Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aCotonou.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Après quelques semaines d’accalmie: De nouvelles tempêtes secouent les maires
Publié le vendredi 27 janvier 2017  |  Le Matinal
Lehady
© aCotonou.com par CODIAS
Lehady Vinagnon Soglo, maire de la ville de Cotonou et le maire de Ouidah Sévérin Adjovi lors de la Passation de charge à la tête de la mairie d`Abomey-Calavi entre l`ancien et le nouveau maire de la ville dortoire.
Abomey-Calavi le 03 septembre. Passation de service entre le maire Partice Houssouguede et le maire Georges Bada




Les Communes sont à nouveau secouées par des crises de destitution de maires. Karimama, Kandi et Ouidah sont en ce moment au-devant de l’actualité. Cependant, le recours au vote de défiance n’est toujours pas l’arme idéale de réparation des griefs soulevés contre les maires.

Les chances du maire de Ouidah de demeurer au poste sont quasi minces. Tombé en disgrâce avec la majorité des conseillers, Séverin Adjovi à la tête de la Commune historique est entre le marteau et l’enclume. Et pour cause ! Une première médiation initiée par le préfet de l’Atlantique, Jean-Claude Codjia a échoué. Or, suivant les dispositions du décret 2005 portant modalités de destitution des maires, lorsque la médiation échoue, le maire est contraint de convoquer les conseillers en session extraordinaire pour le vote de défiance. Il est déjà arrivé, notamment à Za-Kpota, que le maire en difficulté soit parvenu à ne pas se faire destituer. Si Séverin Adjovi joue autrement les cartes, il pourrait, à l’étape finale du processus, se tirer d’affaire. Seulement, la probabilité de réussir est très faible. Car, la plupart du temps, le moment de vote de défiance concrétise la crise de confiance et le désaccord grave exprimés à l’article 53 de la loi 97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des Communes en République du Bénin. Alors face à la grogne populaire et aux accusations de malversations, le maire Adjovi devra faire preuve de beaucoup de perspicacité pour contrer les velléités de ses collègues conseillers afin de se maintenir au poste. Au cas contraire, la messe sera dite. Du côté de Kandi, le maire est en froid avec les conseillers. La médiation entre le maire Alidou Démolé Moko et les autres conseillers a échoué. Il se retrouve dans le même cas que Séverin Adjovi. Les nouvelles de Kandi, ne sont pas aussi bonnes. La médiation entre le maire Alidou Démolé Moko et les autres conseillers a échoué. Il se retrouve A Karimama, la situation est aussi identique avec des conseillers qui accusent le maire Mama Bello Moussa de gestion solitaire et opaque, mais surtout de refus d’installer des conseillers locaux conformément à l’esprit des textes. La crise à Karimama n’a pas encore atteint son paroxysme. Mais le maire devra faire très attention. Car les frondeurs prennent toutes les précautions pour le défier. Ces deux cas qui agitent l’actualité des Communes relancent les processus de destitution des maires.

Les causes

En dehors de ce qui est souvent formulé et qui sous-tendent les destitutions, il y a bien d’autres raisons. Car, au-delà des raisons politiciennes et des fautes lourdes que commettraient certains maires, il faut s’en prendre aux textes sur la décentralisation. Les textes souffrent de grandes insuffisances d’autant plus qu’ils ouvrent la boîte de Pandore. En effet, les lois qui régissent le fonctionnement des Communes ne se sont pas intéressées au profil des conseillers à élire de même que le profil du maire. Par ailleurs, les dispositions de l’article 53 de la loi 97-029 du 15 janvier 1999 évoquent le désaccord et la crise de confiance entre le maire et les conseillers dans des circonstances trop vagues. Dès lors, il est loisible aux conseillers qui veulent tuer leur chien de l’accuser de rage. C’est bien trop facile. Même les dispositions du décret 2005 fixant les modalités de destitution des maires n’ont pu résoudre la question de la pertinence du vote de défiance. Le maire, en tant qu’exécutif à la tête de deux organes (le Conseil communal et l’administration de la mairie), devrait avoir un profil type. Car, il est question pour lui de manager ses collègues qui sont des politiques et de gérer l’administration avec la rigueur professionnelle requise. En l’absence de ces mesures préventives, les conseils s’apparentent à une pétaudière où il est loisible aux conseillers de se donner sa propre conduite. Dès lors, toutes les dérives sont permises.

Conséquences des destitutions

Les destitutions sont un couteau à double tranchant. Autant elles règlent un problème de mal gouvernance, autant elles mettent à mal l’harmonie et la cohésion qui devraient exister au sein des conseillers communaux ou municipaux. Les destitutions créent et accroissent les suspicions et la méfiance. Elles ralentissent les activités de l’administration municipale lors des processus de vote de défiance. Les dossiers de développement sont mis en quarantaine et ce sont les populations qui souffrent de ces incongruités. Les partenaires techniques et financiers, durant les moments de destitution, se tiennent à distance des activités des mairies. Dans la cité, la crise au sein du conseil communal ou municipal affecte négativement les citoyens. Il se crée au sein de l’opinion communale, deux grandes tendances : celle qui supporte le camp des conseilleurs frondeurs, donc pour la destitution ; et la tendance qui supporte le camp du maire qui est en passe d’être destitué. Les manifestations de la destitution des maires sont si nombreuses et néfastes qu’il n’est pas souhaitable que cette mesure légale soit évoquée.

Jean-Claude Kouagou
Commentaires