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Dialogue national : Identifier des mécanismes de financement du secteur de la santé
Publié le lundi 13 fevrier 2017  |  La Nation
Alassane
© Autre presse par DR
Alassane Séibou,Ministre de la santé




Le Bénin a déployé ces dernières années de nombreux efforts pour l’amélioration des conditions sanitaires et sociales de sa population. Des avancées ont été obtenues, mais de nombreux défis restent en suspens comme par exemple la question du financement du secteur. Vendredi 10 février à Cotonou, il a été organisé un dialogue national sur la question.

Plus de quinze ans après le sommet d’Abuja au cours duquel les chefs d’Etat du continent se sont engagés pour allouer 15% du budget national au secteur de la santé, le financement du bien-être des populations souffre toujours de nombreux dysfonctionnements. Le Bénin qui a fait de l’investissement dans ce secteur une condition pour le développement économique et social est encore loin de satisfaire à cet engagement. Seulement 6 à 7% de ses revenus sont consacrés au secteur avec une tendance baissière ces dernières années. A cette difficulté se greffent de nombreux maux qui ont rendu le secteur malade. Ces derniers mois, dans la vague des réformes que projette le Gouvernement, réformes traduites dans le Programme d’actions du Gouvernement (Pag), la santé des populations a été érigée au rang de priorités et il s’est tenu, vendredi 10 février dernier, un dialogue national sur le financement de ce secteur. Ces assises se tiennent au moment où le Bénin est résolument engagé dans une dynamique devant conduire à l’atteinte du troisième objectif de développement durable (Odd 3) à savoir « Promouvoir la santé pour tous et à tous les âges », selon Alassane Séïdou, ministre de la Santé publique.

Mais pour lui, la question du financement reste un des leviers à actionner pour améliorer les indicateurs du secteur. La mobilisation des ressources internes est déterminante pour l’atteinte de cet objectif. A ce dialogue jugé crucial par la plupart des intervenants, Gouvernement, députés, société civile, secteur privé, partenaires techniques et financiers y ont tous été conviés.

Diagnostic

Selon Mark Dybul, directeur exécutif du Fonds mondial, le Bénin a fait des progrès ces dernières années même si le paludisme reste la première cause d’hospitalisation au Bénin. De même, poursuit-il, de nombreuses barrières entravent l’accès aux soins de santé des populations. Pour sa part, Marie Heuts du Bureau diplomatique de l’ambassade de Belgique et chef de file des partenaires techniques et financiers (Ptf) en santé soutient que « Le sous-financement du secteur de la santé doublé de la lourdeur des procédures ainsi que la répartition inégale à divers niveaux du système est le premier des défis qui ressort du plan sanitaire finalisé en avril 2016 ». La faiblesse du plateau technique et l’absence des ressources humaines de qualité constituent, selon son analyse, autant d’éléments justificatifs de cet état de choses. Elle trouve aussi que la fragmentation du financement dans le secteur avec plus de 17 mécanismes de gratuité est un obstacle tant à la transparence qu’à la rationalité des ressources financières existantes. Malgré ce tableau, des avancées importantes dans la lutte contre le Sida et le paludisme ont été enregistrées même si d’importants défis comme la réduction de la mortalité maternelle et infantile, le manque d’accès aux médicaments, de qualité et à un prix abordable, l’accès géographique et surtout financier d’une bonne partie de la population aux soins de santé, l’absence d’assurance maladie… maintiennent encore, selon le ministre d’Etat Abdoulaye Bio Tchané, le Bénin dans une zone d’inconfort quant aux prouesses au plan sanitaire.
Marie Heuts propose alors qu’il soit réalisé un diagnostic approfondi de ses différentes sources de financement, condition sine qua non, appuie-t-elle, pour identifier les entraves à un bon financement. Aussi, suggère-t-elle une programmation opérationnelle et cohérente des financements et une gestion efficace pour l’absorption du budget du secteur dont le taux oscille actuellement à 85% malgré les efforts déployés. Mais elle note avec « le vent de réformes qui souffle sur le Bénin depuis l’avènement du nouveau régime », l’expression « d’une volonté des autorités à faire du Bénin un modèle de gouvernance sur le continent ».

Nouveaux mécanismes

Le Bénin est assez conscient des défis qu’il doit relever quant à l’amélioration de son système sanitaire. Son gouvernement en a fait une priorité en l’établissant comme troisième pilier de son programme d’actions. Le financement étant un défi capital, le ministère de la Santé s’est doté, à en croire le ministre Alassane Séïdou, de tous les outils nécessaires notamment le document de stratégie nationale de financement et celui du mécanisme de financement innovant. Dans le cadre de la recherche de nouvelles stratégies de mobilisation accrue des ressources pour le financement de la santé, un forum de plaidoyer à l’endroit des députés a eu lieu en octobre 2016. L’analyse de la situation de mobilisation des ressources nationales en faveur de la santé a été réalisée en novembre 2016, grâce à l’appui d’une mission du Fonds mondial. Visiblement, le terrain a été largement préparé et le dialogue national du vendredi 10 février sur le financement du secteur, « vise à donner forme à ces initiatives aux fins d’aboutir à une feuille de route dont l’exécution permettra d’augmenter de manière substantielle le financement national de la santé au Bénin », déclare le ministre de la Santé.

En dehors des ressources nationales à capter, pour que le Bénin puisse atteindre les Odd d’ici à 2030, il faut des ressources supplémentaires, plaide le représentant des Ptf, Marie Heuts. Il faudra aussi, propose-t-elle, rechercher des sources novatrices de financement, lever des taxes, l’investissement du secteur privé et prendre l’engagement pour accompagner les réformes, afin d’inverser la tendance actuelle.

L’espoir fondé par le Gouvernement sur l’issue de la rencontre sera rappelé par le ministre d’Etat Abdoulaye Bio Tchané qui indique qu’une telle option est révélatrice de la place de choix que le Gouvernement accorde à la santé. Selon lui, au-delà des interventions classiques dans le secteur de la santé, il faudra identifier les moyens, mécanismes et partenaires nécessaires et réfléchir à toutes les mesures fiscales et structurelles à mettre au profit du secteur. « Les assises proposeront des pistes possibles, crédibles et pertinentes de réalisation des ambitions du Gouvernement. Les travaux de ce dialogue sont cruciaux pour la mise en place d’un système de santé durable, généreux, durable et résilient permettant au Bénin de répondre efficacement aux situations d’urgence en matière de santé », conclut le ministre d’Etat?
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