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Meurtre pour un partage de viande de mouton (6e dossier): Vingt ans de prison pour Idrissou Gouza
Publié le jeudi 26 janvier 2017  |  La Nation
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© Autre presse par DR
Palais de justice du Bénin




Idrissou Gouza a comparu, mardi 24 janvier dernier, devant la cour d’assises de la Cour d’appel de Parakou. C’est pour un meurtre commis à l’occasion du partage de la viande d’un mouton mort. Condamné à 20 ans de réclusion criminelle, il retourne en prison pour environ huit ans.

Sous les tropiques, la lutte contre la pauvreté est loin d’être gagnée. En témoignent les motifs pour lesquels le cultivateur Idrissou Gouza était sur le banc des accusés, mardi 24 janvier dernier dans le cadre du 6e dossier inscrit au rôle de la 1ère session de la cour d’assises de la Cour d’appel de Parakou au titre de 2017. C’est pour une affaire de l'année partage de viande d’un mouton mort qui a tourné au drame, qu’il est amené à la barre.

En effet, le dimanche 31 octobre 2004, aux environs de 8 h, le bouvier peulh, Bello, demeurant à Thuy, un village de l’arrondissement d’Angaradébou, dans la commune de Kandi, a offert un de ses moutons morts à Bio Logo dit ‘’Manga’’. Ce dernier sollicita son cousin Gbédji Kora pour l’aider à dépecer l’animal. Une fois le travail accompli, il le gratifia de quelques morceaux de viande qu’il est allé remettre à sa mère pour la cuisson. A peine la viande a-t-elle été mise sur le feu qu’Idrissou Gouza se présenta et en réclama quelques morceaux.

La mère de Gbédji Kora lui demanda de patienter. Ce qui ne l’a pas empêché de balbutier à l’encontre de cette dernière quelques propos injurieux que Gado Kora et Gbédji Kora pour les avoir suivis, ont considéré comme une offense. Ils lui ont alors fait le reproche et l’altercation qui, sur le champ, a donné lieu à une bagarre a permis à Gbédji Kora de le terrasser deux fois de suite. Les deux frères ont continué leur chemin, quand Gbédji Kora revint sur les lieux pour chercher le chapeau qu’il y avait oublié. Au moment où il s’abaissait pour prendre son bien, il fut surpris par Idrissou Gouza qui le poignarda au flanc gauche de sa poitrine. Il succomba sur le champ.
Que ce soit à l’enquête préliminaire puis devant le juge d’instruction, Idrissou Gouza qui a été appréhendé et inculpé de meurtre, a reconnu les faits. L’accusé ne les a également pas niés, ce mardi 24 janvier à la barre. Il explique aux membres de la cour les circonstances dans lesquelles il a perpétré son crime. Ainsi, à défaut de se servir de son couteau pour dépecer le mouton mort, il a fini par poignarder à mort Gbédji Kora. Sous le feu des questions du président Edouard Ignace Gangny, du représentant du ministère public, Bernadin Hounyovi, et de son conseil, Me Samuel A. M. Ahounou, Idrissou Gouza laissera entendre qu’il n’y avait aucun précédent entre les deux frères Kora et lui. C’est au moment où ils allaient chercher le mouton mort chez le bouvier peulh, qu’à l’invitation de son ami Bio Logo qui lui a demandé de se joindre à eux s’il était intéressé, il a abandonné ce qu’il faisait dans son champ.
Après lui avoir présenté l’arme qu’il a utilisée pour commettre le meurtre, le président Edouard Ignace Gangny a fait donner lecture des différentes pièces du dossier. Le bulletin n°1 du casier judiciaire de l’accusé ne porte mention d’aucune condamnation antérieure et l’enquête de moralité lui est favorable.

La loi et rien que la loi

Dans ses réquisitions, le représentant du ministère public a rappelé les faits de la cause et l’évolution de la procédure. Puni par l’article 295 du Code pénal qui incrimine l’homicide commis volontairement et par l’alinéa 1 de l’article 304 toujours dudit code, Bernadin Hounyovi appréciera l’élément matériel du crime de meurtre commis par Idrissou Gouza, à travers l’acte qui a servi à abréger la vie à Gbédji Kora. L’élément moral, selon lui, est l’intention coupable. « L’arme utilisée et le choix de la partie ciblée sont symptomatiques de l’intention de tuer manifestée par Idrissou Gouza », a insisté l’avocat général. Pour lui, tous les éléments constitutifs du meurtre étant réunis, il n’y a pas de doute sur la culpabilité d’Idrissou Gouza. Aussi, le rapport d’expertise médico-psychologique et psychiatrique, indiquant qu’il ne présentait aucun trouble mental au moment des faits, il a déclaré l’accusé accessible à la sanction pénale. Il a alors invité la cour à le condamner à la peine de 15 ans de réclusion criminelle.
Pour la défense de son client, Me Samuel A. M. Ahounou s’est d’abord prononcé par rapport aux actes de la procédure en déplorant l’absence du certificat ou de l’attestation de décès dans le dossier. « L’accusé est poursuivi pour meurtre. La preuve du décès dans le dossier est nécessaire », a fait remarquer l’avocat. Il a également attiré l’attention des membres de la cour sur la date du 17 janvier 2017 où l’expertise médico- psychologique et psychiatrique de l’accusé a été effectuée. « Elle devrait être établie dans les temps voisins à la commission de l’acte si l’accusé est poursuivi pour des faits criminels », a-t-il déploré.
Selon Me Samuel A. M. Ahounou, les faits dégagent une forte odeur de légitime-défense. Sans pour autant la plaider, il prônera l’acquittement pur et simple de son client qui est en prison depuis plus de douze ans. Dans le cas contraire, il invite la cour à le condamner au temps qu’il a déjà passé en prison. Ce serait, selon Me Samuel A. M. Ahounou, pour lui permettre de se refaire.
Après délibération, la cour condamne Idrissou Gouza à la peine de 20 ans de réclusion criminelle et fixe la durée de la contrainte par corps au maximum.
La cour qui a examiné ce dossier, est présidée par Edouard Ignace Gangny. Ses assesseurs sont Tchognon Richard Limoan et Adamou Moussa. Dans le fauteuil du ministère public, il y avait Bernadin Hounyovi. Le greffier de l’audience s’appelle Me Ambroise Alassane. Léopold Chabi Boukoh, Emile N’Dah N’Yaba, Soulémane Dramane et Imorou Abdoulaye étaient les jurés et Me Samuel A. M. Ahounou a défendu l’accusé.


Maurille GNASSOUNOU A/R Borgou-Alibori
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