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Franck Kinninvo, au sujet du Programme d’Action du Gouvernement (PAG) :« Il faut renforcer l’institution communale »
Publié le jeudi 15 decembre 2016  |  Nord Sud




En prélude au lancement du programme d’action du gouvernement, le spécialiste des questions de décentralisation, Franck Kinninvo, énumère les priorités que doivent prendre en compte le document afin que la décentralisation soit un levier de développement. Egalement, il a passé à la loupe ce mode de gouvernance. Mais en particulier, il a levé un coin de voile sur les mesures en cours visant l’assainissement des grandes villes du Bénin. C’est à la faveur d’un entretien accordé à la rédaction du quotidien Nord Sud, le mardi 13 décembre dernier.

Nord Sud : Quel bilan peut-on faire de la décentralisation béninoise ?

Franck Kinninvo : Depuis 2003 le

Bénin est entré dans la phase active de la décentralisation avec l’installation des 77 conseillers communaux et municipaux du pays. Mais, le bilan de cette décentralisation est mitigé. D’un côté on a le cadre institutionnel, on a l’institution communale. Pour preuve, la commune est incontournable dans la mise en œuvre du développement et la promotion de la démocratie. Mais à l’intérieur de l’institution communale, tout n’est pas rose. Il y a quelques défis par rapport à la gouvernance locale. Notamment, en ce qui concerne les ressources naturelles, humaines et financières devant conduire au développement. Outre cela, il y a également la participation des citoyens. En résumé, il y a des problèmes de gouvernance au niveau des communes. Les problèmes de démocratie se posent parce que la décentralisation doit inciter l’apprentissage au bas niveau de ce mode de gouvernance. Toutefois, il est à noter que le pouvoir central cultive encore la culture de ‘’ l’Etat jacobin ‘’. De cette pratique découle la centralisation et l’absolue gestion de tout. La conséquence immédiate est que le transfert des compétences est effectif mais le transfert des ressources non. C’est donc un défi prioritaire que l’Etat doit relever. Mieux encore, l’Etat a le devoir de mettre en place des outils, des règles de bonne gouvernance. Car l’on doit s’assurer de la bonne gestion des fonds décentralisés vers les collectivités territoriales pour le développement. Par ailleurs, le toilettage des textes de la décentralisation s’impose puisqu’à l’épreuve de la mise en œuvre, on a remarqué des failles telles que les destitutions et autres. Il s’avère donc impérieux l’intervention du pouvoir central auprès du parlement pour obtenir l’amélioration des textes de loi sur la décentralisation.





En prélude au lancement du programme d’action du gouvernement, quelles doivent être les priorités de ce parchemin pour la décentralisation ?

J’ai peur de m’exprimer pour rien car le document est adopté en conseil des ministres et probablement finalisé. Mais ce que nous attendons inévitablement du programme d’action du gouvernement sont les suivantes :

Premièrement, il faut que les politiques de développement puissent avoir un ancrage territorial. C’est-à-dire il faut que ces politiques prennent en compte les collectivités territoriales et les spécificités des terroirs. Lorsque le gouvernement parle de promotion de l’agriculture à travers cinq filières de base ; quelle est la contribution des communes ? Quelle est le rôle réservé aux communes étant donné que les terres se situent dans les communes. Ainsi, il faut que toutes les politiques en dehors des politiques macroéconomiques qui relèvent du niveau national, aient leurs racines des collectivités territoriales.

Deuxièmement, il faut renforcer l’institution communale. Le gouvernement a évoqué le contrat ‘’Etat-Commune’’. Ce contrat ‘’Etat-Commune’’ devrait permettre de faire de certaines communes des pôles de développement. Il importe donc que cette vision du candidat Patrice Talon ressorte clairement dans le programme d’action du gouvernement pour mettre les communes en confiance. La confiance car depuis l’investiture du président Patrice Talon, les signaux ne sont pas rassurant pour les collectivités territoriales.

Troisièmement, il faut que dans le volet renforcement de la démocratie et la lutte contre la corruption, l’Etat prenne en compte les collectivités territoriales. Je l’ai dit tantôt le meilleur laboratoire et les lois de la décentralisation l’on reconnues ; le meilleur laboratoire pour l’apprentissage de la démocratie c’est les collectivités territoriales. Donc l’esprit de la décentralisation est d’amener le citoyen à parler de son village, de son quartier. Après cette étape, que ce dernier œuvre à résoudre les problèmes au niveau de l’arrondissement. C’est alors qu’il pourra accéder au plan départemental voir national. Si quelqu’un fait se parcours d’apprentissage à la fois de la démocratie et de la gestion des affaires de la cité, il est évident qu’il a eu le temps d’intérioriser les valeurs démocratiques et républicains. Par conséquent, les individus seront plus compétents, plus professionnels au plan national pour une vraie animation de la vie politique. Donc, il faut que l’Etat travail sur ces défis. Cependant, l’identification des pôles de développement dans l’ensemble du pays est une condition obligatoire pour prétendre le développement. La délégation à l’aménagement du territoire avait projetée un total de 32 territoires pour le Bénin. Qu’est-ce que le gouvernement en fait dans son programme d’action ? Quand on parle d’aménagement du territoire, d’agenda spatial, ceux sont des éléments qu’il faut intégrer à la vision du gouvernement pour que les collectivités territoriales connaissent le développement.

Quelle appréciation faite vous des mesures en vigueur pour assainir les grandes villes du Bénin ?

D’abord, il faut saluer la plupart de ces mesures même si elles ne sont pas bien expliquées aux populations. Même si, elles ne sont pas bien accompagnées. Quand je prends l’opération de libéralisation du domaine public par exemple à Cotonou, il faut que le gouvernement pense intérêt général. Ceci voudra dire qu’il quantifie le nombre de personne en cause par cette décision. Qu’il se préoccupe un peu de leur devenir étant entendu que c’est en exploitant le domaine public qu’ils mènent des activités génératrices de revenus. Surtout en ces temps de conjoncture économique. Nonobstant, je soutiens de manière générale l’initiative du gouvernement. Mieux, j’estime que tôt ou tard il va falloir reformer le Bénin. Il est alors souhaitable que lesdites réformes soient menées de façon participative quand bien même le premier rôle revient incontestablement au gouvernement.

En matière de développement à la base, le cas de Bristol est un exemple. Qu’avez-vous à dire aux élus locaux béninois ?

Non euh, Bristol est une commune exemplaire. Cette commune face à la crise économique a eu des solutions par l’intermédiaire de la décentralisation. A cet effet, il faut dire que la décentralisation est vivante et levier de développement lorsque des initiatives naissent. Ainsi, la décentralisation n’est pas qu’attendre l’apport de l’Etat. A ce titre, les maires, les élus locaux doivent redoubler d’ardeur. Que ces derniers travaillent à explorer cette piste afin d’impulser le développement à partir des 77 communes que compte le Bénin. C’est donc, un vaste champ qui est ouvert.

Entretien réalisé par : Méchac AHODI
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