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Présidentielle 2016 : Le coup de massue de Ayadji à Talon
Publié le lundi 10 octobre 2016  |  Matin libre
Jacques
© aCotonou.com par DR
Jacques Ayadji, syndicaliste béninois




(«Surgir, agir et disparaître est la vision d’un voleur» dixit le syndicaliste) Après une décennie de gouvernance hasardeuse, le Bénin s’apprête à choisir un autre président pour succéder à Boni Yayi. Une pléthore de candidatures s’annonce.

L’enjeu étant de taille, il est utile que s’instaure un véritable débat d’idées autour des potentiels candidats afin d’aider les Béninois dans leur choix. Fidèle à son engagement à contribuer à la pluralité de l’opinion votre quotidien La Nouvelle Tribune propose, sans nécessairement partager ses idées, l’appréciation de Jacques Ayadji, syndicaliste et activiste, Président du Mouvement ad hoc pour la réhabilitation de l’image du Bénin (Marib), sur l’actualité politique au Bénin. Invité de l’émission ‘’Version originale’’ sur Radio et Télévision Carrefour dimanche 4 Octobre dernier. Durant 90 minutes, il a passé en revue l’actualité au Bénin, notamment celle relative à la prochaine élection présidentielle qu’il ne souhaite pas pour février 2016 et fait des propositions à propos. La candidature très attendue de l’homme d’affaires Patrice Talon n’a pas échappé à ses commentaires qui bien que n’étant pas à prendre pour parole d’évangile valent la peine d’être lus. Lisez plutôt.

EXTRAIT

Vous avez repris sur votre page facebook une citation de George Orwell. Vous dites, « Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs n’est pas victime ! Il est complice».

Pourquoi cet intérêt pour une telle pensée ?

Parce que j’ai vu des gens de l’opposition qui pensent que c’est Patrice Talon qui peut être président de la république.

Il n’est pas un citoyen ? Est-ce qu’il ne remplit pas les conditions ?

Il a le droit constitutionnellement d’être candidat aux élections, et personne n’a le droit de l’en empêcher. Le jour où il y aura des velléités de l’empêcher d’être candidat, vous me verrez auprès de lui pour défendre sa candidature. Maintenant, lorsqu’on est patriote, on ne peut pas voter pour quelqu’un comme ça ! Il faut fouiller son histoire. Aujourd’hui nous voulons arrêter le système Yayi.

Mais le fabriquant de ce système c’est qui ? C’est Patrice Talon.

L’élection de Yayi Boni en 2006, ce n’est pas moi qui ai dit sur Rfi que j’ai mis mes moyens et mon carnet d’adresses au service de Boni Yayi pour qu’il soit élu président de la république. C’est Patrice Talon qui l’a dit sur Rfi. Et là on peut lui pardonner parce qu’on pouvait dire qu’il a agi par ignorance. Mais de 2006 à 2011, Yayi Boni a tout démontré au peuple béninois et aucun Béninois sensé ne peut émettre un vote positif sur Boni Yayi en 2011. Mais Talon a entériné le K.O. bien que le peuple béninois ait voté massivement contre Boni Yayi et pour le candidat unique de l’union fait la nation,

Les résultats officiels ont crédité Yayi, et par Ko. On devait s’y tenir.

Soyez là à vous en tenir aux résultats officiels. Lorsque que vous aurez la révolution je pense que vous allez courir de Bohicon pour aller où vous voulez. Lorsque le peuple s’exprime par un vote et que vous avez des institutions qui donnent d’autres résultats, il faut pouvoir dénoncer ça en temps réel pour ne pas nous amener là où on ne veut pas aller. Donc Patrice Talon a trouvé normal de faire tout ce qu’il a à faire pour que Boni Yayi nous soit imposé. Donc à partir du moment où il nous l’a imposé, c’est lui-même qu’il l’a dit après avoir dit dans son interview que déjà le premier mandat de Boni Yayi n’était pas satisfaisant, il faut alors lui demander pourquoi il a mis ses moyens pour nous imposer Boni Yayi en 2011.

Mais c’est le peuple qui a élu.

C’est le peuple qui est la Cour constitutionnelle ? C’est la Cour constitutionnelle qui a proclamé les résultats donnant Boni Yayi en 2011 comme le président du Bénin. Je le dis et j’assume parce que la Cour constitutionnelle n’a pas pour rôle d’aller établir une liste électorale. Et vous savez qu’en 2011 nous n’avons pas eu de liste électorale. Personne n’a pu nous donner le nombre d’inscrits. Avez-vous jamais vu une élection où il n’y a pas le nombre d’inscrits ? où Robert Dossou et ses amis ont eu l’outrecuidance d’écrire dans leur décision de proclamation des résultats des élections, « nombre d’inscrits relevé par la cour ». Ça veut dire que la Cour constitutionnelle de Robert Dossou s’est transformée en recenseur des populations pour pouvoir nous donner le KO. C’est la cour constitutionnelle qui a désigné Boni Yayi président de la république en 2011 en lieu et place de Me Adrien Houngbédji qui a été élu massivement par les populations. C’est une injure aux populations que d’avoir proclamé ces résultats là. Et Talon était d’accord avec ça, que le peuple soit floué de cette façon là. Et lorsque nous avons commencé par organiser la résistance, ils nous ont battus à sang à Cotonou. Je me rappelle encore comment on a menotté des députés. Est-ce que vous avez vu Talon réagir, lui qui joue aujourd’hui au démocrate ? Et quand on lui a donné le Pvi et que la résistance a commencé, qu’est-ce qu’ils ont fait ? Ils sont allés voter à l’Assemblée nationale une loi pour retirer le droit de vote aux douaniers et Talon est derrière tout ça. Il y a trop de choses. Aucun patriote ne peut déposer un vote positif à Talon parce qu’il a fait trop de mal à ce pays. Vous savez comment il a gagné les usines qu’il a un peu partout. Il n’a construit aucune. Voilà quelqu’un qui n’est pas encore président mais a pu tout régenter tout seul. Et il décide lui même d’autorité qu’il est le seul aujourd’hui à pouvoir rassembler tout le monde autour de lui. Non. C’est nous qui allons dire il faut qu’on fasse recours à tel ou tel. Mais c’est le contraire. C’est Patrice Talon même qui est resté à Paris et qui pense qu’au Bénin maintenant il n’y a personne pour diriger le Bénin et qu’il est la solution. Et il envoie des gens un peu partout dans le pays, flouer les paysans parce que le Bénin aujourd’hui est malade de son élite qui est très opportuniste.

Vous avez dit, un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre.

Bien sûr. Et nous sommes depuis 1990 en train d’oublier notre passé. Chaque fois on vote contre. Non. Le peuple béninois n’est pas à la recherche de celui qui peut battre quelqu’un. Il est à la recherche de qui peut lui donner le pain et la liberté. Et donc nous devons maintenant chercher à voter pour et non chaque fois chercher à voter contre y compris aller chercher Ebola pour guérir la tuberculose dont nous souffrons. Le Bénin aujourd’hui est un peuple qui souffre de la tuberculose, une maladie maitrisable, et nous avons pu trouver les moyens de nous guérir de cette tuberculose, en refusant de réviser la Constitution pour permettre au président de Boni Yayi de s’éterniser au pouvoir mais nous n’allons pas chercher Ebola pour remplacer Boni yayi parce que de mon point de vue, quitter la gouvernance de Boni yayi pour se soumettre à une gouvernance de Patrice Talon c’est faire recours à Ebola pour guérir la tuberculose, c’est catastrophique pour le pays.

Autrement il faut tout arrêter.

Il faut tout arrêter. Sinon aller aux élections en 2016, le 28 février, c’est reporter la crise. Vous voyez Patrice Talon qui fait un projet de société basé sur une constitution qui n’existe pas. C’est-à-dire « si je viens, je vais avoir un mandat unique, je vais équilibrer les pouvoirs des institutions, je vais diminuer le pouvoir du chef de l’Etat, je vais …. » C’est de l’escroquerie intellectuelle parce que tous les candidats aux élections présidentielles doivent nous dire ce qu’ils peuvent faire du pays avec la constitution qui est en vigueur qui est la constitution du 11 décembre 1990. Nous savons tous que cette constitution a de problème. Et s’il vient et il n’arrive pas à réviser la Constitution. Il a déjà trouvé la raison de son échec. Parce qu’il va vous dire gaillardement, mesdames et messieurs, je vous avais dit, voilà mes préalables pour réussir alors que le président de la république en tout cas selon la constitution du 11 décembre 1990 n’a pas tout seul les leviers pour réviser la Constitution sinon le président Boni Yayi aurait révisé cette Constitution.

Il y a des rumeurs dans le pays, qui disent que vous roulez pour Sébastien Ajavon. C’est l’occasion de le démentir ou de confirmer

D’abord, par principe je suis contre l’élection, non pas la candidature, des hommes d’affaires. Je suis contre le mélange des gains politiques et économiques. Vous ne me verrez jamais derrière un opérateur économique. Moi je suis derrière une candidate au Bénin, Célestine Zanou.

C’est la plus vertueuse.

Il n’y a pas d’homme parfait dans le Bénin.

Mais acceptez que Talon ne soit pas parfait aussi.

Vous ne pouvez pas ignorer que la personne a des défauts visibles et qu’il a posé des actes destructeurs…

N’oubliez pas l’homme est aussi changeant.

Non. Je suis désolé. Lorsque vous avez péché vous devez d’abord vous confesser. Vous avez vu Talon se confesser. Lorsque vous vous confessez devant le père, il vous donne l’acte de contrition et c’est après qu’il va voir si tu présentes les signes du repenti et le désir de changer et c’est à cette seule occasion que le prête vous donne ce que nous appelons dans la religion catholique l’absolution. Vous avez vu Talon reconnaître qu’il a péché contre ce pays en nous imposant par deux fois, par ses moyens, Boni Yayi ?

Et pourtant beaucoup disent qu’il reste actuellement le seul à pouvoir se présenter sans avoir besoin d’un parrain.

Oui. Qui a fait que les choses sont ainsi. Ce sont les hommes politiques qui ont montré au peuple que l’argent est Dieu que personne ne peut rien faire sans l’argent ; que pour poser un acte, il faut de l’argent. L’argent qu’il distribue à tout venant, il a trouvé ça où. Citez- moi ceux qui disent que c’est Talon qui est le seul à pouvoir être candidat sans un parrain, et je vous dirai ce que je pense d’eux. D’abord, un homme comme ça qui vient au pouvoir sans boussole, il sera dangereux.

Il a une vision quand- même

Sa vision c’est surgir, agir et disparaître. La vision d’un voleur. Ce n’est pas injurieux. J’analyse ce que les gens ont écrit. Ceux qui font de la communication pour Talon, ont dit que Talon va surgir, agir et disparaître. Qui fait ça, qui se comporte comme ça. Qui surgit chez les gens, vole les choses des gens et disparaît. S’ils sont sûrs que Patrice Talon va faire du Bénin une bonne chose, ils ne vont jamais décliner son projet de société en surgir, agir et disparaitre, parce que c’est le voleur qui se comporte comme ça. Si quelqu’un est obligé de disparaître après avoir agi c’est qu’il est conscient qu’il a posé de mauvais actes. Il faut pouvoir le reconnaître. Je n’ai pas inventé la trilogie là. Je fais le constat que c’est le voleur ou l’assassin qui se comporte comme ça. Ceux qui ont fait irruption dans un studio de télévision en France et qui ont tué, qu’est-ce qu’ils ont fait après. Un homme sensé qui veut diriger le Bénin ne peut pas dire que lui, il va surgir, agir et disparaître. C’est dangereux et je demande au peuple béninois de bien écouter ces gens-là parce qu’ils sont en train de prendre date pour dire que si nous venons au pouvoir, voilà ce que nous allons faire. Et si malgré ces signaux qu’ils nous donnent nous les prenons pour diriger le pays, ils nous auraient prévenus. Et moi je les remercie de leur communication parce qu’il n’y a pas de crime parfait. Comme ils sont vraiment dans une démarche de crime, ils ne voient pas tous les contours des concepts qu’ils sortent.

C’est quand-même le premier investisseur béninois qui a fait ses preuves.

Prendre les usines que d’autres ont construite c’est investir ? S’entendre avec le pouvoir en place et voler les usines de ceux qui les ont construire, c’est investir ? Dire que dans ses deux mains, concentré le poumon économique qu’est le port et prendre la douane en main pour pouvoir traquer ses concurrents sur le terrain. Vous savez ce que veut dire le Pvi qu’on avait donné à Patrice Talon, on lui a donné les moyens de tuer chacun de ses concurrents parce que c’est lui seul qui va savoir ce que les uns et les autres importent, c’est lui qui va fixer à ses concurrents ce qu’ils vont payer comme taxe de douane et autres. Je ne suis pas ici pour blaguer, c’est pour parler au peuple béninois. Nous parlons à Cotonou. Il faut que nous sortions pour parler aux autres surtout que nous apprenions que le maire Atrokpo, des rumeurs disent qu’il veut soutenir Patrice Talon. Je voudrais lui dire de ne pas flouer la population.

Quotidien Nouvelle Tribune du 8 octobre 2015
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