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Interdiction provisoire d’activités des associations estudiantines : Les arguments du gouvernement
Publié le mercredi 12 octobre 2016  |  Le Matinal
Marie-Odile
© aCotonou.com par Didier Assogba
Marie-Odile ATTANASSO, Ministre de l`Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique(a D) lors du Séminaire sur les objectifs du développement durable.
Cotonou, le 01septrembre 2016.Séminaire sur les objectifs du développement durable




Le Gouvernement n’entend pas reculer à propos de sa décision qui interdit toute activité aux associations d’étudiants dans les universités du Bénin, en at-tendant une réorganisation. Face à la presse hier, mardi 11 octobre 2016 à Novotel, Joseph Djogbénou, Marie-Odile Attanasso et Oswald Homéky ont été clairs. Pour eux, cette décision vise à sécuriser les campus et offrir de bonnes conditions d’études à tous les étudiants.

C’est Joseph Djogbénou, ministre de la justice, qui a planté le décor avec un ton de fermeté pour expliquer le contenu de cette décision : « La prérogative essentielle d’un Etat, c’est de prévenir toute atteinte à l’ordre public ». Pour étayer ce courage du Gouvernement, le Garde des sceaux indique que « La loi 1901, c’est la loi de la liberté d’association. Elle est une loi générale. Elle s’applique dans les conditions précisées par des décrets dans les secteurs spécifiques particuliers. La loi 1901 ne s’appliquera pas dans les lycées et collèges ainsi que dans les universités, les centres de santé, les endroits dans lesquels les militaires vivent. Pourtant, ces acteurs sont des citoyens bénéficiaires de la loi 1901 ». Dans son intervention, Oswald Homéky, ministre de la jeunesse pense qu’ « il était du devoir du Gouvernement de prendre une décision pour stopper la dérive et rassurer les uns et les autres ». Marie-Odile Attanasso dira, quant à elle, que cette interdiction d’activités des associations estudiantines est avantageuse pour tous : « Nous devons comprendre la décision qui a été prise. C’est dans le bien de tout le monde ». Joseph Djogbénou va plus loin dans les explications et rassure que rien n’est encore définitif : « S’il y a interdiction d’activités, par essence, cette interdiction ne peut qu’être temporaire ». Pour lui, « C’est avec les responsables d’étudiants ; des personnalités du monde universitaire ; les enseignants que le Gouvernement prend des dispositions pour encadrer ».
Le Gouvernement béninois, selon le ministre de la justice, veut offrir les meilleures chances, sans aucun obstacle, à celles et ceux qui n’ont pas la possibilité d’aller ailleurs. Et c’est pour cela, justifie-t-il, que cette responsabilité tient au fait que tout ce qui peut empêcher le progrès, l’évolution des plus jeunes soit évité. « Le faire, ce n’est pas faire reculer la liberté. C’est faire avancer la jeunesse », va-t-il marteler pour dire que cette décision a été prise courageusement et le gouvernement comprend les émotions et les craintes. « Qui craint de souffrir, souffre déjà de ce qu’il craint. Nous soufrons beaucoup plus de craintes que de la réalité », a dit Joseph Djogbénou.

Aucune entrave aux libertés

« Indiquez bien que la liberté est fondamentale. Elle n’est fondamentale et fondamentalement assurée que si l’Etat offre la possibilité à chaque acteur, à chaque citoyen de l’exercer complètement… La liberté, c’est le vent. On ne peut l’attraper, même on en a l’intention, par la main… On sait bien que l’espace universitaire est l’encrage essentiel de la lutte pour la liberté. Il n’appartiendra pas à ce gouvernement de porter atteinte aux règles fondamentales proté-geant la liberté de chacun et la liberté de tous ». Ainsi raisonnait le ministre de la justice qui a reconnu que ce gouvernement est le produit des conquêtes les plus éminentes sur les questions de liberté.

Faut-il prendre des Décrets pour limiter l’expression par les syndicats de leurs libertés ? En réponse à cette question des journalistes, Djogbénou a précisé que « les syndicats sont des hommes et des femmes qui assument la vie quotidienne ; qui assument leur propre vie. L’Etat, le Bénin n’a qu’une seule res-source : c’est la jeunesse. Le Bénin n’a pas de pétrole ; le Bénin n’a pas de res-sources substantielles fortes ; le Bénin a une jeunesse, les moins de 25 ans font plus de 65%. C’est de la responsabilité du Gouvernement de mettre tout en œuvre pour que chaque jeune béninois gagne lorsqu’il est en compétition avec un Chinois. C’est de mettre toutes les ressources. C’est de mettre tout l’encadrement en œuvre. Nous avons dans la sous-région, le plus fort taux d’attractivité dans nos universités. Il y a plus d’étudiants au Bénin, relativement à notre population que partout ailleurs. Nous avons une responsabilité. Ceux qui interviennent, posez-leur la question de savoir où sont leurs enfants ? Les enfants de celles et ceux qui interviennent, qui considèrent que la liberté est bafouée ; que le gouvernement viole tous les droits….. ; réfléchissez, posez-leur la question. La réponse serait plutôt le Canada ; la Belgique. Parmi les 100 mille Béninois inscrits à l’Uac et les 20 mille de Parakou, posez-vous la question de savoir combien ont la capacité, le pouvoir d’aller étudier en Belgique, au Canada ? Nous avons un choix à faire : entre laisser certaines personnes importer cette culture martiale, la renforcer ou offrir la possibilité de voir ces enfants évoluer au Bénin ».

Vers une seule association faitière ?

Les ministres n’ont pas été directs. Mais ils ont tenu des discours qui dévoilent le plan. « Ce climat d’insécurité est dû au fait qu’il y a au moins trois associa-tions faitières qui se disputent la priorité sur le campus… A partir du moment où il y a trois associations faitières, c’est difficile de négocier. Lorsque vous né-gociez et qu’une association est d’accord, les deux autres ne sont pas d’accord…Nous avons des rapports administratifs déposés par le Cous qui montrent comment ces trois associations, pour un partage d’espaces, se font la guerre. Sur le campus, il existe des associations qui ont des machettes ; des couteaux ». Ces déclarations de la ministre de l’enseignement supérieur indiquent déjà la prochaine direction que le ministre Oswald Homeky n’aura pas pu voiler dans ses propos : « Ce qui va se passer après, c’est ce que les responsables des associations d’étudiants, eux-mêmes ont souhaité depuis longtemps, à savoir : comme les autres pays de la sous-région, il serait intéressant pour nous, aussi bien pour les étudiants que pour le gouvernement qui a besoin d’avoir un interlocuteur, d’avoir pour l’ensemble des universités, une et une seule association faitière. Les avantages liés à l’installation d’une association faitière sont connus des étudiants eux-mêmes…Et ces avantages ont été présentés par les étudiants eux-mêmes ».

Félicien Fangnon
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