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Promotion du genre: De la nécessité d’honorer la femme rurale
Publié le jeudi 27 octobre 2016  |  La Nation
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© Autre presse par DR
Le secrétaire général de l`ONU, Ban Ki-moon




Les femmes rurales sont souvent les grandes oubliées des discours de promotion de la femme et du genre. Pourtant elles constituent un levier non négligeable du développement. Paradoxalement, la journée du 15 octobre qui leur est dédiée passe incognito au Bénin.

Vouées à la maternité, la contribution cruciale au développement agricole, économique, et social, des femmes rurales, a été trop longtemps négligée. Bien qu’étant très rarement sous les feux des projecteurs, elles ont pourtant un rôle important à jouer dans le cadre des politiques et des tâches de développement et contribuent amplement à la vitalité de l’économie.
Les inégalités sociales, particulièrement visibles dans les pays en développement et, plus précisément dans les zones rurales, ont un fort impact et retombée sur la vie des femmes, limitant leurs droits à la terre, au logement, à l’éducation, aux soins de santé et à leur participation aux politiques et prises de décision. C’est sans doute pour corriger tant soit peu cette situation que la communauté internationale a retenu le 15 octobre comme la Journée internationale de la femme rurale.
Célébrer cet évènement à la veille de la Journée mondiale de l'alimentation le 16 octobre et deux jours avant la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté (17 octobre) devrait refléter le rôle essentiel des femmes dans le développement. L’évènement devrait également attirer l'attention des décideurs sur le rôle joué par les femmes en milieu rural en faveur de la production et de la sécurité alimentaires, et dans le développement durable des zones rurales en ce sens que les droits des femmes rurales, l’alimentation et la pauvreté sont des questions indissociables.
Mais au Bénin, très peu d’actions sont faites pour la promotion de la femme rurale. La célébration manque d’éclat si ce n’est notamment des manifestations éparses d’Organisations non gouvernementales. Contrairement à la Journée internationale de la femme (Jif) ou encore à la Journée internationale de la fille (JiFille), celle dédiée à la femme rurale n’est pas encore ancrée dans les habitudes des Béninois.
Or, si l’on est convaincu de la richesse de l’Afrique et de ce qu’elle est un continent porteur d’avenir, l’on doit également se convaincre qu’à la source de cette prospérité en perspective se trouve de nombreuses femmes très actives, infatigables et anonymes. Les femmes rurales sont assimilables à des fourmis qui contribuent sans relâche à l’édification d’une société prospère.

L’accès au foncier, un facteur déterminant

Pour Meggy d’Almeida, directrice de l’Ong ‘’Mi-Onon’’ (nos mères, en Adja), ce mérite de la femme africaine en général et de la femme béninoise en particulier, revient par exception aux femmes des coins les plus reculés de nos cités. « Ce sont elles qui ont toujours su garder leur dignité en tant que gardiennes des pratiques culturelles et cultuelles », souligne-t-elle. « Elles ne reculent ni devant le soleil, ni devant la pluie, ni devant les péripéties de la vie….Elles représentent des trésors humains vivants », conçoit-elle.
La communauté internationale l’a également si bien compris qu’elle a placé pour le compte de cette année, un thème commun pour la Journée internationale de la femme rurale et la Journée mondiale de l’alimentation, intitulé « Le climat change, l’alimentation et l’agriculture aussi ».
Aujourd’hui, les agricultures et agriculteurs, les pêcheurs et les bouviers sont directement exposés à l’insécurité alimentaire induite par la hausse des températures, des conditions météorologiques de plus en plus difficiles à envisager et la fréquence accrue des catastrophes liées au climat. Et les femmes rurales sont au cœur de ces préoccupations, en ce sens qu’elles sont des actrices clés des systèmes alimentaires, qu’elles gèrent des petites exploitations agricoles et qu’elles sont chargées de fournir une meilleure alimentation à leur familles.
Or, il se fait qu’elles sont rarement sous les feux des projecteurs. Leurs voix pèsent peu dans les balances décisionnelles et peu de priorité leur est accordée, lorsqu’il s’agit d’opérer des choix.

Des données évocatrices

Selon les Nations unies, moins de 20% des propriétaires fonciers sont des femmes. De surcroît, elles peinent à accéder aux intrants, aux semences, aux crédits, aux nouvelles technologies et aux financements. Qu’elles restent s’occuper de leur famille ou de leur communauté à la suite d’une dégradation environnementale ou d’une catastrophe naturelle, ou encore qu’elles décident de migrer en quête de nourriture, de sécurité, d’un travail décent et du mieux-être, les femmes rurales sont extrêmement vulnérables et marginalisées.
Au Bénin, la situation des femmes rurales n’est pas non plus reluisante. L’accès au foncier reste un facteur déterminant pour ces actrices de la terre.
A en croire Yao Maxime Gounsè, cadre au ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP), les données statistiques sur la vulnérabilité et la pauvreté des femmes rurales au Bénin sont assez évocatrices. « Nombre de nos concitoyennes sont dans une situation de précarité et attendent des politiques durables de sécurité alimentaire et de développement », souligne-t-il?

Apport considérable au développement

Investir dans la femme en lui offrant la possibilité de se réaliser, de s’intégrer et de s’épanouir devient dès lors une nécessité et constitue dans le même temps, une mesure de lutte contre la famine. Au regard de ces paramètres, le thème de la Journée internationale pour l’éradication de la pauvreté, édition 2016, doit avoir une résonnance particulière pour les femmes rurales. Intitulé, « De l’humiliation et l’exclusion à la participation : éliminer la pauvreté », ce thème met en lumière, les liens entre l’accès limité des femmes aux services sociaux de base et les nombreuses discriminations qu’elles subissent sur le plan décisionnel. Toute chose qui accentue la pauvreté mais qui requiert fort heureusement la mobilisation des acteurs à l’échelle mondiale. L’autonomisation des femmes rurales passe ainsi comme une exigence à la réalisation des Objectifs de développement durable (Odd). Lesquels objectifs visent entre autres, à éliminer la faim et la pauvreté et à assurer la sécurité alimentaire, d’ici 2030.
D’où la nécessité de la Journée internationale de la femme rurale. Elle a été lancée en 1995 à Pékin lors de la 4e Conférence internationale de l’Organisation des Nations unies sur les femmes, par des Ongs militant en faveur de la promotion des femmes. Depuis 1997, son organisation est revenue à la Fondation ‘’Sommet mondiale des femmes’’ (Women’s World Summit Fondation), le 15 octobre de chaque année. Plus de cent pays du monde dont le Bénin, sont concernés par cette célébration qui vise fondamentalement à rehausser le profil de la femme rurale.
C’est à travers la résolution A/RES/62/136 du 18 décembre 2007, que l’Assemblée générale des Nations unies reconnait le « rôle et l’apport décisifs des femmes rurales, notamment autochtones, dans la promotion du développement agricole et rural, l’amélioration de la sécurité alimentaire et l’élimination de la pauvreté en milieu rural ». L’objectif de cette journée est aussi de donner la possibilité aux femmes rurales et à leurs organisations, de sensibiliser les dirigeants sur leur apport considérable au développement, avec comme espoir la lutte contre les inégalités et préjugés dont elles sont victimes.
Selon les Nations unies, la Journée internationale de la femme rurale est un « moyen pratique d’obtenir reconnaissance et appui aux multiples rôles joués par les femmes rurales qui sont majoritairement des agricultrices et de petites entrepreneuses ».
Dans ce sens, l’appel du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, devient dès lors un impératif à résoudre si l’on veut conférer à la femme rurale sa vraie place d’actrice de développement. « Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 promet de ne laisser personne au bord de la route. Pour que le pari soit gagné, nous devons aider les femmes rurales à prospérer et à avoir accès à l’aide et à l’information dont elles ont besoin pour réaliser leur potentiel sans quitter leurs communautés », s’est-il engagé dans le cadre de la célébration de la Journée pour l’élimination de la pauvreté, édition 2016.
La journée dédiée à la femme rurale garde aussi tout son sens, lorsqu’on sait qu’elle fournit à la planète une partie non négligeable des ressources naturelles et agricoles pour les besoins de nutrition et de subsistance. Elles représentent plus d’un quart de la population mondiale totale, selon les Nations unies, et 43% de la main d’œuvre agricole des pays en développement. Ce sont elles qui produisent, transforment et préparent la plupart des aliments qui sont disponibles, ce qui signifie que la responsabilité en matière de sécurité alimentaire leur incombe principalement. Vu que 76% des personnes extrêmement pauvres vivent en milieu rural, le fait de veiller à ce que les femmes en zones rurales accèdent aux ressources agricoles productives les autonomise non seulement, mais contribue également à la réduction de la faim et de la pauvreté dans le monde. Sauf que des changements qualitatifs attendent encore d’être opérés au Bénin en vue d’améliorer l’image de la femme rurale?
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