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Interpellation de l’opérateur économique Sébastien Ajavon : Le film des événements
Publié le lundi 31 octobre 2016  |  Fraternité
Sébastien
© Autre presse par DR
Sébastien Adjavon, PDG de Cajaf Comon




10 mn après son point de presse tenu à 17h vendredi dernier et qui s’est déroulé au Bénin Marina hôtel, Sébastien Ajavon n’était plus libre de ses mouvements. A la sortie de l’hôtel, l’attendaient les éléments de la compagnie de la gendarmerie maritime du port de Cotonou qui avaient pour ordre de l’amener à leur base où étaient gardés depuis le matin trois de ses employés.
A l’entame de cette rencontre avec les professionnels des médias, Violette Djidjoho de la société Comon Cajaf a planté le décor. Selon ses propos, « la compagnie maritime Msc a reçu une réquisition du groupement régional Sud pour mettre à la disposition de la compagnie de la gendarmerie maritime du port, un container débarqué au port de Cotonou le 26 octobre un peu après 15h. La société Comon Cajaf a donc dépêché sur les lieux trois de ses agents et un huissier pour le constat. Ce container frigorifique en provenance du Brésil devait contenir, selon les termes du contrat liant la société Comon Cajaf à la Compagnie Brf au Brésil, 2663 cartons de gésier de dinde. Dès leur arrivée sur les lieux, les trois agents dépêchés et l’huissier ont remarqué que les scellés apposés au Brésil ont été sautés et remplacés par d’autres. Lorsque les éléments de la compagnie de la gendarmerie maritime du port ont procédé à l’ouverture du container, 18kg de cocaïne emballés se trouvaient en vrac juste à l’entrée. Aussitôt, les trois agents de la société Comon Cajaf ont été gardés », a-t-elle indiqué. Cela n’est pas du goût de Violette Djidjoho, qui estime, en se basant sur les règles du droit maritime, que la marchandise n’appartiendra à sa société qu’une fois réceptionnée par elle. La responsabilité de la société béninoise ne saurait donc être engagée, d’autant plus qu’elle n’est pas habilitée à intervenir dans la chaîne de transport du Brésil jusqu’au Bénin. Argument juridique corroboré par Hervé Soukpon, représentant des avocats de la société Cajaf Comon.
Visiblement affecté par la situation, Sébastien Ajavon n’est pas allé du dos de la cuiller, pour soupçonner des manœuvres politiciennes en se référant aux menaces proférées à son encontre sous le précédent régime. « Il paraît que lorsqu’on rentre en politique, on reçoit des coups », affirme sans ménagement le magnat de la volaille avant de poursuivre en ces termes : « Nous ne sommes pas là pour polémiquer et nous faisons entièrement confiance en notre justice… Nous nous tenons à la disposition de la justice pour que la vérité puisse triompher ».

L’escale de la compagnie maritime
Comme si son appel avait été entendu, il sera pris à partie par des éléments de la compagnie de gendarmerie maritime du port à la fin de son intervention. Positionnés juste à l’entrée du hall de l’hôtel, ils attendaient sagement pour exécuter la mission. Sans résistance, Sébastien Ajavon a accepté de les suivre. Mais ses proches et amis sur place ne l’entendaient pas ainsi. La vive discussion qui s’en est suivie a abouti à une conclusion. Sébastien Ajavon effectuera le déplacement à bord de son propre véhicule. Le cortège s’est ainsi ébranlé aux environs de 18h du Bénin Marina hôtel pour la compagnie de gendarmerie maritime du port sise à Xwlacodji. Sur place, l’accès fut interdit aux curieux et aux professionnels des médias. Au fur et à mesure que les minutes s’écoulaient, la foule grossissait. Badauds, curieux et populations autochtones se sont rués sur les lieux. « Ajavon, vendeur de drogue ? C’est faux. C’est lui qui nous vend du poisson », s’exclame une vieille dame qui tenait à l’aide d’un bras sur sa tête une bassine dont l’odeur repoussante qui s’en dégageait ne laissait aucun doute sur la nature du produit qu’elle contenait. Un peu plus loin, deux jeunes dames en discussion visiblement remontées contre le pouvoir disaient à qui voulait les entendre : « On croyait qu’après le départ de Yayi, nous aurions la paix », lance la première. « Nous sommes fatigués de la guerre des riches », renchérit la seconde. Comme s’il attendait un signal, un jeune homme sorti de nulle part, hurle en direction de la foule qui ne cessait de grossir malgré la tombée de la nuit. « Libérez Ajavon ». Organisés en petits groupes, munis de gongs et de tams-tams, des jeunes du quartier surexcités défilaient d’un bout à l’autre de la clôture de la compagnie pour réclamer la libération du roi de la volaille. D’autres juchés sur le mur en face de la compagnie reprenaient en chœur le slogan. Excédés, certains se sont mis à tambouriner sur le portail jusqu’à le défoncer. En quelques secondes, la cour de la compagnie fut noire de monde. Les coupures répétitives d’électricité n’ont en rien émoussé leur détermination à obtenir gain de cause. En sueur, branchages en mains, sifflets à la bouche, ils ne demandaient qu’à voir leur leader remis en liberté. Le renfort de la police n’a nullement ébranlé leur détermination à poursuivre la manifestation.

Le ballet des personnalités et avocats
Pendant ce temps, des personnages publics alertés par la nouvelle se sont portés sur les lieux. La présence de Pascal Todjinou, Dieudonné Lokossou et Noël Chadaré, tous leaders syndicaux, était remarquable. A leurs côtés, figurait Martin Assogba de l’Ong Alcrer. Mathurin Coffi Nago, Abdoulaye Gounou, Cyriaque Domingo, Richard Sènou… pour ne citer que ceux-là, étaient de la partie. A l’unanimité, tous ont déploré la procédure qu’ils jugent peu cavalière. Les avocats aussi étaient de la partie. Me Jacques Migan, Alain Orounla et Kato Atita, pour ne citer que ceux-là, étaient avec leurs clients à l’intérieur des locaux de la compagnie, désormais barricadés à cause de l’envahissement de la foule.

Départ pour l’Ocertid
Un peu après 21h, une agitation se remarque dans la cour. Approchés, Dieudonné Lokossou et Cyriaque Domingo donnent la nouvelle. Sébastien Ajavon sera transféré dans une autre unité. Quelques minutes plus tard, sous les hourras du public, le mis en cause, avec un large sourire au visage, apparaît. Installé dans son propre véhicule, sous l’insistance de ses fans, il se montre à travers une ouverture dans le toit du véhicule avec de grands gestes de la main. La plupart croyaient en sa libération. Il n’en était rien. Sur le siège arrière de la voiture, du côté non chauffeur, un haut gradé de l’armée était confortablement installé pour conduire Sébastien Ajavon à l’Office central de répression du trafic illicite de drogue et des précurseurs (Ocertid). Pour se défaire de la foule, le cortège composé d’une vingtaine de voitures s’est ébranlé de Xwlacodji en direction de Akpakpa, via l’ancien pont. Au niveau du carrefour de la pharmacie de l’habitat, la file de véhicules a repris la direction du centre ville en passant cette fois-ci sur le troisième pont. Arrivé à Zongo, le cortège prit la direction de l’école nationale de la police avant de bifurquer à gauche pour se retrouver à l’Ocertid. Sur place, un impressionnant détachement de policiers attendait, armes au poing. Affairé autour d’une caisse contenant du gaz lacrymogène, un agent était aux aguets. La foule qui n’a pas diminué malgré le trajet a été maîtrisé de part et d’autre de l’Ocertid. Les slogans reprenaient de plus belle. Pendant ce temps, dans son véhicule, Sébastien Ajavon attendait la suite des événements. A travers la vitre baissée, on pouvait le voir, toujours souriant, portable en main avec les écouteurs aux oreilles. Autour du véhicule, deux policiers baraqués assuraient la garde. Malgré ce barrage, les proches de l’homme d’affaires lui adressaient des signes et des messages d’encouragement. « Nous sommes avec toi », « Ne faiblis pas », « La vérité sera révélée », « rien ne t’arrivera pas », pouvait-on entendre. Les leaders syndicaux et avocats que la procédure exaspérait espéraient toujours la libération du mis en cause. Au bout de près d’une heure d’attente, une nouvelle fois, le cortège s’ébranla, cette fois pour la compagnie territoriale de Cotonou. Il sonnait environ 22h. A ce niveau, les choses sont allées très vite. Les badauds et curieux ont été maintenus à une bonne distance du portail de ladite compagnie. L’impressionnant dispositif de sécurité déployé était dissuasif. Les avocats, syndicats, personnalités politiques et proches de l’opérateur économique ont eu toutes les peines du monde pour accéder à la cour de la compagnie.
Au fur et à mesure que les minutes s’égrenaient, la foule diminuait. Après 00h, il ne restait qu’une centaine de personnes sur les lieux. A 1h22, Pascal Todjinou est venu apporter la nouvelle que beaucoup redoutaient. Il venait d’être notifié à Sébastien Ajavon sa garde-à-vue. Tout triste, très préoccupé, le visage fermé, il prit le chemin de son domicile non sans avoir discuté un moment avec un groupe de journalistes. Aux environs de 2h du matin, il ne restait qu’une poignée de personnes aux alentours de la compagnie. Les manifestants ayant déjà battu en retraite.

Le mot des avocats
Plus tard, en fin de matinée ce samedi, toujours au Bénin Marina hôtel, les avocats de l’homme d’affaires sont montés au créneau. Leur déclaration fut brève. Jacques Migan, entouré de Alain Orounla et Paul Kato Atita s’est exprimé en ces termes : « Depuis le vendredi à 18h, notre client a été arbitrairement privé de sa liberté. A l’heure où nous vous parlons (ndlr samedi 12h16), aucune charge n’a été notifiée à notre client ». Il finit en indiquant que le collège d’avocats se battra pour la manifestation de la vérité.

A la recherche de la vérité
Dans le but de faire la lumière sur cette affaire, le parquet a mis en place une commission mixte d’enquête composée de quatre membres. La présidence est assurée par le premier substitut du procureur du tribunal de première instance de première classe de Cotonou. Le commandant adjoint de la compagnie de gendarmerie maritime du port en est le vice-président. Le commissaire adjoint de l’Ocertid et le directeur de la police judiciaire en sont membres. Ce n’est qu’au terme de l’enquête diligentée par cette commission que Sébastien Ajavon pourra être écouté par le Procureur.

Moïse DOSSOUMOU
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