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Décès de l’ancien Chef d’Etat: Soglo, Yayi, Houngbédji et autres personnalités honorent la mémoire de Zinsou
Publié le mardi 2 aout 2016  |  L`événement Précis
L`Ancien
© Autre presse par DR
L`Ancien président Emile Derlin Zinsou




Neuf mois, à peine, après le décès du vénéré général Mathieu Kérékou, le Bénin est encore endeuillé depuis la nuit du jeudi 28 juillet 2016 par la disparition d’un autre grand homme d’Etat, le Dr Emile Derlin Zinsou, ancien président de la République du Bénin. Retour sur le parcours d’un homme d’Etat atypique.

Né à Ouidah le 28 mars 1918, cet émérite professionnel de santé, formé à la Faculté de santé de Paris, s’est très tôt engagé en politique, mettant en parenthèse, une carrière professionnelle brillante qu’il venait à peine de démarrer. Il embrassa très tôt donc la carrière politique en territoire français, comme au Dahomey d’alors et a été tour à tour, député à l’Assemblée nationale de France, ministre de l’Économie et du Plan, des Affaires étrangères, président de la Cour suprême, dans son pays et premier ambassadeur du Dahomey en France durant les premières années d’indépendance. Entre temps revenu, c’est ce Docteur, alors âgé de 50 ans que le lieutenant-colonel Alley et la junte militaire proposent comme président de la République, après l’échec de l’élection présidentielle du 5 mai 1968 boudée par les électeurs et annulée dans la foulée compte tenu de la faible participation (moins de 25%). Il montra très tôt son implacable rigueur dans la gestion des affaires de l’Etat et ne semblait perturbé par la moindre contestation. Il ne se contentera pas d’être porté au pouvoir par un coup d’Etat. Et décide de confirmer sa popularité en organisant un référendum, le 28 juillet 1968. La participation avoisine 73%. Et 74% des électeurs approuvent le choix des militaires : un plébiscite. Sa décision de convoquer un référendum est également perçue comme une marque d’indépendance vis-à-vis de ceux qui lui ont confié la présidence. Un geste qui déplaît à certains officiers et qui aura de lourdes conséquences. D’où le coup d’Etat dont il sera victime au bout de dix huit mois d’exercice. C’était un 10 décembre 1969, où il fut renversé par le chef d’état-major des forces armées, le lieutenant-colonel Maurice Kouandété. Sa hargne, sa franchise et sa « trop grande rigueur » ne lui permettront plus de revenir aux affaires, les années suivantes. Mais il ne perd pas son verbe et entama une farouche opposition contre le Général Mathieu Kérékou, qui également accéda à la magistrature suprême par le biais du coup d’Etat du 26 octobre 1972. Un coup d’Etat intervenu pour mettre fin à la grande confusion qui ont règne au sommet de l’Etat, les trois années précédentes où un bizarre accord politique à contribuer à ériger à la tête du pays un conseil présidentiel ; un «monstre à trois têtes », constitué de trois chefs d’Etat de l’époque, Ahomadégbé, Maga et Apithy, dans un capharnaüm total. Emile Derlin Zinsou s’exilera avec sa famille, entre temps en France, pour échapper aux nombreuses tentatives d’arrestation du régime dictatorial de Kérélou, dont il était l’une des cibles majeures.

Condamné trois fois à la peine de mort
Accusé de « trahison », Emile Derlin Zinsou a été condamné, pas moins de trois fois, à la peine de mort sous le même régime. Chaque fois par contumace. Ainsi, il n’assistera pas à son procès devant le tribunal révolutionnaire de Cotonou qui, le soir du 24 mai 1979 , le condamne à la peine capitale pour son implication dans la tentative de coup d’État contre Kérékou, le 16 janvier 1977. Ce jour-là, un DC-7 chargé de mercenaires à la tête desquels se trouve le sulfureux Bob Denard a débarqué à l’aéroport de Cotonou. Le raid ne durera finalement que quelques heures.
Émile Derlin Zinsou rejette en bloc ces accusations. « Jamais, on n’a réussi à prouver le moindre des reproches qui me sont adressés ». Mais les relations entre les deux ennemis jurés s’amélioront au fil des temps, notamment, avec l’avènement de l’historique Conférence nationale des forces de la nation organisée au Bénin en 1990. Une conférence qui a favorisé le retour de plusieurs exilés du Bénin, dont Emile Derlin Zinsou, qui fera la paix avec Kérékou, quand celui-ci a tout laissé tomber, acceptant toutes les résolutions de ces assises qui ont ouvert la voie démocratique à un pays que le général vient de diriger avec une main de fer et dans la pure dictature, sur une dizaine d’années. Cette bonne entente entre deux hommes qui s’en voulaient à mort, a été saluée par toute la nation entière et quand Kérékou reviendra au pouvoir par les urnes en 1996, pour deux mandats successifs, il n’hésitera pas à faire appel à Emile Derlin qu’il nomma alors Conseiller spécial. L’âge évoluant et la santé devenant de plus en plus fragile, Emile Derlin Zinsou se retirera progressivement de la scène politique pour une vie familiale plus renfermée qui l’amènera jusqu’à son dernier soufle sur cette terre, le jeudi nuit, 28 juillet 2016 dernier.

Christian Tchanou
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