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Renforcement des capacités des journalistes sur la vindicte populaire: La Campagne contre l’apologie du crime engagée pour sauver l’Etat de droit
Publié le vendredi 22 juillet 2016  |  L`événement Précis




Sauver l’Etat de droit en accompagnant les professionnels des médias à engager des débats publics en vue de la réduction, voire de l’éradication du phénomène de la vindicte populaire au Bénin. Tel est l’objectif global visé à travers ce projet initié et mis en œuvre par la direction générale des médias sous la tutelle du ministère de l’économie numérique et de la communication (Menc). En effet, face à la recrudescence du phénomène et le manque de recul nécessaire des professionnels des médias dans son appréciation, la direction générale des médias a, dans son rôle d’accompagnateur des journalistes, décidé de renforcer les capacités de ces derniers aux fins d’information, d’éducation et de communication pour un réel changement de comportement des populations. Ainsi, à l’ouverture des travaux ce jeudi, le directeur général des médias, Expédit Ologou a mis en exergue la situation de l’Etat de Droit qui se dégrade au Bénin avec la vindicte populaire. « (…) L’Etat de droit au Bénin est en flamme. Chaque fois qu’un béninois est brûlé, c’est une partie de l’édifice de l’Etat de droit qui brûle. Et la situation est devenue recrudescente depuis quelques temps sans que personne ne s’empresse de l’éteindre. Un Etat qui s’ensauvage, va vers un Etat qui mange ses enfants. Quand ça se passe dans un pays considéré comme Laboratoire de la démocratie en Afrique, cela interpelle plusieurs acteurs dont les professionnels des médias en premier chef » , a-t-il alerté. Il a été suivi du directeur de cabinet du Menc, Wilfried Codjia qui a salué l’attachement des participants à cette question et la promptitude de la réaction du ministre de tutelle qui a compris le bien fondé du projet et qui s’est empressé pour sa mise en œuvre. Pour cette première journée, trois grandes communications ont meublé les travaux. Il s’agit de la présentation par le Professeur Dr Dodji Amouzouvi, des dimensions socio-anthropologiques de la vindicte populaire au Bénin ; du régime pénal de la vindicte populaire par Me Charles Badou et une troisième communication qui porte sur les principes généraux du traitement journalistique de l’information sensible.

Sauver l’Etat de droit qui s’ensauvage

A travers ce projet, il s’est agi précisément pour le directeur Expédit Ologou et son équipe de former les journalistes de la presse écrite et de la presse audio-visuelle aux contours juridiques, aux implications socioéconomiques et aux techniques spécifiques de traitement journalistiques de la vindicte populaire afin de les amener à renforcer la protection des droits humains contre le tribunal de la rue. Et c’est ce qui justifie la panoplie de communications prévue pour les deux jours de cet atelier. La première s’est articulée autour de quelques points dont l’univers conceptuel, l’historique et l’universalité du phénomène qui n’est pas une exclusivité de la société béninoise ; les manifestations et les causes anthropologiques et sociales ; les conséquences ; quelques pistes de solutions et les responsabilités du professionnel des médias. Puisqu’un seul motif ne peut justifier un phénomène social, le socio-anthropologue Amouzouvi a estimé qu’il faut un faisceau de moyens pour l’éradiquer progressivement. En deux heures d’horloge, l’universitaire a décortiqué les dimensions socio-anthropologiques du phénomène dans la société béninoise puis éclairer les jeunes professionnels des médias sur leurs responsabilités à savoir informer et éduquer. Forme d’expression de contestations et de frustrations sociales, la vindicte populaire est selon ses recherches, un phénomène social qu’on ne pourra pas gommer exclusivement à coup de discours moraux et moralisateurs ou par des décrets révélateurs d’un juridisme exacerbé. De ce fait, le professionnel des médias est placé dans une posture délicate d’informateur et d’éducateur, qui doit avoir à l’esprit des responsabilités morales et déontologiques à suivre dans le traitement d’une information liée à la vindicte populaire. A son tour, l’avocat au Barreau de Cotonou, Me Charles Badou a rappelé aux participants les principes qui proscrivent la vindicte populaire et les dispositions du Code de l’information et du Code pénal qui encadrent le traitement de l’information de sorte à éviter à tout prix l’apologie du crime. Au cours de la troisième communication qui porte sur les principes généraux du traitement journalistique de l’information sensible, M. Christian De Souza, Secrétaire permanent de la commission nationale de la migration de l’analogie au numérique (Cnman) a entretenu ses confrères et consœurs sur les critères de sélection de l’information à l’ère du numérique ; les dimensions d’une information sensible ; les recommandations du Droit de presse et la responsabilité sociale du journaliste. Le journaliste est un métier essentiellement déontologique, un véritable ferment de mobilisation contre la vindicte populaire, a-t-il enseigné. Notons que les travaux prennent fin cet après-midi en attendant les deux autres phases du projet.

Germin DJIMIDO (Coll.)
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