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Déguerpissement des fleuristes à Cotonou: Pour la ville, nous détruisons
Publié le samedi 3 septembre 2016  |  La Nation




Installés depuis des lustres, le long du pan Est de la clôture de l’aéroport international Bernadin Cardinal Gantin de Cadjèhoun, des fleuristes ont été déguerpis jeudi 1er septembre sur ordre de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique (Asecna). Pour les indélicats du jour, la pilule, quand bien même administrée selon les règles en la matière, reste amère et destructrice.

Des maniements d’une pelle mécanique hydraulique comme sur un chantier. Mais, c’est plutôt sur un terrain de fleurs. Dans l’atmosphère mi-sèche de l’après-midi du jeudi 1er septembre, l’engin détruit sans répit, l’installation-combien immense- des fleuristes à côté de l’une des palissades de l’aéroport international Bernadin Cardinal Gantin de Cadjèhoun. La scène suscite un attroupement aux abords de l’échangeur de Houéyiho. «Ça fait pitié !», «ce n’est pas normal !», «que de pertes ! ». Autant d’exclamations lâchées par les curieux. Cela décrit la désolation de ces fleuristes qui, regards larmoyants, assistent impuissants à ce coup de force de l’Asecna.

Pieds nus et pagne noué, Maman Isaac toise les acteurs du déguerpissement. Sous le choc, elle use d’un langage amer pour traduire son émotion. «C’est mauvais ce qu’ils font. C’est un péché», déclare-t-elle abattue. «Il y a une semaine, nous avons été informés par la mairie. Et voilà, qu’aujourd’hui, ils viennent avec leur bulldozer tout casser», explique-t-elle. En faisant allusion au programme de l’Etat «10 millions d’âmes, 10 millions d’arbres», un des spectateurs déplore l’agressivité utilisée dans le cas d’espèce pour «dévaster cet espace vert » sans une perspective claire de réinstallation des fleuristes. Le désarroi est palpable.

Bouche bée

De part et d’autre, différentes espèces de fleurs et d’arbres ainsi que leurs pots sont écrabouillés avec les va-et-vient de la pelleuse. Une horde d’agents de la police municipale et de la gendarmerie veillent au grain. Quelques clients veulent profiter de la situation pour payer à vil prix les fleurs.
Autrefois attrayant par sa beauté, l’endroit est dépourvu de son éclat en moins d’une heure. Cela suscite l’inquiétude de Yves Ariori, zémidjan assis sur sa moto. Il s’écrie: «Que vont-ils faire avec cet espace?, pourvu qu’ils l’entretiennent».
L’opération n’est pas inscrite dans le cadre du déguerpissement des vendeurs initié par la municipalité de Cotonou. Commanditée par l’Asecna, elle vise exclusivement les fleuristes. Retrouvée sur place et questionnée sur le sujet, l’équipe chargée de l'opération a adopté la règle de l’omerta pour s’extirper. «Adressez-vous à l’huissier», signifie l’un d’eux. Approché, celui-ci est également resté bouche bée.
Selon les informations recueillies sur place, l’Asecna avait exigé des fleuristes, l’observation d’un écart de six mètres entre leurs installations et la clôture de l’aéroport. Cette recommandation vieille de plusieurs années, n’a jamais été suivie d’effets.
Roland Afanou un des fleuristes joue la carte de la franchise. « Je ne m’en souviens pas exactement mais cela fait plus de 15 ans qu’ils nous avertissent», reconnaît l’homme en sueur, s’affairant à déplacer vers le trottoir ses quelques objets épargnés par la casse.
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