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Violation de la carte pharmaceutique à Womey : Un arrêté ministériel légalise l’ injustice
Publié le mercredi 18 janvier 2017  |  Matin libre
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© Autre presse par DR
Le ministre de la Santé Alassane Séidou




Le sous-secteur pharmaceutique est une fois encore sous les projecteurs avec des machinations désormais récurrentes. Après la polémique relative à l’implication de la société grossiste Ubphar dans une affaire d’approvisionnement de l’informel en médicaments, une autre anarchie et injustice viennent d’être orchestrées dans l’installation d’une pharmacie à Womey. Et ceci, en violation de la carte pharmaceutique conçue pour la période 2015-2018.

De quoi s’agit-il réellement dans ce nouveau scandale dans le secteur de la santé, plus précisément dans le sous-secteur pharmaceutique?Le titulaire d’une pharmacie à Womey se trouve victime d’une brigue qui pourrait être préjudiciable à son officine. En effet, conformément à la carte pharmaceutique, il a été prévu l’ouverture d’une nouvelle pharmacie à Womey avec des limites bien définies et précises afin d’éviter tout différend entre les confrères et consœurs. Le site N°23 attribué au promoteur de la nouvelle pharmacie est établi du marché Womey à l’Epp Womey Yénawa. La mise en exploitation du site prévue pour 2016. Le pharmacien à qui le site a été accordé a produit comme tous les autres postulants et conformément aux exigences de la commission un acte notarial qui l’engage à respecter les limites de son site et le délai de mise en exploitation.

Malheureusement, il a été constaté en juin 2016 au démarrage des travaux d’implantation de la nouvelle pharmacie que le bénéficiaire est sorti des limites du site qui lui a été attribué et que le site choisi pour ses travaux se rapproche de l’ancienne pharmacie du même quartier de plus de 300 mètres. Ce que le titulaire de l’ancienne pharmacie de Womey n’a pas manqué de signaler au ministre de la santé et aux différentes organisations de la profession à travers une plainte déposée le 29 juin 2016. Ainsi, au cours d’une séance de concertation du bureau du Conseil régional des pharmaciens de la Zone Atlantique, mercredi 06 juillet 2016, le titulaire du nouveau site interpellé dit s’être trompé de limites mais qu’il ne pourra plus rejoindre son vrai site parce qu’il aurait déjà engagé des dépenses. Cette nouvelle délimitation étant préjudiciable à l’ancienne pharmacie, le titulaire a exigé que son confrère se conforme à l’arrêté d’attribution de site. Le bureau du Conseil régional des pharmaciens a donc demandé au confrère de suspendre les travaux et de réaménager un endroit sur son site tel que délimité dans l’arrêté pour y installer son officine. Chose curieuse, ce dernier n’a pas adhéré aux conclusions de ladite séance et a refusé de signer le compte-rendu. Malgré la légitimité de la revendication de cette dernière, on a tenté vainement de la convaincre à retirer sa plainte en laissant l’autre s’installer illégalement sur le site. Le constat fait par notre équipe sur le terrain est que les deux pharmacies sont distantes d’à peine un kilomètre. Or environ 300 mètres après l’ancienne pharmacie se trouve la zone litigieuse, la zone du Ceg Womey. Donc il n’y a que la brousse ! Donc la population, la grande masse ne se trouve pratiquement qu’après cette zone litigieuse, l’endroit même où la nouvelle pharmacie est en cours d’implantation. Au regard de la position géographique de la zone et du fait qu’une autre pharmacie est prévue pour être installée dans la zone en 2018,Il s’avère nécessaire que le dossier soit tranché dans le respect des textes…

Un arrêté rectificatif du ministère pour légaliser l’arbitraire…

Par arrêté N° 0411/MS/ DC/SGM/DPMED/DA/SA 010 SGG 16 portant rectificatif du point 28 du tableau consacrant la matrice des délimitations de la carte pharmaceutique et programmation des zones de création des officines de pharmacie en République du Bénin pour la période 2015-2018, le ministère de la santé a autorisé le confrère accusé à s’y installer après lui avoir infligé seulement une amende d’un million (1000 000 FCFA). « La délivrance du quitus pour l’ouverture, au public, de la pharmacie de…. est subordonnée au versement de la somme visée à l’article 1er dans un compte bancaire ouvert au nom de la Direction des pharmacies, du médicament et des exploitations diagnostiques », précise l’article 2 du présent arrêté. Pire encore, c’est que la décision n’a même pas été notifiée à la plaignante. Elle n’a pris connaissance de l’arrêté rectificatif que le lundi 09 janvier 2017 lorsque l’huissier commis par cette dernière est venu sur le site pour sommation avec ordre de déguerpir. Alors que la décision a été prise et notifiée à l’autre depuis le 06 décembre 2016. D’ailleurs, la quittance de paiement de l’amende fournie, par ce dernier, date du 07 décembre 2016. Inadmissible ! Voilà comment le ministère autorise donc l’anarchie dans le sous-secteur pharmaceutique. Un sous-secteur déjà perturbé par le phénomène de faux médicaments. Les organisations professionnelles n’ayant pas réussi à faire entendre raison à ce dernier, la seule alternative était pourtant que l’autorité publique, saisie, puisse user de ses prérogatives pour le contraindre à respecter ses engagements notariés. D’après nos investigations, l’accusé serait le gendre d’un ancien Président de l’Assemblée nationale et les responsables craignaient une décision venant du haut. Le dossier semble déjà dès lors prendre une coloration politique.

Le Syndicat des pharmaciens dénonce et condamne…

L’organisation syndicale des pharmaciens du Bénin a également levé le ton pour fustiger la manière dont l’autorité publique tranche l’affaire. « Le Ministère de la santé saisi de cette dérive, au lieu de faire respecter les textes, a préféré légaliser l’arbitraire sous le prétexte de pressions politiques. C’est bien dommage et triste. Nous faisons savoir aux autorités publiques que leur rôle est de protéger tous les citoyens de ce pays et de faire droit à toute personne qui se sent lésée. Nous estimons que le cas actuel est une brimade inutile que nous pouvons éviter pour ne pas en rajouter aux nombreuses difficultés qui mettent en mal la profession et la santé de nos pauvres populations. Deux pharmacies trop rapprochées seront tentées d’user des méthodes concurrentielles proscrites par les textes pour survivre et c’est la population qui en partira. Ce sera aussi la porte ouverte à toutes les dérives. Il y a encore beaucoup de jeunes qui attendent un site. Celui autorisé pour aller s’installer à Kilibo peut être tenté aussi de s’installer à Cotonou par erreur et il suffira juste de lui accorder un arrêté rectificatif pour régulariser sa situation car notre constitution nous donne tous les mêmes droits. Nous savons que nous n’avons pas le pouvoir de changer quelque chose mais nous avons le devoir de faire savoir. Que la justice soit rétablie », a clamé le président du syndicat. Faut-il le rappeler, le syndicat s’est battu aux côtés d’autres organisations de la profession pour que le blocus qui était imposé aux jeunes pharmaciens soit levé afin de permettre à la grande majorité d’entre eux de s’installer. Pour une fois les sites ont été attribués au mérite en tenant compte de l’ancienneté d’inscription à l’ordre, de l’expérience professionnelle et bien d’autres critères qui garantissent la justice et limitent les frustrations. Mais c’est à des attributions illégales de sites que nous assistons actuellement sous le nouveau régime. Il urge, de ce fait, que le Chef de l’Etat, très attaché au principe de bonne gouvernance et de respect des textes, se saisisse du dossier afin que justice soit rendue dans ce dossier. A suivre !!!

Aziz BADAROU
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