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Journée mondiale de l’Hépatite édition 2016 : Les OSC et le Pr Nicolas Kodjoh, pour l’élimination de l’hépatite au Bénin
Publié le mardi 2 aout 2016  |  La Presse du Jour
Le
© Autre presse par DR
Le Professeur Nicolas Kodjoh




L’édition 2016 de la Journée mondiale de l’Hépatite a été célébrée hier jeudi 28 juillet 2016. En marge de cette commémoration, l’Alliance Béninoise des Organisations de la Société Civile contre les Hépatites Virales (Aboschvi), dont le Professeur Nicolas Kodjoh, Point Focal Bénin de l’Initiative Panafricaine de Lutte contre l’Hépatite (IPLH) et le Point focal en charge des hépatites en est le président, organise la quinzaine d’Actions Urgentes pour l’élimination des hépatites au Bénin du 25 au 10 Aout 2016. La cérémonie officielle consacrant le lancement des manifestations s’est déroulée hier au Chant d’Oiseau à Cotonou. Elle a été suivie d’une Conférence inaugurale de sensibilisation portant sur le thème de la journée. A l’occasion, des voix se sont levées pour féliciter le Professeur Kodjoh qui a souhaité que le Bénin dispose en urgence un plan national de lutte contre le fléau.
« L’élimination de l’hépatite n’est pas un mythe, mais une réalité ». Le parterre des invités qui ont effectué hier le déplacement au Chant d’Oiseau à Cotonou en sont convaincus. En effet, l’Alliance Béninoise des Organisations de la Société Civile contre les Hépatites Virales (Aboschvi), dont le Professeur Nicolas Kodjoh, Point Focal Bénin de l’Initiative Panafricaine de Lutte contre l’Hépatite (IPLH) en est le président, organise une panoplie d’activités dans plusieurs localités du pays pour marquer utilement au Bénin l’édition 2016 de la Journée mondiale de l’Hépatite. Le coup d’envoi a été donné hier à Cotonou ; ceci à la faveur d’une cérémonie dite inaugurale. L’événement a été rehaussé par le Ministre de la santé représenté par le Directeur de cabinet Lucien Toko et l’Organisation mondiale de la santé Bénin. Au cours de la cérémonie, le Coordonnateur national de l’Aboschvi, M. Romuald Dovoesssoun a rappelé que le Bénin paie un lourd tribut aux hépatites. 1300.000 personnes environs sont atteints de cette maladie, malheureusement 95% d’entre elles ne le savent pas. Et c’est la raison pour laquelle l’organisation est née. D’après lui, l’Aboschvi dont le fondateur est le Professeur Nicolas Kodjoh, Point Focal Bénin de l’Initiative Panafricaine de Lutte contre l’Hépatite (IPLH) s’est donné comme mission d’engager une lutte contre l’hépatite virale au Bénin par des actions de prévention, de soins, de plaidoyer, de mobilisation sociale et communautaire, de renforcement de capacité, d’information et de communication à tous les niveaux. L’alliance a pour but d’accompagner le Ministère de la santé dans la définition d’une politique de lutte contre les hépatites, de mettre en œuvre des initiatives de lutte, de suivre et d’évaluer des programmes et politiques en matière de l’hépatite au Bénin. L’avènement de l’Aboschvi est une chance pour le Bénin de par la qualité des hommes et femmes qui les constituent, a-t-il fait savoir avant de dire qu’au sein de l’Aboschvi, il se retrouve les universitaires, les professionnels de la maladie de foie, les associations des malades d’hépatite, les organisations de défenses des droits humains etc. A l’en croire, grâce aux efforts conjugués de l’Aboschvi ayant à sa tête le professeur Nicolas Kodjoh, plusieurs réalisations ont été enregistrées. Au nombre de celles-ci, la marche de plaidoyer sur la représentation nationale dont les effets enregistrés nous réconfortent au grand bonheur des malades et du peuple béninois. Il s’agit d’une initiative de lois déposées sur la table des députés pour créer le cadre juridique approprié de lutte contre la maladie comme ce fut le cas du Vih/Sida. Comme autres actions à mettre à l’actif de l’Organisation, il y a la séance de plaidoyer du 6 août 2015 avec le cabinet du Ministre de la santé, la campagne média qui a impacté les 77 communes du Bénin, la sensibilisation de proximité dans 25 communes du Bénin avec un effet direct sur près de 7 milles personnes, le renforcement de capacité des prestataires de santé pour plus d’efficacité dans les actions de lutte.Pour finir, il a demandé au gouvernement de vite agir pour que le Bénin soit doté d’un Plan d’action nationale de lutte contre la maladie d’hépatite, d’un programme national de lutte contre la maladie d’hépatite. Le souhait de l’Aboschvi est de voir l’Etat rendre obligatoires gratuits à tous les niveaux de dépistage, la vaccination et le traitement de la maladie. Au PTFS, il leur a demandé d’accompagner l’Etat Béninois à honorer son engagement. Le thème retenu au plan mondial est : « Connaitre l’hépatite, agir maintenant ».
Satisfecit décerné au professeur Kodjoh !
Le représentant du Représentant résident de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) au Bénin, Dr Télesphore Houansou a indiqué qu’à travers ce thème, l’Oms invite instamment les pays à prendre des mesures hardies pour améliorer les connaissances sur la maladie et développer l’accès aux services de dépistage et de traitement. Face au ravage qu’entraîne l’hépatite dans le monde, l’Oms n’est pas restée les bras croisés, a-t-il fait observer. Le processus d’érection d’une unité de lutte contre l’hépatite au sein du PNLS est en cours suite à l’atelier de dissémination régionale des nouveaux guides de l’Oms sur la prévention , les soins et le traitement pour le Vih et les hépatites tenu en mai 2016 à Douala au Cameroun. Cette initiative permettra de donner une nouvelle dimension à la prévention et au traitement de l’hépatite au Bénin. Dans cette optique, M. Houansou estime qu’il est important de développer l’accès aux services et aux médicaments pour ceux qui en ont besoin et d’agir avec célérité pour mettre un terme aux décès évitables dus à l’hépatite. Pour finir, il précise que l’Oms compte sur le Ministère de la santé et sur les Ptfs pour lutter efficacement contre l’hépatite au Bénin. Le Représentant du Ministre de la santé, le Directeur de cabinet, Lucien Toko ouvrant officiellement la journée, est revenu sur les statistiques de la maladie. Pour lui, l’Aboschvi dont le fondateur est le Professeur Nicolas Kodjoh, et le Point Focal Bénin de l’Initiative Panafricaine de Lutte contre l’Hépatite (IPLH) font trop pour la lutte contre l’hépatite au Bénin. Avant donc de décerner un satisfecit au Professeur Kodjoh, il a nourri l’espoir que le Bénin soit au rendez-vous de 2020. Il faut dire qu’après la cérémonie inaugurale, il y a eu une conférence inaugurale donnée par le Professeur Nicolas Kodjoh sur « Eliminer l’hépatite. Mythe ou réalité ? » Par la suite, il y a eu des enseignements post-universitaires (Epu) au profit du personnel de santé (médecins, pharmaciens, chirurgiens, dentistes infirmiers, sages-femmes, techniciens de laboratoire..) sous le contrôle scientifique de la société nationale d’hépato-gastroentérologie. Pas mal d’activités se sont enchainées. Entre autres, le dépistage des hépatites virales B et C, l’instance des conseils du professeur Kodjoh sur la conduite à tenir devant une hépatite virale B ou C. Il faut dire que c’est avec satisfaction que le public qui a effectué le déplacement au Chant d’oiseau est reparti.
Une panoplie d’actions jusqu’au 10 août
Aux dires de M. Romuald Dovoesssoun, après la cérémonie d’ouverture, l’Aboschvi mène une série d’actions urgentes jusqu’au 10 août 2016 pour focaliser l’attention des béninois pour l’élimination de l’Hépatite. Le dépistage gratuit de l’hépatite C à Cotonou se fera le 28/07/2016, Porto-Novo, 29/07/2016, Natitingou 09/08/2016 et Parakou à 10 /08/2016. Des campagnes de sensibilisation de proximité seront organisées sur les bonnes pratiques pour impacter 25 communes du Bénin. Enfin, viendra une série de rencontre de plaidoyer avec les décideurs politiques et les Ptf.
ELIMINER L’HEPATITE AU BENIN, MYTHE OU REALITE
Conférence présentée par Nicolas KODJOHDocteur en Médecine.
Professeur Titulaire des Universités Nationales du Bénin, Spécialiste des Maladies Digestives et du Foie, Point Focal Bénin de l’Initiative Panafricaine de Lutte contre les Hépatites (IPLH)
Président de l’Alliance Béninoise des Organisations de la Société Civile contre les Hépatites Virales (ABOSCHVi).
INTRODUCTION
L’hépatite est une inflammation des cellules du foie. Les causes sont multiples: essentiellement les virus A, B, C, D et E des hépatites, mais aussil’alcool, les médicaments, les surcharges en graisse…
Les infections par les virus B et Crevêtent une gravité particulière en raison du risque de passage à la chronicité avec les complications qui en découlent : cirrhose, cancer du foie. Elles représentent une menace mondiale pour la santé publique du fait de leur mortalité et de leur morbidité.
En effet, on estime que 400 millions de personnes souffrent d’hépatites chroniques B et C dans le monde. Au Bénin, avec des taux de prévalence de 9,9 % et de 4,12 % respectivement pour l’hépatite B et l’hépatite C, environ 1 300 000 personnes seraient atteintes, soit une personne sur 7. Les hépatites virales occupent la seconde place dans le classement des endémies infectieuses selon leur mortalité (Tableau 1).
Tableau 1 : Mortalité des principales endémies infectieuses mondiales
(Source : OMS mai 2014)
Ce tableau montre que les hépatites tuent dans le monde plus de personnes que la tuberculose et plus de personnes que le paludisme.
POUVOIR PATHOGENE DES VIRUS DES HEPATITES B ET C
Le pouvoir pathogène est la capacité d’un agent microbien à pénétrer dans l’organisme et à provoquer une maladie.Parmi les germes responsables des grandes endémies infectieuses, le virus de l’hépatite B est :
* 10 fois plus contagieux que le virus C
* 100 fois plus contagieux que le VIH/SIDA
Cette contagiosité élevée est due aux caractéristiques du germe. Le virus B est présent à des concentrations élevées dans le sang, le sperme et les sécrétions vaginales. On le trouve aussi dans la salive, les larmes, les sécrétions nasales et les urines. Il peut survivre et rester contaminant dans le milieu extérieur pendant au moins sept jours. Enfin, si la contamination par le virus C se fait par contact avec le sang, la contamination par le virus B peut se faire aussi par contact avec les autres sécrétions biologiques énumérées ci-dessus. D’où la nécessité de ne pas partager des objets de soins corporels (serviette, brosse à dent, rasoir, matériel d’épilation, gant de toilette…) lorsqu’on vit avec un porteur du virus B.
L’infection aiguë par le virus B ou le virus C passe généralement inaperçue.
L’infection devient chronique si elle persiste pendant plus de 6 mois. Elle peut alors évoluer silencieusement pendant plus de 20 ans vers des complications mortelles (cirrhose, cancer du foie).Les hépatites B et C sont la première cause de cancer du foie dans le monde et au Bénin.
* Pour l’hépatite C, le risque d’évolution chronique est de 60 à 80 %.
* Pour l’hépatite B, le risque de passage à la chronicité dépend de l’âge du sujet au moment de l’infection (Tableau 2).
Tableau 2: Risque de devenir porteur chronique du virus B en fonction de l’âge au moment de l’infection (source : OMS)
Le risque de devenir un porteur chronique du virus est donc maximal quand l’infection survient à la naissance et dans la première année de vie. Ce sont les enfants qui contractent tôt la maladie dans leur vie qui sont le principal réservoir de virus.
LES MOYENS POUR L’ELIMINATION DES HEPATITES VIRALES B ET C
Malgré la menace que représentent les hépatites pour la santé publique dans le monde, ces maladies souffrent encore en Afrique en général et au Bénin en particulier d’un manque chronique de sensibilisation et de politique de priorisation.Le peu d’intérêt qui leur est accordé dans les programmes nationaux de santé explique la persistance lancinante et l’extension de ces endémies malgré l’existence de moyens efficaces de contrôle et de traitement. La Stratégie Globale Mondiale du Secteur de la Santé pour la période 2016 – 2021 en vue de l’élimination de l’hépatite à l’horizon 2030 adoptée parl’Assemblée Mondiale de la Santé en mai 2016 marque un tournant dans la prise de conscience de la communauté internationale. Les actions proposées peuvent être résumées comme suit :
2.1. Vaccination contre l’hépatite B
* Vaccination de tous les nouveau-nés dans les 24 heures suivant la naissance (prévention de la transmission verticale mère-enfant);
* Couverture vaccinale de tous les enfants par 3 doses de vaccin
* Vaccination des sujets-contacts (Prévention de la transmission horizontale)
La stratégie vaccinale comportant une dose de vaccin monovalent chez les nouveau-nés dans les 24 heures suivant naissance est la plus appropriée et peut conduire à l’élimination de l’hépatite B en une vingtaine d’années, et donc à réduire significativement la morbidité et la mortalité dues au cancer primitif du foie.
2.2. Sécurité du sang et des injections
* Dépistage systématique des hépatites B et C chez tous les donneurs de sang avec assurance-qualité ;
* Sécurité des injections :
Utilisation de seringues et d’aiguilles à usage unique
Utilisation de matériel à usage unique pour les actes entrainant une effraction cutanée : scarification, tatouage, circoncision, acupuncture, piercing…
Respect des précautions universelles d’hygiène dans les procédures de soins et dans l’exécution de tout acte avec effraction cutanée.
2.3. Réduction des risques de transmission des hépatites
* Sensibilisation de la population générale aux pratiques à risque de contamination :
transfusion de sang et de dérivés sanguins infectés
injections pratiquées avec des aiguilles souillées,
effraction cutanée par un objet souillé par du sang contaminé (scarification, tatouage, circoncision, acuponcture, piercing…)
inoculation accidentelle par piqûre (personnel de santé et de laboratoire) ou par injection (toxicomanie)
Rapports sexuels avec des partenaires occasionnels ou multiples.
Partage d’objets de soins corporels d’une personne atteinte d’hépatite (rasoir, brosse à dent, éponge et serviette de toilette, matériel d’épilation…) avec d’autres personnes.
* Dépistage
Il s’adresse essentiellement aux sujets à risque :
enfants nés de mères atteintes d’hépatite B
entourage d’un sujet atteint (personnes vivant sous le même toit).
personnel soignant
personnel de laboratoire
personnes transfusées ou ayant reçu des dérivés du sang
hémodialysés
personnes ayant reçu des injections parentérales avec des aiguilles souillées
les bénéficiaires d’actes avec effraction cutanée (scarification, tatouage, piercing, acupuncture…)
usagers de drogues
pensionnaires des d’hôpitaux psychiatriques et personnes vivant en garnison
homosexuels
travailleuses du sexe.
Personnes ayant des partenaires sexuels multiples
Personnes vivant avec le VIH
En pratique, dans les pays d’endémie élevée comme le Bénin, et comme 95 % des personnes atteintes d’hépatite B ou C ignorent leur maladie (endémies silencieuses), le dépistage s’adresse à tout le monde..
2.4. Traitement
Contrairement à l’idée largement répandue selon laquelle il n’y a pas de traitement efficace pour les hépatites en médecine conventionnelle, il existe des molécules très efficaces actuellement disponibles au Bénin pour le contrôle et la guérison des hépatites.
* Hépatite B
Les molécules actuellement disponibles au Bénin sont :
L’interféron alpha pégylé en traitement à durée déterminée de 48 semaines
Le ténofovir en traitement à durée indéterminée
Le traitement permet la régression des lésions d’hépatite, empêche l’évolution vers les complications et améliore la qualité de vie des malades.
* Hépatite C
La bithérapie associant l’interféron alpha pégylé, de maniement difficile et de tolérance médiocre, et la ribavirine utilisés depuis 2010 sont remplacés depuis janvier 2016par les anti-viraux d’action directe..
Les anti-viraux d’action directe.
Les molécules actuellement disponibles au Bénin sont
- Le sofosbuvir
- L’association sofosbuvir-ledipasvir.
Ces médicaments sont extrêmement puissants et ont par ailleurs l’avantage d’être très bien tolérés. Le prix extrêmement élevé de ces molécules les met hors de portée du budget des ménages et de l’Etat. Mais Les plaidoyers soutenus et les longues négociations des acteurs de la lutte contre les hépatites virales en Afriquedont le Point Focal Hépatite Bénin (Professeur Nicolas Kodjoh) en direction des fabricants ont permis d’obtenir la cession de ces produits aux Etats africains dont le Bénin à moins de 10 % de leur prix de vente en Europe et en Amérique du Nord.
Le traitement dure généralement 12 semaines avec un taux de guérison supérieur à 95 %.
RESULTATS ATTENDUS
La Stratégie Mondiale du Secteur de la Santépour la période 2016-2021 définit les objectifs clés suivants, et sa mise en œuvre dans chaque pays permettra d’éliminer les hépatites B et C comme menaces pour la santé publique d’ici l’an 2030 :
* 90% des nourrissons reçoivent une dose du vaccin monovalent anti – hépatite B à la naissance ;
* 100% des dons de sang sont testés ;
* 90% des injections sont sécurisés ;
* 90% des personnes atteintes ontconscience de leur maladie ;
* 80% des malades sont traités.
L’impact sur l’élimination est le suivant :
* Réduction de l’incidence des hépatites chroniques B et C de 90 %;
* Réduction de la mortalité liées aux hépatites B et C de 65 %
Par ailleurs 7,1 millions de vies seront épargnées pendant cette période.
Le concept de l’élimination de l’hépatite n’est donc pas un mythe, mais bien une réalité. L’élimination de l’hépatite peut être obtenue au Bénin ; cela ne dépend que de la volonté politique du gouvernement.
LES PRIORITES DU BENIN POUR L’ELIMINATION DE L’HEPATITE
Pour prendre part à la Stratégie Globale Mondiale du Secteur de la Santé pour l’élimination de l’hépatite à l’horizon 2030, le Bénin doit se doter d’un Plan Stratégique National de lutte opérationnel 2016-2021 en vue de l’adaptation et de la mise en œuvre des recommandations 2016 de l’OMS pour la lutte contre les hépatites.
Pour ce faire, les problèmes prioritaires urgents à régler pour le Bénin.
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