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Art et Culture

Adjiboyé: Le musicien attaché à la terre nourricière
Publié le mardi 15 novembre 2016  |  La Nation
Lucien
© aCotonou.com par DR
Lucien Akpo alias Adjiboyé, artiste chanteur idaasha





Son génie artistique quoique reconnu tardivement ne fait l’ombre d’aucun doute dans les Collines. Adjiboyé, promoteur du rythme "atchokri datcha’’, est un passionné de la musique traditionnelle très attaché à la terre.

Quoique la musique soit sa passion, Lucien Akpo alias Adjiboyé reste très attaché à la terre nourricière. A Sowé, dans la commune de Glazoué, il passe à la fois pour un grand fermier et un artiste hors-pair. Il arbore cette double casquette et est reconnu comme tel dans le département des Collines. Même s’il se réclame cultivateur par modestie. « C’est Dieu qui vous accorde votre place dans la société quel que ce soit ce que vous faites », défend-il quand on en vient à insister sur sa réussite dans l’art. Ténor du rythme ‘’atchokri datcha’’ qu’il promeut, l’homme s’est révélé au monde en décembre 2014 en remportant les All African Music Awards à Lagos au Nigeria dans la catégorie de ‘’Meilleur artiste musicien traditionnel du continent africain’’. Une distinction que ses admirateurs ont accueillie avec ferveur. S’il la doit en partie au travail fait à ses côtés par sa maison de production, Aïra Production de Rasbawa, ses aptitudes sont indéniables. « Nous étions très heureux d’apprendre la nouvelle ! Ça nous a beaucoup encouragés pour la suite », confie Rasbawa.

Pour un artiste qui a été révélé tardivement, c’est la surprise totale. Face à des musiciens, algérien, sud-africain et nigérian, le musicien a su faire prévaloir l’originalité de sa musique. Recueillant du coup le vote des internautes et l’adhésion du jury.
Adjiboyé s’investit dans la musique depuis une trentaine d’années et s’est distingué par la pertinence de ses compositions. Des textes axés sur la vie rurale, les faits de société, l’amour, le pardon…Et le rythme ‘’atchokri datcha’’. Une sonorité qui tire son essence du goumbé, musique de prédilection des Collines. A l’opposé du goumbé qui se joue avec les pieds, le ‘’atchokri datcha’’ l’est avec les mains. « Il est plus rapide dans la rythmique mais se danse de la même manière que le goumbé », éclaire-t-il. Tam-tams de diverses formes, gongs et castagnettes confèrent à ce rythme toute sa singularité. «J’ai démarré la musique, note-t-il, avec le goumbé mais dans ma quête d’explorer d’autres rythmes j’ai découvert le atchokri datcha et je l’ai adopté ». Très sollicité dans les Collines pour animer des veillées funéraires, Adjiboyé se plaît à remonter le moral aux familles éplorées avec des compositions de circonstance. Un milieu qui a fait sa renommée dans sa région natale.

Vers la professionnalisation

Né en 1957, Lucien Akpo s’est tôt tourné vers la musique et a mis dans les bacs son premier ‘’33 tours’’ en 1976. Sur les bancs il excellait au point d’animer pendant les journées culturelles. A dix ans il poussait même loin la gomme en composant ses propres chansons. Une belle expérience et un bonheur auxquels mettra fin son père qui estimait n’avoir plus de bras valides pour l’aider au champ. En dépit d’une rancœur apparente envers son géniteur, le jeune garçon n’avait aucune volonté à imposer. Pis, il lui interdit toute pratique de la musique, n’y croyant aucunement. Une décision qu’il a mis du temps à réaliser tant l’appel de la musique était fort. Admirateur d’Oliworo, Olodé et Gbeffa, ses aînés, le jeune virtuose de la musique idaatcha s’en remet à son destin. Mal an, bon an, il s’accroche et retrouve la scène. Mais avec un brin de regret. « Si mon père m’avait laissé évoluer à l’école j’aurais pu aller loin dans l’art. La musique est un art qui a besoin de certains prérequis dont la connaissance des b.a.-ba. Vous avez beau avoir le talent mais la formation dans un conservatoire ou école de musique est indispensable pour y grandir », indique-t-il.
Avec son groupe dénommé Kadjogbé, fort de 25 membres, il enclenche un nouveau départ avec la professionnalisation de sa carrière musicale sous la bannière de sa maison de production. S’il a toujours reconnu n’avoir rien gagné dans la musique durant sa longue carrière à part les lauriers il fait foi à ce processus qui consacrera sa reconnaissance internationale. Une tournée nationale et dans les pays limitrophes tels que le Togo, le Nigeria, le Niger, le Ghana, le Burkina et la Côte d’Ivoire est envisagée par le label qui le produit, dans les tout prochains mois?

Kokouvi EKLOU A/R Atacora-Donga
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