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plume libre : Le budget de l’illusion ?
Publié le mercredi 12 octobre 2016  |  Fraternité
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© 24 heures au Bénin par DR
Accueil triomphal à Patrice Talon dans les Collines




Patrice Talon dévoile le premier projet de loi de finances de l’Etat de son mandat. L’Exécutif de la rupture a explosé toutes les statistiques avec un budget de plus de 2010 milliards qui fait tomber le record détenu par le chantre de l’improbable émergence, Boni Yayi, l’homme du changement reconverti à l’idéologie de la refondation. Après une entrée en fanfare à la Marina, Talon marche sur les eaux et joue les cartes les plus ambitieuses.
Le chef de l’Etat avait agité le miracle et proclamé son rêve du Nouveau départ dans la République noyée dans la mare de l’illusion après la décennie du yayisme dominée par la chaine de coups d’éclat populistes et les effets d’annonce. L’épilogue du long feuilleton du règne cauri a d’ailleurs connu un exploit théorisé dans un budget de 1553 milliards voté par la représentation nationale en décembre 2015. Yayi fut d’ailleurs le premier à dépasser la barre des 1000 milliards dans une escalade budgétaire qui alimentait les chimères d’une gouvernance à polémique.
Talon n’a pas dégonflé la voile budgétaire au point même d’augmenter le volume des prévisions et de signer un projet de budget de plus de 2010 milliards. Le compétiteur né est génétiquement un homme de défi, et le montant faramineux colle à l’Adn de ce promoteur du Nouveau départ, qui décidément, s’est mis la pression. Sur les chantiers budgétaires, l’équipe de la rupture semble avoir fière allure, surtout que d’anciens ministres des finances Abdoulaye Bio Tchané et Pascal Irénée Koupaki sont des gisements d’expérience. L’actuel argentier Romuald Wadagni ne devrait en principe pas tourner en rond. Les 2010 milliards, expression financière de la politique du gouvernement, symbolisent le positionnement de la rupture.
Mais, les ressources ne tomberont pas du ciel. Il faudrait réussir le travail de mobilisation. Les prosélytes de la refondation étaient dans les nuages avec des budgets artificiels. Talon se coltine le fardeau de l’efficacité dans l’exécution du budget du Nouveau départ. Le gouvernement a désormais un impératif, celui de faire du réalisme budgétaire le socle de la gouvernance. Les rêvasseries érigées en mode d’emploi de la gestion du pouvoir ont montré leurs limites.
« Ce projet est en même temps réaliste et réalisable au regard de la volonté du gouvernement de réduire le train de vie de l’Etat, de renforcer la qualité de la dépense publique, d’instaurer dans tous les secteurs une meilleure gouvernance », rassure Koupaki. La vulnérabilité de notre économie aux chocs exogènes invite plutôt à diluer cette prétention et à refroidir les esprits. Gare au changement de priorités entre les phases de définition des orientations, de budgétisation et d’exécution du budget. Cette pratique est fatale à la gouvernance. Et puis, pour l’opérationnalisation des orientations économiques de la rupture, il faut veiller à la pertinence des actions phares des ministères.
Talon ne fait pas mystère de ses priorités : l’investissement pour une agriculture d’envergure, la promotion de l’industrie de transformation et la professionnalisation de l’artisanat, le développement du capital humain et des infrastructures ; le développement du tourisme, l’aménagement du territoire. Les ambitions sont nobles et légitimes. Yayi aussi rêvait grand. Talon fait le pari des 2010 milliards. La capacité de mobilisation des ressources reste la grande inconnue.
Sulpice Oscar GBAGUIDI
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