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Bénin : Quel crédit pour les rapports d’audit ?
Publié le jeudi 10 novembre 2016  |  Notre Voix
Romuald
© Autre presse
Romuald Wadagni, Ministre de l`Économie et des Finances du Bénin




Le ministre de la justice a annoncé, mardi dernier, que certains rapports d’audit ont été transmis à la justice. «Si nous prenions le parti de ne pas saisir directement le juge, nous publions les audits. Si nous voulons procéder par voie de cynisme, on peut le faire. Nous retardons la saisine du juge et publions les rapports d’audit. Vous commencez par crier et nous saisissons le juge.On ne veut pas être cynique, mais on veut lutter contre l’impunité sérieusement et efficacement», a-t-il fait savoir. Les Béninois s’interrogent aujourd’hui sur la transparence avec laquelle les cabinets d’audit ont fait leur travail. Qui sont-ils ? Comment ont-ils été sélectionnés ? Des avis d’appel d’offres internationaux ont-ils été lancés ? Quel est leur cahier des charges ? Les audits ont couvert quelle période ? Autant de questions qui trottinent dans les méninges des uns et des autres, qui sont d’accord sur le principe de la lutte contre la corruption et l’impunité.

En effet, depuis son arrivée au pouvoir, le Président Patrice Talon a exprimé sa volonté d’auditer la gestion de son prédécesseur, afin d’avoir une idée sur l’état des lieux. C’est une très bonne démarche. Si le travail est fait dans les conditions requises, il permettra certainement au peuple béninois de savoir qui est qui et qui a fait quoi durant la période auditée. Mais à l’allure où vont désormais les choses, il y a lieu de s’interroger sur les vrais mobiles de ces audits.

Aujourd’hui, c’est l’opacité totale dans la gestion des audits. Aucun Béninois ne peut décrire réellement les conditions dans lesquelles ces audits se déroulent. Personne ne connaît les cabinets et surtout leurs cahiers de charges.

Selon certaines indiscrétions, les audits en cours couvriraient seulement la période 2014-2015. Tout le monde sait que 99% de ceux qui sont dans la «rupture» aujourd’hui étaient tous dans le «Changement» et la «Refondation». Ils ont été ministres, députés, directeurs de sociétés ou offices d’Etat… Alors, pourquoi cibler tout simplement 2014-2015 ? A partir de la période 2014-2015, tout le monde sait aussi que beaucoup ont commencé par quitter le navire de la «Refondation».

Les Béninoise ne sont pas dupes. Cette période ne doit pas être le point de départ des audits mais plutôt 2006. Ce qui permettra à l’opinion publique nationale et internationale de comprendre, si les audits se faisaient réellement de manière impartiale, transparente, ce qui a bien pu se passer, par exemple, dans les dossiers PVI, Maria-Gléta (centrale), Icc-Services et consorts, machines agricoles, commercialisation du bois, Sodéco…

Pendant qu’il est encore temps, le gouvernement doit revoir sa copie. Les audits n’auront de crédibilité si et seulement si les cabinets sont sélectionnés sur une base saine et commencent leurs vérifications à partir de 2006. Personne ne doit être protégé. La transparence doit être mise. Et c’est avant tout dans l’intérêt du gouvernement d’éviter que les résultats ne soient contestés, parce que faits dans l’obscurité complète.

De toutes les façons, la communauté internationale suit religieusement ce dossier. On verra bien le résultat que produiront ces audits déclenchés dans l’opacité totale. «Les personnes qui ne seront pas d’accord avec les résultats des audits peuvent protester et demander une contre-expertise», rassure le directeur de la communication gouvernementale, Wilfried Léandre Houngbédji, sur Sikka Tv, hier matin.



Les conditions d’un audit crédible



L’audit est une expertise professionnelle effectuée par un agent compétent et impartial aboutissant à un jugement par rapport à une norme sur les états financiers, le contrôle interne, l'organisation, la procédure, ou une opération quelconque d'une entité. Il s’agit donc d'opérations d'évaluations, d'investigations, de vérifications ou de contrôles, regroupées sous le terme d’audit en raison d'exigences réglementaires ou normatives. En effet, ces exigences stipulent que ces opérations correspondent à des procédures écrites avec des responsables identifiés.

L’audit est perçu comme un outil d'amélioration continue, car il permet de faire le point sur l'existant afin d'en dégager les points faibles ou non conformes (suivant les référentiels d'audit). Ce constat, nécessairement formalisé sous forme de rapport écrit, permet de mener les actions nécessaires pour corriger les écarts et dysfonctionnements relevés.

Les auditeurs se réfèrent notamment à la norme ISO 19011, qui traite de la technique de l'audit et des compétences requises de l'auditeur. Les auditeurs externes légaux s'appuient pour leurs contrôles sur des référentiels comptables, nationaux ou transnationaux, et sur des principes de contrôle interne.

L'audit est un processus systématique, indépendant et précisément documenté permettant de recueillir des informations objectives pour déterminer dans quelle mesure les éléments du système observé satisfont aux exigences des référentiels du domaine concerné. Il s'attache notamment à détecter les anomalies et les risques associés dans les organismes et secteurs d'activité qu'il examine en consultation. Auditer une entreprise ou un service consiste notamment à écouter les différents acteurs pour comprendre et faire évoluer le système en place.

Etienne AVONON
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