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La chronique de Jérôme Carlos: L’allégorie de la vache sans queue
Publié le mercredi 28 septembre 2016  |  Le Confrère de la Matinée




La sagesse ancestrale l'a ainsi indiqué : à la vache sans queue, Dieu chasse les mouches. Pour dire que la nature veille, en quelque manière, sur les êtres et les choses. Mais attention : Dieu ne s'arme ni de bâton ni de fouet pour régler la circulation sur les autoroutes de la vie. Aux hommes de prendre leur responsabilité, de chercher de bonnes réponses aux questions que leur pose la vie. C'est le préalable à l'intervention de Dieu. C'est à cette seule condition qu'il aide à chasser les mouches enquiquineuses. Nous avons arbitrairement choisi quatre cas de concitoyens. Des Béninois qui auront bien besoin d'un regard d'amour, d'une main secourable pour se mettre à l'abri de ces mouches-là.

Nombreux sont nos compatriotes qui, chaque année et selon la formule consacrée, sont appelés à faire valoir leurs droits à une pension de retraite. Après plusieurs années de bons et loyaux services, ils méritent le repos du guerrier. Mais ils ne méritent pas qu'ils s'épuisent à épuiser ce qui leur reste de force dans un harassant parcours du combattant. Il faut gagner la bataille des pièces qu'exige une administration inutilement paperassière. Il faut vider ses poches pour huiler les circuits incontournables. Mais au compteur de la vie, on n'arrête pas le temps qui passe. Et il se passe souvent tant de temps que le jeune retraité, avant de toucher le premier sous d'une retraite devenue improbable, bat en retraite.
Comment appelle-t-on cela ? Un assassinat parfait. Mais il n'y aura ni faire-part ni messe de requiem, ni fleurs ni couronnes. On n'aura pas besoin de battre le rappel des parents, alliés et amis. Un homme s'en est allé, en silence, avec une grande douleur, privé de sa pension de retraite, victime de la méchanceté des siens. Paix à son âme.

Il y a le cas de ces jeunes filles qu'on afflige de l'appellation de filles-mères. Elles ont eu le malheur de mûrir trop tôt sous le soleil de la vie. Beaucoup sont rejetées par leurs familles. La plupart, quand elles sont scolarisées, ne retrouvent plus le chemin de l'école. Ce qui n'est pas le cas de leurs amants d'un soir. Elles sont stigmatisées, étiquetées comme de mauvais exemples à forte capacité de contagion et de contamination.

Voilà comment, croyant bien faire, nous défaisons des vies, nous broyons des destins. Combien sont-elles, dans notre société, ces filles-mères ? Allons-nous les rejeter ou les jeter dans les abimes de notre désolation et récrimination ? Il faut attendre de qui de droit une politique engagée et engageante qui aide à prendre, enfin, à bras le corps un problème social d'envergure.
Comment définir un incompris ? C'est quelqu'un dont les idées, les raisons, les visions, les attitudes ne sont pas partagées par ses proches, ses concitoyens. Parce qu'il est atypique. Parce qu'il sort du lot commun. Parce qu'il est au singulier, alors que tout autour de lui se conjugue au pluriel. Et pourtant, nous avons affaire à un être sain de corps et d'esprit.

Nous comptons, au sein de la collectivité nationale, des milliers d'incompris. La dure et difficile équation est de comprendre un incompris, en s'interdisant de le rejeter systématiquement, en s'efforçant de découvrir ses points de rupture, pour mieux apprécier les voies de son possible intégration harmonieuse. Il reste qu'un incompris peut être un surdoué exceptionnellement doté par la nature, largement en avance sur ses pairs. Il reste également qu'un incompris peut être un non conformiste. Quelqu'un qui refuse de hurler avec les loups. Quelqu'un qui s'interdit de jouer les moutons de Panurge. L'incompris peut être ainsi l'expression d'une forte personnalité, l'autonomie affirmée et revendiquée pour penser par soi-même et pour soi-même.
Enfin, les prisonniers du Bénin. Ils viennent de recevoir la visite de nos honorables députés. Au vu de leurs conditions de détention, nombre de représentants du peuple n'ont pu retenir leurs larmes. C'est dire que chaque jour que Dieu fait, nous côtoyons des drames humains. Ignorance ? Indifférence ? Inconscience ? Tout s'additionne et se combine pour écrire en majuscule notre complicité coupable. Pourquoi, dans l'Etat de droit que se veut être le Bénin, avons-nous tant de mal à mettre les choses à l'endroit ? Commençons par maintenir droites nos têtes, et le reste nous sera donné de surcroît.


Jérôme Carlos
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