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Au sujet des dernières nominations d’acteurs de la société civile : «...ce que j’ai déploré, c’est d’avoir identifié déjà certains» clarifie Gustave Assah de Social Watch
Publié le lundi 13 fevrier 2017  |  Matin libre
Gustave
© aCotonou.com par DR
Gustave Assah, coordonnateur national de Social Watch




Le président du réseau Social Watch Bénin s’est prononcé sur le processus ayant abouti à la nomination de certains acteurs de la société civile au sein de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption (Anlc) et au Conseil de régulation des marchés publics (Crmp). Si Gustave Assah (photo) était au cœur de ce processus, il a tout de même déplore la lettre du ministre de la Justice ayant ciblé les quatre Ong devant designer leurs représentants au sein desdites structures. Lire l’interview accordée à votre quotidien par cet acteur de la société civile.

M. Gustave Assah, le conseil des ministres du 25 janvier 2017 a prononcé les nominations de certains de vos pairs de la société civile à l’Anlc et au Cnrmp. Avez-vous été surpris par cette décision ?

C’est un processus qui est en cours depuis. Au niveau de l’Anlc, le processus ne nous a pas surpris parce que c’est un travail de sélection, d’identification et de proposition qui a été fait. Travail de sélection parce qu’on identifie les parties prenantes qui ont été identifiées par le décret mettant en place l’Anlc. Lorsque la loi en a fait un cheminement particulier, il fallait que les partitions soient jouées par les parties prenantes en proposant, en désignant ou en élisant leurs membres en leur sein pour les envoyer en mission. Pour ce qui est de la société civile, nous nous sommes vu au Fonac pour faire un travail de proposition. Et là, nous saluons l’humilité du président du Fonac qui était membre de l’Anlc, mais qui a remis son siège au vote. Nous avons fait cette élection au niveau du Fonac, le rapport existe bel et bien. Au niveau du Cnrmp, le principe aussi a été une lettre envoyée par le ministre Garde des Sceaux pour que chaque organisation puisse désigner son membre. Ce qui s’est passé là a été une identification par le ministre de certaines organisations qui pouvaient lui proposer une personne, de préférence un homme ou une femme. Mais j’avoue qu’à Social Watch, nous n’avons pas reçu cette lettre. Il avait identifié quatre Ong. Il s’agit de Alcrer de Martin Assogba, du Fonac de Jean Baptiste Elias, Nouvelle Ethique de JoelAtayi-Guèdègbé et Wanep de FatoumatouBatokoZossou. Je précise que ce n’est pas une situation créée par le ministre. C’est un décret qui précise les conditions d’éligibilité des membres. Nous, nous étions dans ce processus depuis un an. Au niveau de la société civile, on se préparait. On était dans cette démarche quand subitement on a reçu cette lettre. Et, la réaction était celle de Jean-Baptiste Elias qui a écrit en même temps au ministre pour lui dire que c’est nous qui voulons désigner ; parce que cela paraissait comme un cheveu sur la soupe la lettre du ministre identifiant des Ong qui vont proposer. Cela nous avait dérangé un peu, car il n’appartenait pas au ministre de désigner déjà ou de cibler les Ong qui devraient aller au Cnrmp. Cependant, nous avons été confortés par ces Ong une fois encore, et avons saluépeut-être la bonne foi du ministre qui a pu identifier ceux qui sont dans la gouvernance et qui y travaillent. Ceci nous a davantage confortés et on a même plus vu un aspect négatifà la chose. On a été consolé par les personnes qui ont été finalement nommées. Dans cette situation nous saluons la bonne foi du gouvernement, particulièrement de son chef qui a montré que dans une vision mobilisatrice de l’avenir, il faut tacler fort la gouvernance et la transparence dans les marchés publics. Il faut bien que cela soit ainsi pour que nous allions très loin.

Vous avez cité tantôt quatre Ong à qui le ministre a adressé la lettre pour la désignation de leurs membres. Alors, pourquoi votre organisation Social Watch ne s’est pas vu adresser cette lettre?

Pourquoi nous n’avons pas reçu de lettre, c’est seulement le ministre qui pourrait le savoir.

Ou bien votre Ong ne remplit pas les critères ?

Bien sûr, nous sommes même impliqués dans le suivi des marchés publics. Nous avons un projet que nous implémentons depuis trois ans dans le cadre de la transparence des marchés publics dans notre pays. Nous avons implémenté plusieurs activités dans ce sens et nous faisons ce suivi avec une plateforme que nous avons créé ; le 64 04 12 12 pour qu’on puisse avoir des dénonciations dans le cadre des marchés publics. Mais le tout n’est pas de se spécialiserlà. Je crois que nous nommer encore au Cnrmp serait double emploi. Lorsque nous serions là-bas, toutes nos déclarations pourraient sembler des déclarations qui ne tiennent pas compte de l’obligation de réserve. Et, les gens pourraient même penser que c’est des secrets de délibération que nous sortons. Donc, nous remplissons très bien les conditions mais, ceux qui sont nommés ne sont pas moins caractérises pas la vertu de la dénonciation. Ils sont dans la dénonciation, ils sont dans la gouvernance, dans la question de l’éthique et la responsabilité. Ils sont désormais avec l’autorité. Nous leur souhaitons beaucoup plus d’ardeur au travail. C’est vrai, ils ne parleront plus des secrets de délibération, ils se comporteront selon les principes, les chartes, le règlementintérieur et tout ce qui leur permettront d’être dans la vertu de la vérité.

Donc ils ne sont pas envoyés là-bas pour qu’ils aillent se la boucler puisqu’on en a vu par le passé. Ardent défenseur des consommateurs, mais une fois nommés au sein de la structure, ils ne parlent plus.

Oui, ils ne parleront plus dans le cadre des délibérations au niveau de cette institution. Mais ils sont toujours avec nous dans le cadre des questions de gouvernance. Vous ne pourrez pas dire queFatoumatou ne parlera plus d’élections avec nous… Au nom de quoi on va penser qu’il y a une mauvaise foi de les verrouiller parce qu’on les a nommés ? Cela dépendra de leurs comportements. Moi, je veux les encourager à maintenir la flamme allumée au cœur de cette institution tout en gardant la vertu qu’il faut et surtout en restant société civile.

Pour la non prise en compte de Social Watch dans le processus de désignation, est-ce que vous avez cherchéà savoir le pourquoi, afin que cela ne se répète?

Je ne pense pas qu’il y ait une idée particulière derrière le comportement du ministre. Je n’en cherche même pas parce que je me suis dit s’il y avait des gens à designer et qu’ils ne méritaient pas, je pouvais revendiquer. Et je lui aurais écrit déjà. Tout ce que j’ai déploré c’est d’avoir identifié déjà certains pour pouvoir le faire. Il peut compter sur la bonne foi de la société civile. On l’a déjà fait une fois au niveau de l’Anlc ; il pouvait compter aussi sur nous pour le Cnrmp. Ce qui n’a pas été fait, mais il ne s’est pas trompé de désignation. Nous n’avons aucun doute sur la crédibilité de ces désignations. Il est aussi important de savoir que Social Watch ne peut pas être partout à la fois.

Est-ce que le gouvernement pouvait remettre en cause la désignation de certains sur la liste ?

Bien sûr. Le gouvernement est libre de le faire. Il a toute l’autorité de faire confiance à qui il veut pour faire son travail. Lorsqu’on se rend compte que ce sont des propositions qui ont fait objet d’étude approfondie, il n’est plus facile de croire en autre chose que ce que nous attendons pour que le Bénin soit révèle.

Et qu’avez-vous à répondre à ceux qui pensent que nous n’avons pas de société civile au Bénin parce que ça finit toujours par les nominations ?

Je crois qu’il faut faire attention à ces nominations parce que ceux-là ne sont pas allés jouer un rôle politique. Ils sont dans des institutions certes, qui ont un rôle politique. Mais ils sont allés faire une activité de veille citoyenne autour des marchés publics, ils sont allés tacler la corruption… Si nous sommes dans les chantiers de suivi des politiques, au nom de quoi nous n’allons pas continuer d’aider les gouvernements à atteindre les objectifs de développement parce que quand ils font mal, on dénonce. Quand ils nous invitent à nous associer à la démarche qualité pour que nous puissions atteindre les objectifs, devrions nous refuser ? Il faut simplement répondreàceux-là qu’il faut le discernement dans les nominations.


Propos recueillis par J.B
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