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Système éducatif et gratuité de l’école au Bénin : « Les causes profondes d’un échec » mises à nu
Publié le jeudi 28 juillet 2016  |  La Nouvelle Expression
Ecoliers
© aCotonou.com par Matin Libre
Ecoliers beninois




(Restitution de l’enquête réalisée par la Croix du Bénin)

Dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Médias pour le développement » (Média-Dév), réalisé avec l’appui de OSIWA, le journal La Croix du Bénin a procédé hier à la restitution des résultats de l’enquête portant sur l’ « état alarmant du système éducatif béninois : les causes profondes d’un échec ». La salle des services de communication de la paroisse St Michel de Cotonou a servi de cadre à cette conférence de presse.

Après dix ans d’application de la mesure de la gratuité de l’enseignement primaire puis secondaire, l’abbé Crépin Acakpovi du journal La Croix du Bénin se propose de faire le bilan. A travers une enquête intitulée « Etat alarmant du système éducatif béninois : les causes profondes d’un échec », réalisée dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Médias pour le développement » (Média-Dév), il répond aux questions ci-après : Quel est l’apport de la gratuité à l’éducation nationale, et que faut-il faire pour améliorer la qualité de l’enseignement ?

A la séance de restitution de ses investigations hier, l’abbé explique, chiffres à l’appui, que la gratuité est un projet social qui n’avait pas la solidité requise. En effet, il renseigne qu’avec la mise en œuvre de cette mesure, le taux brut de scolarisation, d’environ 68% en 1980, est passé à 109,1% en 2009. Aussi, la présence des filles à l’école s’est-elle améliorée de même que le taux net de scolarisation qui a atteint 84% en 2008. Le coût de la mesure, informe l’abbé Acakpovi, est évalué à 3,2 milliards de nos francs.

Des facettes trompeuses

Ces statistiques, qui devraient constituer un élément de fierté nationale, contrastent malheureusement avec la baisse vertigineuse du niveau intellectuel de nos apprenants.

La gratuité présente donc des « facettes trompeuses », note Abbé Acakpovi qui énumère les causes de l’échec de la gratuité. Elles sont liées à la ruée de chômeurs vers l’enseignement pour des questions existentielles et alimentaires, au caractère populiste donné à la mesure par l’exécutif d’alors, au déficit de qualification professionnelle des enseignants, à l’incapacité matérielle de l’école béninoise d’accueillir un flux aussi important de nouveaux apprenants, etc. Pour le journaliste d’investigation, la conséquence de l’impréparation est directe : « Lorsque les effectifs explosent, la qualité est en berne », déduit-il. Pourquoi alors avoir décrété la gratuité aussi « brutalement » si la constitution du 11 décembre 1990 dispose, en son article 13, que l’Etat « assure progressivement la gratuité de l’enseignement public » ?, se demande l’abbé Acakpovi. C’est évident, la mise en œuvre brutale de la mesure révèle, selon lui, l’intention propagandiste du régime politique responsable. C’est une décision « populiste et politicienne », déclare-t-il.

Mais, doit-on considérer le système du Nouveau programme comme l’un des maux qui tuent l’éducation béninoise ? A cette question, l’abbé Acakpovi répond par une autre : « A quoi sert la gratuité, si le pays doit se dépouiller de ses futures compétences ? », faisant allusion aux faibles taux des résultats aux divers examens de 2016.

Des défis à relever

En revanche, fait-il remarquer, la cherté ou le coût de l’école et le respect des normes donnent des résultats certains. En témoignent les résultats des écoles privées, surtout celles confessionnelles. En tout état de cause, estime l’abbé Acakpovi, les responsabilités doivent être partagées entre l’Etat et les parents.

Par ailleurs, l’enquête relève aussi d’autres plaies du système éducatif béninois à savoir, les agréments et autorisations d’ouverture des écoles et collèges privés, et les subventions de l’Etat qui sont allouées avec retard.

Au total, des défis restent à relever. Entre autres, il s’agira, selon Abbé Acakpovi, d’étendre l’article 13 de la constitution à l’école de base (enseignement primaire et premier cycle de l’enseignement secondaire), de réintroduire dans les écoles les leçons de civisme et la dictée-questions, de régler le double problème de la qualité et de la professionnalisation de l’enseignant, de construire massivement des salles de classe en matériaux modernes, de réaliser la carte scolaire en vue de disposer de renseignements fiables sur les établissements et structures de formation, etc.

Prince AKOGOU
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