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Plume libre : Les taxis de l’illusion !
Publié le mardi 8 novembre 2016  |  Fraternité
Taxi
© Autre presse par DR
Taxi communaux ,communément appelés "Zémidjan"




Le gouvernement de la rupture annonce son projet de création et de mise en exploitation d’une flotte de taxis dans les villes du Bénin. Sur la lancée du Nouveau départ, Patrice Talon ne tarit pas d’initiatives et dans la grande agitation des réformes, il joue les cartes de la rupture parfois sous une tempête de polémique. Et la relance de la circulation urbaine de taxis revient au cœur des priorités du régime. Contre vents et marées.
Dans la masse des projets de la nouvelle ère, la création et la mise en exploitation de la flotte de taxis dans les villes sont fondées sur un objectif déclaré. L’Exécutif Talon veut améliorer la mobilité urbaine et apporter sa contribution à la promotion des artisans-propriétaires-conducteurs. Par la belle magie de la recette urbaine, on se noie précocement dans les fantasmes avec la promesse d’une augmentation de l’offre de qualité en matière de transport et le développement touristique. Le talonnisme agite une nouvelle dynamique et fait miroiter une flotte de taxis. Le mode d’action est plutôt déconcertant et amplifie le pessimisme. On a mis la charrue avant les bœufs.
Pour balayer les préjugés de navigation à vue, la rupture passe à une sorte d’exhibition en affichant sa stratégie pour faire prospérer le projet. Une vaine théorisation qui n’évacue pas le doute. Le premier volet consiste à sélectionner 300 conducteurs auto-entrepreneurs de même type, de mêmes signes distinctifs. L’Etat s’érige en facilitateur puisque ces conducteurs seront « financés par les banques de la place, hors droits de douane, à un taux d’intérêt bonifié », précise le Conseil des ministres. Le deuxième volet couronne la petite inspiration d’une ouverture aux autres promoteurs dans la limite de 10 véhicules taxi-ville au maximum par personne, et dans la limite globale de 300 véhicules, de même type et de mêmes signes distinctifs.
La rupture semble tenir un potentiel outil de développement. Mais, il va falloir résoudre certaines équations pour ne pas condamner ce projet à un destin infécond. Il faut régler le problème des voies et doter nos villes d’un réseau routier qui répond aux exigences du 21ème siècle. La relance de la circulation urbaine escomptée et la fluidité de la mobilité recherchée risquent d’être un pur produit de l’imagination si la cruciale question de l’aménagement des voies est reléguée au rang d’accessoire dans la volonté ardente de passer à la création de flotte de taxis.
Le plus gros obstacle à l’efficacité du projet et à la rentabilité pour ceux qui vont s’y investir, reste l’éternelle équation des conducteurs de taxi moto, les "zémidjan ". Ce mode de transport est un instrument de lutte contre le chômage et est trop ancré dans la société. Le Général Kérékou avait vainement tenté de supprimer la pratique de " zémidjan". Et son projet de champ de manioc n’a pu liquéfier le phénomène. Désormais face à cette patate chaude, Talon ne peut opter pour la dérobade et chercher à évoluer sur un terrain miné.
La création de flotte de taxis, projet rayonnant dans l’agenda de la rupture, exige du gouvernement Talon, un travail de dépoussiérage de choses endurcies, de défrichage de chantiers obstinés et de déminage. La précipitation peut entrainer le flop ou l’impasse et pousser, dans la tension sociale, à un nouveau rétropédalage déchirant.

Sulpice Oscar GBAGUIDI
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