours inachevé, il faut attendre le Secrétaire général Ouin Ouro qui sort deux jours après ce communiqué pour savoir effectivement de quoi il est question. Je crois qu’on doit éviter de nous faire peur. Les cadres béninois qu’on nomme sont des fils de ce pays au même titre que ceux qui sont là. Et au nouveau gouvernement qui arrive, c’est tout à fait normal qu’il installe son équipe. Donc, faire partir quelqu’un, ne doit pas faire l’objet de clandestinité. On doit pouvoir connaître ceux qui arrivent. Pourquoi la pratique communicationnelle d’aujourd’hui cache les choses. C’est ce qui fait que la population s’interroge sur ceux qui sont nommés ou désignés, ont-ils les compétences ? Je vous le dis, il y en a qui n’en ont pas parce qu’on en connaît. La communication est le point sur lequel il y a beaucoup de choses à parfaire pour les 100 premiers jours du Président de la République Talon.

Edouard Loko, Chargé de la communication au palais : « Nous sommes dans la normo communication. Ce qui nous manque, c’est la joie intéressée de mon ami qu’on vient de nommer… »



Je comprends ceux qui disent qu’il y a un problème de communication. Voilà un gouvernement qui, juste après tous les conseils des ministres, fait un point de presse pour aborder tous les sujets. Je suis bien placé pour vous dire que quelquefois, le Ministre Ouin Ouro relit et ne met que sa signature. Il n’y a pas de problème de communication. Ce qui nous manque, ce sont les nominations. La joie intéressé de mon ami qu’on vient de nommer nous manque. On nous a habitués à ça, mais ce n’est pas la normale. Nous avons copié la démocratie chez des gens. Vous avez jamais entendu en France qu’on est venu lire les noms de ceux qui ont été nommés ? Même au Sénégal, vous n’entendrez jamais cela. Toutes les informations sont données juste après le conseil des ministres. Je mets au défi quelqu’un de me dire ici qu’il y a des non-dits. Voilà le chef de l’Etat qui assure son billet d’avion Air France pour un évènement privé et qui en profite pour voir son homologue Français. Nous allons sortir un communiqué ? Je suis bien aussi tenté de faire comme les gens mais j’ai reçu un mandat. Le Chef de l’Etat ne veut pas qu’on le mette dans la tête des béninois. Il veut être dans leur cœur. C’est une autre manière de communiquer et nous allons nous y habituer. Nous sommes dans la normo communication.

Luc Martin Hounkanrin, Avocat : « Nous avons été habitués à un style de communication pendant 10 ans… Nous avons besoin d’un peu de temps pour nous habituer »
Nous avons été habitués à un style de communication pendant 10 ans. Il y a une accoutumance qui s’est installée et il est évident que lorsque la cadence a changé, le style change. Nous avons besoin d’un peu de temps pour nous habituer. Je pense que, lorsqu’un nouveau gouvernement vient dans un pays normal où les choses fonctionnent normalement, il a besoin d’installer son administration pour pouvoir véritablement se mettre au travail. Pour l’instant, il n’y a pas véritablement à reprocher au gouvernement de ne pas donner l’information puisque nous savons aujourd’hui qu’il y a des nominations et que des personnes sont à des postes donnés. Nous savons qu’il y a des changements, des décisions qui sont prises. Les résultats sont communiqués tous les jours. D’où viennent ces informations ? Peut-être, dans la démarche, la presse n’est pas suffisamment satisfaite. Mais il appartient à cette presse d’aller à la recherche de l’information et de pouvoir prendre à défaut le gouvernement pour l’obliger à réagir de façon un plus active. C’est l’impression que j’ai. Moi j’ai l’information et je pense que pour le moment, il faut donner le temps au temps pour apprécier les choses.

Abrogation des décrets et modification de la structure type des ministères
Joseph Djogbénou. On a décidé d’abroger les décrets pris par le régime précédent, un retour en arrière par rapport à la structure type des ministères. N’a-t-on pas le sentiment qu’on n’avance pas véritablement ?



Si le peuple béninois souhaitait poursuivre avec les anciennes dénominations, perspectives et l’ancienne manière de faire et de procéder, ce n’est pas Patrice Talon qui serait élu Président de la République. Il est élu Président de la République pour rechercher les moyens à travers la loi et les finances pour atteindre les objectifs qu’il s’est fixés. Il compose son gouvernement et assigne les missions que lui inspirent les résultats qu’il veut obtenir. Si par ailleurs, certains décrets, dans les derniers mois de l’ancien régime, ont été pris et qui ne sont pas en conformité avec la loi et les perspectives, il ne faut pas lui en vouloir de les avoir retirés. Il ne faut pas lui reprocher de faire des réformes au niveau de l’administration pour atteindre ses objectifs. Nous allons nous adapter parce que ce sont les outils pour atteindre les objectifs que le gouvernement s’est fixés.

Gustave Sonon. Vous êtes resté avec le Président Yayi jusqu’à la fin et c’est dans les derniers mois du régime Yayi que ces décrets ont été pris. Pourquoi le Président a-t-il attendu la dernière minute ?



Il n’est pas inscrit quelque part que c’est à un moment donné qu’il faut prendre des décrets. Tant qu’il juge que c’est nécessaire, il peut prendre des actes jusqu’au 5 avril 2016. La notion de continuité de l’Etat a un peu disparu par rapport au nouveau régime. L’Etat est impersonnel et c’est ceux qui sont là qui sont responsables des actes qu’il pose. Ce que j’aurais souhaité, c’est qu’ils aient la notion de continuité de l’Etat, pour qu’on ne dépouille pas Paul pour habiller Pierre. Si on considère le Bénin, l’économie qui est réalisée, c’est qu’on a dépouillé les citoyens pour réaliser l’économie pour l’Etat. De plus en plus, on aura un Etat suffisamment riche mais des individus pauvres. Ce que nous souhaitons, c’est que l’économie réalisée soit injectée dans les infrastructures pour profiter au grand nombre. Ils sont suffisamment responsables pour apprécier ce qui est fait. Ils ont le droit d’annuler ou de continuer avec les actes pris.

Francis Lalèyè. Est-ce qu’il fallait pour le régime Talon de continuer dans ce sens ou alors de procéder comme il l’a fait, abroger ces décrets et pouvoir avancer ?
Il y a deux choses au moins qui se mettent un peu en balance ici. La première chose, c’est le principe de la continuité de l’Etat. La deuxième chose, c’est que le principe de la continuité de l’Etat ne signifie pas que le successeur d’un Président de la République endosse automatiquement ce qui a été fait avant. La Constitution dit que le Président détermine et conduit la politique de l’Etat. Il a été élu selon un certain nombre de choses pendant un mandat. Une fois qu’il est élu, il n’est pas lié forcément par ce qui a été fait par son prédécesseur. Il y a des choses dont il peut se défaire mais pas de tout. Mais le coût à payer au niveau de la justice par l’Etat va être lourd. Le Chef de l’Etat élu est tout à fait libre, en fonction de ses objectifs et de ce qu’il estime nécessaire de dire qu’il supprime ces institutions qui ont été créés parce qu’il n’en a pas besoin. Il est tout à fait libre. La population l’attend en fin de parcours pour lui demander des comptes. S’il fait cela et que c’est pire que ce qui avait été fait, bien entendu, les gens ne le louperont pas.

Annulation des concours
Joseph Djogbénou. Est-ce que l’annulation des concours ne sera pas inutile si les coupables restent en liberté ?


Nous sommes dans un Etat de droit et il faut combattre l’impunité. Nous ne pouvons pas incarner l’Etat et faire en sorte que les personnes suspectées et qui demeurent présumées innocentes fassent l’objet de sanctions sans procédure. L’Etat disparait lorsqu’il y a des sanctions sans procédure. Il y a une commission qui a fait son travail d’enquête. Le gouvernement a fait le sien et a rendu la décision attendu rentrant dans le cadre de ses prérogatives.
Il appartient à l’administration d’appliquer les sanctions disciplinaires qui elles aussi ne sont prononcées qu’à l’issue de la procédure. Les sanctions judiciaires appartiennent à la justice. Sachons considérer que tout arrive au moment opportun et que nous ne pouvons pas atteindre l’objectif de la lutte contre l’impunité en faisant en sorte que les personnes soient lâchées à la vindicte populaire. L’Etat est une continuité dans la fourniture du service public. Elle est une continuité dans les engagements, lesquels engagements sont conformes à la loi, lesquels engagements sont conformes aux objectifs principaux.
Lorsque dans le dernier mois de la gouvernance précédente, vous énumérez les décrets pris, lorsque dans le dernier mois vous faites le point en termes financier du coût de ces actes, lorsque dans le dernier mois vous faites le point des procédures initiées pour prendre ces décrets, un gouvernement responsable qui n’agit pas comme nous l’avons fait, est un gouvernement complice. Je voudrais juste dire que dans les décrets que nous avons retrouvés, il y en a un qui porte l’intitulé assez curieux de décret portant redistribution des fonds issus de la vente des véhicules d’occasion aux personnes intéressées. La continuité de l’État, c’est qu’un gouvernement peaufine ce décret. Nous avons, en toute responsabilité, fait le point et vous ne pouvez pas reprocher au gouvernement actuel d’avoir systématiquement remis en cause tous les actes qui avaient été accomplis par le gouvernement précédent. Je veux dire que pour l’avenir, il faut une loi organique sur l’administration et sur le pouvoir exécutif. Il faudrait que nous puissions nous dire en tant que citoyens qu’il y a des actes, qu’à un moment donné, un gouvernement ne puisse pas prendre.

José Tonato, ministre du cadre de vie : « Le gouvernement avait la responsabilité de retirer l’acte. De retirer ce qui est faux dans la République… »
Par rapport aux concours, il faut voir la démarche. Suspension pour comprendre ce qui s’est passé ; ensuite on a mis une commission en place, on a compris qu’il y avait des gens qui n’ont pas déposé leurs dossiers mais qui ont été déclarés admis. Il y a des gens qui se sont inscrits dans un concours et qui sont admis dans d’autres. Il y a des gens qui ne se sont pas présentés et qui ont été admis. Et je peux citer les exemples à l’appui. À partir de ce moment, on décide d’annuler. Et maintenant, on passe la main à la justice pour que ce qui doit être fait se fasse. C’est vraiment la démarche, dans la logique, dans l’évolution de la connaissance du dossier.
Vous avez mis en place une commission. La commission dit aujourd’hui n’avoir jamais demandé l’annulation du concours. Êtes-vous au courant ?
Vous savez, tout au moins, vous allez nous porter ce crédit que nous sommes tous des personnes responsables. Le rapport de la commission est disponible. Nous n’allons pas supputer sur ces questions. Nous sommes quasiment dans une République Facebook et Waths app. Donc, si nous avons caché des informations, vous ne les auriez pas retrouvées et il n’y a pas une procédure de délégation, de contestation de signature devant vous. Un comité a été mis en place et vous savez que le président de la république y a nommé des personnes compétentes. Laquelle commission a constaté que le concours organisé dans ces conditions est un concours frauduleux, irrégulier sur toute la ligne. Donc, le président de la République, le conseil des ministres, le gouvernement avaient la responsabilité de retirer l’acte. De retirer ce qui est faux dans la République. Le faux corrompt tout. Par rapport aux sanctions, en ce qui concerne les personnes, le gouvernement ne peut pas sanctionner. Le gouvernement ne peut pas agir comme la justice. Et donc en ce moment-là, nous allons saisir les juridictions compétentes à cette fin.

Gustave Sonon. Comment avez-vous fait au niveau du régime précédent pour laisser passer autant de légèreté dans l’organisation de ces concours ?


Il n’y a que ceux qui ne font rien qui se ne trompent pas. Et j’ai dit tout à l’heure qu’il faut qu’il y ait la continuité de l’Etat, et j’ai ajouté en même temps que ceux qui sont présents sont responsables des actes qu’il pose. C’est à eux de juger s’il faut continuer avec ce qui existe ou annuler. Par rapport aux concours, j’ai eu à dire à d’autres occasions que j’apprécie la démarche du gouvernement dans ce sens. Parce que le gouvernement ayant été alerté par le peuple, et ça a fait l’objet de campagne pendant les élections, le premier conseil des ministres a dit bon je suspends, met en place une commission qui a déposé son rapport. Contrairement à ce que vous dites des membres de la commission, les membres émettent un avis. C’est le gouvernement qui a commandité l’étude qui prend la décision. Les membres de la commission peuvent dire n’annulez pas et le gouvernement peut annuler. Et vice versa. Je n’ai pas lu le rapport, mais avec ce qui est rapporté, je suis en phase avec la décision prise par le gouvernement. Et le gouvernement précédent, lorsqu’en 2012 ou en 2013, a eu les mêmes problèmes et a mis en place une commission, la procédure a conduit à l’annulation. Si les faits qui sont relevés s’avèrent justes, on ne peut qu’aller à l’annulation. Et comme nous sommes dans un Etat de droit, il faut que les voies de droit soient exploitées pour en finir avec ce dossier.
La rédaction
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