Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aCotonou.com NEWS
Comment

Accueil
News
Education
Article
Education

L’expérience des cybers café au Bénin : entretien avec Karl Martial NASSI, enseignant à l’université d’Abomey-Calavi, sociologue du développement
Publié le vendredi 5 aout 2016  |  La Nouvelle Expression
L’Université
© Autre presse par dr
L’Université d’Abomey-Calavi (UAC) de Cotonou




Les cybers café sont des lieux de rencontres par lesquels le peuple communique beaucoup ces dernières années à travers Internet. Afin d’en savoir davantage sur la situation au niveau de ces lieux, nous nous sommes rapprochés d’un sociologue pour en savoir plus sur ce qu’on peut retenir de l’expérience des cybers café dans notre pays, le Bénin.

Nouvelle Expression : Combien coûte l’installation d’un cyber café au Bénin?

Karl Martial NASSI : Pour ne pas être véritablement dans le domaine, je ne peux pas dire a priori combien coûterait l’installation d’un cyber café au Bénin, mais je sais que c’est un projet qui dépend du nombre d’ordinateurs qu’on veut utiliser. Je suppose que ça peut commencer à partir de deux, voire cinq millions de francs CFA.

A quand remonte la prolifération des cybers café au Bénin ?

Il faut d’abord dire que c’est venu au Bénin à un moment, à une époque où très peu de personnes avaient accès à l’internet, à l’ordinateur, donc pour les premiers cybers que je connaissais, ça peut remonter à l’année 2002, mais cela a commencé par prendre surtout de l’ampleur à partir de 2005 voire 2006 et après, dans l’espace béninois. Il faut dire aussi que c’est quelque chose qui est salutaire, car cela est venu démocratiser l’accès à l’internet, l’accès à l’ordinateur. Qu’il vous souvienne qu’avant cette période-là, l’accès n’était pas facile à tout le monde, surtout pour ceux de la classe moyenne. C’était réservé à des personnes de la classe aisée. Et je peux dire que les cybers café sont devenus un lieu de rencontres, de communication, d’échange, un espace de dialogue, un lieu de coprésence entre toutes les couches socio professionnelles et de plus, c’est un espace communautaire.

L’existence des cybers café a-t-elle contribué à la vulgarisation des TIC ?

Bien sûr, les cybers café ont contribué à la vulgarisation des TIC, car cela a servi de tremplin, surtout avec la question d’accessibilité, parce qu’en ce moment avec déjà 500F vous pouviez vous offrir une connexion d’une heure pour une navigation. Les prix variaient un peu mais c’était accessible plus ou moins à tous, pourvu que vous soyez initié, et même les non-initiés pouvaient se faire initier dans cet espace de communication.

Aujourd’hui avec l’utilisation des smartphones et des androïdes, est-ce que les cybers café continuent de faire des recettes ?

Malheureusement pour ce qu’on constate, l’engouement qu’on connaissait à une certaine époque a diminué. Aujourd’hui avec les smartphones vous pouvez avoir accès à l’internet. Donc on peut dire que d’un espace communautaire, aujourd’hui on est venu à une utilisation de l’internet sous forme individuelle. L’individu, juste avec son propre portable, se connecte. Plus nécessaire d’aller vers les cybers café qui étaient des espaces communautaires. Donc, oui, les cybers café ne font plus de recettes en tant que tel.

Mais nous constatons que malgré cela, les jeunes y vont toujours

Oui, on continue de voir que les cybers café reçoivent toujours des gens, mais reconnaissons que la clientèle a changé, parce qu’on voit d’autres types de jeunes dans ces espaces de nos jours. Ce ne sont plus ceux qui allaient pour faire des rencontres et qui allaient par passion pour mieux découvrir l’internet. Aujourd’hui ce ne sont plus des jeunes qui allaient par passion et autres, ceux qui y vont maintenant y vont pour d’autres buts, et c’est ceux-là qu’on appelle les ‘’gay men’’ et en termes scientifiques les cybercriminels. Donc, ceux qui y vont, n’y vont plus pour les utilisations d’ordre ludique et scientifique d’antan.

Toute chose ayant ses avantages et ses inconvénients, ne pensez-vous pas que c’est l’avènement des cybers café qui a favorisé la naissance des ‘’gay men’’ ?

Bon, est-ce que c’est la naissance des cybers café ? Puisque l’internet existait bien avant l’existence des cybers café. Mais quand nous étudions un peu cette histoire au départ, ce ne sont pas les Béninois qui s’adonnaient à cela, c’était plus des étrangers et autres qui allaient dans les cybers café pour travailler minutieusement et communiquer. C’est l’utilisation que les acteurs en ont faite qu’il faut dénoncer, sinon le projet en lui-même est un bon projet car les gens viennent pour communiquer, échanger et autres, mais ce sont les acteurs qui ont transformé l’espace et en ont fait autre chose. Donc on ne peut pas dire que c’est les cybers café qui ont favorisé la naissance des ‘’gay men’’, car un cyber a un administrateur pour réguler les choses.

Comment voyez-vous l’avenir des cybers café au Bénin avec les forfaits que nous offrent les réseaux GSM ?

Je fais partie de ceux-là -et sociologue que je suis- qui sont attachés aux valeurs communautaires, parce que nous voyons un peu ce qui se passe dans le monde avec le phénomène d’individualisation à outrance, où ça mène. Donc, je suis pour la pérennisation des cybers café, mais malheureusement c’est de plus en plus délaissé car l’individu aujourd’hui, avec son portable, le fait ; ce qui est unidirectionnel. Or dans un cyber on a la possibilité de faire d’autres rencontres en plus du contact virtuel que nous offre l’internet

Des conseils à l’endroit des gérants des cybers café, aux jeunes et aux parents ?

Je pense qu’il faut réorganiser ce secteur d’activité et savoir réellement quels sont les réels besoins de la clientèle. Ce que je propose est qu’il y ait une nouvelle structuration pour s’adapter à la clientèle qui n’est plus la même qu’auparavant. Je dois aussi dire aux jeunes qui s’adonnent à ce système que c’est bien d’être dans le factuel, mais qu’il faut savoir ce qui est bon et ce qui est mal. Je dois demander aux parents de se sacrifier pour l’éducation des enfants, car c’est le non-suivi de l’éducation qui contribue à ces phénomènes de ‘’gay men’’ et aux taux d’échec que nous avons eus cette année scolaire à nos différents examens, parce que, entre les deux parents quelqu’un doit se sacrifier pour l’éducation des enfants.

Flavien ATCHADE (Stg)
Commentaires