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Appui du PADA et du PPAAO aux producteurs: Les financements agricoles, un rempart contre la pauvreté
Publié le mardi 18 octobre 2016  |  La Nation






Des producteurs et agriculteurs bien formés, outillés, équipés, bénéficiant de financements sont à même de se soustraire à la précarité et de se hisser au rang d’acteurs économiques, contribuant substantiellement au développement. Le Programme cadre d’appui à la diversification agricole (PROCAD) l’a si bien compris qu’il fait du financement en milieu agricole, un de ses leviers essentiels. Lundi 17 octobre, date retenue pour la célébration de la Journée internationale pour l'élimination de la pauvreté, ledit projet s’est associé à la Banque mondiale pour une visite de terrain qui leur a permis de toucher du doigt les impacts des financements sur l’activité et la vie des bénéficiaires.

Dans la localité de Zinvié-Zounmê dans la commune d’Abomey-Calavi, dame Eugénie Faïzoun passe comme un exemple de réussite qui inspire plus d’un. La cinquante révolue, elle totalise plus d’une vingtaine d’années d’expérience dans le domaine de la pisciculture et s’affiche aujourd’hui comme une personne ressource dont l’expertise est de plus en plus sollicitée. Partie sur des moyens de bord, «sans formation ni grands moyens», elle a franchi les barrières pour devenir au bout de quelques années, un pisciculteur épanoui. Son bonheur lui est surtout venu du Projet d’appui à la diversification agricole (PADA) qui lui a octroyé un financement de 14.636.500F CFA contre un investissement personnel de 4.390.950F pour l’installation d’une unité de production d’alevins de Tilapia monosexe mâle et de Clarias lazera. Cette activité, elle dit l’avoir démarrée avec des moyens de bord et de nombreuses difficultés et une incapacité à faire face à la forte demande sur le terrain. Mais avec l’appui du PADA, sourit-elle, tout est allé vite.

Les prouesses des bénéficiaires

Aujourd’hui installée sur un site de quatre hectares avec 21 étangs couvrant une superficie de 5230m², Eugénie Faïzoun peut aussi revendiquer sur son site, 16 bassins, 5 bacs hors sol, un lac artificiel en cours de création, un forage, une écloserie, une provenderie, un château d’eau… autant d’infrastructures acquises grâce à cet important financement qui lui a permis de booster sa production.
D’une capacité initiale de 20.000 à 25000 alevins, elle dit être passée aujourd’hui à 125.000 alevins de Tilapia et 75 alevins de clarias. Du coup, elle a rallié à sa cause la plupart des producteurs de la zone qu’elle dessert en alevins. Et bien au-delà de son périmètre de travail, elle reçoit de nombreuses sollicitations en raison de la qualité des alevins produits sur son site. Autant de choses qu’elle justifie par la qualité de l’aliment qu’elle produit aussi sur son site. Si, il y a quelques années, comme nombre de pisciculteurs, elle se voyait dans l’obligation d’importer l’aliment qui lui revenait à environ 800F le kilogramme, aujourd’hui, Eugénie Faïzoun produit elle-même un aliment de meilleure qualité qu’elle revend à 300F le kilogramme.
Lundi 17 octobre, date retenue pour la célébration de la Journée internationale des Nations Unies pour l'élimination de la pauvreté, elle reçoit sur son site, la visite d’une délégation conjointe PROCAD-Banque mondiale avec qui elle partage ses exploits. Outre sa production d’alevins, les poissons élevés sur son site forcent l’admiration. Certains parmi eux pèsent 500g et constituent une autre source de revenus pour Eugénie Faïzoun qui dit devoir son bonheur au PADA. Pour elle, le temps de galère se conjugue au passé et c’est avec sourire qu’elle énumère quelques-unes des réalisations faites pour son bien-être personnel et pour sa postérité, grâce à cette activité qui, dit-elle, lui assure une vie paisible.
L’Union communale des producteurs d’ananas de
Tangbo-Djèvié vit au rythme de la modernité. Souriant et confiant, son président Daniel Koudéssa explique comment les siens et lui sont passés du mode de production paysanne de l’ananas à une nouvelle technique : celle de l’usage du film polyéthylène. Laquelle leur permet de gagner sur toute la ligne de la production sans gros efforts. Le premier gain, illustre-t-il, est relatif à la main d’œuvre. Avec la méthode paysanne, il fallait désherber au moins six fois le champ d’ananas pour permettre la croissance de la culture. « Avec l’usage film polyéthylène, c’est zéro sarclage et l’ananas croît plus vite», indique le président de L’Union communale des producteurs d’ananas de Tangbo-Djèvié.

L’ananas fait des heureux à Tangbo-Djèvié

Réduction du coût, du temps de travail, de l’effort physique et humain, forte rentabilité… constituent les atouts de la nouvelle technique que vante Daniel Koudéssa. Pour lui, l’usage film polyéthylène vient comme pour soulager et sauver les producteurs d’ananas. Les premiers résultats de cette technique, ont tellement eu d’échos que nombre de producteurs et d’ouvriers qui avaient délaissé les périmètres verts pour d’autres occupations reviennent à la terre, se réjouit-il aussi. Mais ce qui fait davantage la joie des membres de l’Union communale des producteurs d’ananas de Tangbo-Djèvié, c’est surtout l’accompagnement du PADA. Ils ont bénéficié d’une subvention de 13.235.600F CFA de la part du projet contre un apport personnel de 5.672.400F CFA. Ce qui leur a permis d’emblaver cinq hectares d’ananas, variété pain de sucre.
Non loin de là, la Plate-forme d’innovation du jus d’ananas IRA fait une expérimentation qui apporte de l’eau au moulin des défenseurs de la culture d’ananas avec l’usage de film polyéthylène. Les trois techniques de production d’ananas, que sont la pratique paysanne, le technique de la culture avec le film polyéthylène et l’usage de l’herbicide, sont expérimentées sur trois différents périmètres. Mais déjà à mi-parcours, certifie l’agent d’encadrement Nina Déssovassi, la culture avec le film polyéthylène est porteuse de tous les espoirs. Elle s’est révélée, selon ses explications, la plus idoine pour lutter contre l’herbage des champs d’ananas, facteur essentiel pour de bons rendements. Les producteurs de Tori, Zè, Allada et Toffo en raffolent de plus en plus, soutient l’agent d’encadrement. Des résultats probants qui ont convaincu les responsables de cette plate-forme à s’engager pour l’extension de cette technique. Pour la saison à venir, ils disent avoir déjà commandé et stocké le film polyéthylène pour une superficie de 30 hectares.

Les efforts du PADA et du PPAAO

A ceux qui s’interrogent sur le rapport entre la réduction de la pauvreté et les apports du Projet d'appui à la diversification agricole (PADA) et du Programme de productivité agricole en Afrique de l'Ouest (PPAAO), Bertin Adéossi, ingénieur agronome, coordonnateur du Programme cadre d’appui à la diversification agricole (PROCAD) qui englobe les deux projets supra cités répond qu’il existe un lien évident. Ces deux projets, explique-t-il, ont des points communs et «contribuent à restaurer et à améliorer la productivité au champ, à valoriser les filières à travers la transformation en donnant des plus-values pour certaines filières phares comme l’anacarde, l’ananas, le maïs, le riz, la pisciculture».
Le PADA est un projet local et le PPAAO, un projet régional qui réunit treize pays de l’Afrique, ajoute-t-il. Il y a donc soutient Bertin Adéossi, une convergence des points de vue vers une amélioration de la technologie et les projets évoluent à travers plusieurs composantes dont la plus importante est l’adoption et la diffusion de technologies améliorées. Pour lui, c’est seulement à travers ces technologies qu’on peut développer le secteur agricole et par ricochet, agir pour inverser la tendance de la pauvreté et assurer le mieux-être en milieu agricole. Sur chacun de ces piliers, le PROCAD a travaillé, se satisfait-il. Pour s’en défendre, il évoque le cas de l’usine de fabrication de canettes implantées à Allada et appartenant à JEC Sarl.
Cette unité dont l’ambition est de réduire le coût de revient des emballages de conditionnement des produits agro-alimentaires ainsi que les délais de livraison des commandes en emballages de canette, tout en contribuant à la diminution de la rareté des emballages de conditionnement de fruits transformés a aussi obtenu l’appui du PADA. Le promoteur Jean Fonton a bénéficié d’une subvention de 49.500.000F CFA contre un apport personnel de 49.630.000F CFA pour l’installation de son usine sur une superficie de 0,25 hectare. L’un des plus gros clients de l’usine qu’est le promoteur de Promo fruits Bénin, fabriquant des jus de fruits IRA a aussi obtenu le soutien du PADA à hauteur de 23 620 000F CFA. L’apport du promoteur, Dieudonné Aladjodjo est estimé à plus de dix millions et la structure produit du jus d’ananas. Le lien entre tous ces acteurs qui ont fini par se constituer en une plate-forme, c’est qu’ils se rendent mutuellement utiles et au bout de la chaîne, chacun d’eux s’en sort gagnant et sans doute heureux aussi. La Société civile, notamment la Plate-forme des acteurs de la Société civile au Bénin (PASCiB) est très présente sur le terrain, indiquera son secrétaire permanent Ernest Pedro. Non seulement elle est présente, mais elle est aussi très impliquée et y joue une part active, note-t-il.
A travers cette visite effectuée sur ces sites dans le cadre de la célébration de la « End poverty day » 2016, les progrès du PADA et du PPAAO pour contribuer davantage à la réduction de la pauvreté au Bénin ont été mis en exergue, de même que les défis du secteur agricole.

Adieu la pauvreté !

Même s’ils ne disent pas d’avoirs considérables dans des banques, les bénéficiaires des financements du PADA et du PPAAO rencontrés dans la journée du lundi 17 octobre disent avoir tourné la page de la misère et de la pauvreté. Leurs besoins essentiels, ils prétendent l’assurer sans aucune difficulté et exhibent le bien-être de leurs familles respectives, tout comme l’accroissement de leurs activités comme des indicateurs d’une vie meilleure. A la base de ce bien-être, les financements obtenus de la Banque mondiale à travers les deux composantes du PROCAD que sont le PADA et le PPAAO. Ces apports, confessent-ils, ont été pour beaucoup dans ce changement de mode de vie. Le sourire large, chacun de ces acteurs ne cachent pas sa satisfaction et souhaitent surtout voir le monde agricole continuer par bénéficier de tant d’attention. En plus des biens matériels, ils tablent sur les connaissances acquises comme un gain non quantifiable, mais énorme.
Sans être exhaustive, Eugénie Faïzoun cite l’achat d’un tricycle pour les besoins de son espace piscicole, l’acquisition de terres aussi bien pour l’extension de son activité que pour d’autres besoins, le développement d’activités parallèles comme quelques-uns des indices de l’amélioration de sa situation. A cela, elle ajoute bien d’autres réalisations qu’elle brandit pour étayer l’utilité des financements agricoles. Athanase Akpoé, président de la Fédération nationale des producteurs d’ananas (FENAPA) table lui aussi sur les rendements obtenus avec l’usage du film polyéthylène. Au lieu de 18 mois à 24 mois, le délai de culture est réduit à 12 mois. Avec un investissement de 1,8 million F CFA à l’hectare pour un rendement de quatre millions avec la méthode paysanne, la nouvelle approche nécessite 3 millions à l’hectare pour un rendement estimé à huit millions FCFA. « C’est d’abord une affaire de rentabilité», soutient le président de la FENAPA qui vante les atouts de cette nouvelle technique qui rend la main d’œuvre presque absente et permet à l’ananas de peser parfois jusqu’à 1,5 kilogramme.
Avec Rosaline Capo Chichi, productrice d’ananas et fabriquant de compost dont les installations se trouvent à Allada Togoudo, on découvre une autre facette de l’impact des financements du PROCAD sur le quotidien des bénéficiaires. Son apport a permis aux producteurs de la région de tourner la page de l’utilisation des engrais chimiques pour s’en tenir au compost. Conséquence, en plus de préserver leurs terres, ils y gagnent en coût, en rendement et limitent l’effet des produits chimiques sur leur santé et sur l’environnement. Mieux, ils épargnent une masse importante du fait de l’absence des délais contraignants de commande et d’attente de livraison. Rosaline Capo Chichi a aussi changé son train de vie. Partie sur des moyens de bord, seule, il y a quelques années, elle est aujourd’hui à la tête d’une unité de fabrication d’engrais organiques employant une dizaine d’employés et assure aussi la production d’ananas et de quelques autres fruits et produits agricoles sur une superficie de 2,5 hectares.

La vision de «End poverty day»

Le premier Objectif du Développement durable des Nations Unies vise à éliminer l’extrême pauvreté et la faim et « reconnaît explicitement que la pauvreté ne résulte pas du manque d’un seul facteur mais de l’absence cumulée de nombreux facteurs» étroitement liés les uns aux autres qui affectent la vie des personnes. Cela signifie, selon les Nations Unies, «que nous devons dépasser une définition de la pauvreté traditionnellement considérée comme l'absence de revenu ou d’accès à des biens nécessaires pour assurer le bien-être matériel tels que la nourriture, le logement, la terre, etc., afin de comprendre pleinement la pauvreté dans ses multiples dimensions». Cette année, le thème retenu pour la célébration de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté est intitulé «De l'humiliation et l'exclusion à la participation : Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes». Il a été choisi «en consultation avec des personnes et des organisations de la Société civile et d’organisations non-gouvernementales. De ce thème, il transparait clairement à quel point il est important de reconnaître et de prendre en compte l'humiliation et l'exclusion endurées par de nombreuses personnes qui vivent dans la pauvreté. Encore appelée «End poverty day», la toute première manifestation de cette journée a eu lieu en 2015 à Accra au Ghana et a été « un moment important de ralliement mondial pour la lutte contre la pauvreté».

Josué F. MEHOUENOU
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