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Monnelle Hounzandji Laté, conseillère conjugale: « Le 14 février ne doit pas être un prétexte pour se livrer à l’immoralité »
Publié le mardi 14 fevrier 2017  |  La Nation






Tous les 14 février se célèbre la Saint –Valentin. Que revêt cette fête dite de l’amour ? Monnelle Hounzandji Laté, conseillère conjugale et encadreur des fiancés à Minifa, un centre de préparation au mariage et chargée des affaires familiales au Centre universitaire apostolique, aborde à travers cette interview les dangers d’une vie sexuelle précoce, la gestion des désirs sexuels et invite les apprenants à donner priorité à leurs études.

La Nation : Quelles différences y a-t-il entre le sentiment amoureux et l’amour ?

Monnelle Hounzandji Laté : l’amour revêt un sens plus profond que le sentiment amoureux. L’amour fait appel à une décision de la volonté ; l’on décide d’aimer quelqu’un, de lui faire du bien, de se sacrifier pour lui ou pour elle, braver les obstacles pour le bien de l’autre. L’amour n’est pas possessif et ne fait pas de l’autre une propriété privée de laquelle on tire une satisfaction égoïste. Ce genre d’amour est stable contrairement au sentiment amoureux qui est un état dans lequel vous vous retrouvez sans l’avoir décidé. On entend souvent dire « tomber amoureux », cela est très révélateur. Le sentiment amoureux fait de vous une victime de l’être que vous pensez aimer. Le sentiment amoureux est souvent instable, il peut être dirigé vers une personne A aujourd’hui et peu de temps après il est orienté vers B.

Les sentiments amoureux chez les adolescents ne favorisent-ils pas les pulsions sexuelles ?

Le désir sexuel n’est pas une mauvaise chose en soi. Que ce désir se manifeste chez un ado ou un adulte c’est normal, car l’Humain est ainsi créé. Le jeune élève qui éprouve ce désir (juste à ce stade) doit le considérer comme faisant partie du fonctionnement naturel de son corps. C’est la mauvaise orientation que donnera le jeune élève à ces désirs sexuels qui est en cause.

Mais comment expliquer ces pulsions sexuelles dans la fleur de l’âge ?
Les biologistes et les psychologues sont mieux outillés pour expliquer cela. Mais je puis dire que nous sommes tous des êtres sexués, c’est-à-dire dotés d’un sexe. C’est l’un des signes distinctifs entre hommes et femmes. Le passage de l’enfance à l’adolescence est marqué par certains événements aussi bien chez le jeune garçon que chez la jeune fille. C’est la puberté. Au cours de cette période, de nombreux changements s’observent dans la vie du jeune. Ces changements sont physiques, psychiques, émotionnels… Les pulsions sexuelles en font partie. Mais cela ne justifie pas le fait que le jeune doive se livrer à la satisfaction de ces pulsions sexuelles.

Et, quand le désir sexuel est là, comment faire pour le canaliser, pour ne pas aller à la dérive ?

Le désir sexuel est une énergie qu’il faut maîtriser et ne pas donner libre cours à toute pulsion qui vient à naître. Est-ce parce qu’on a faim et qu’on passe devant une pâtisserie, y entrer, se jeter sur les croissants, les dévorer pour ensuite sortir comme si de rien n’était ? Cela n’a aucun sens ! Le bon sens voudrait qu’on entre dans la pâtisserie, acheter les croissants et les manger ensuite. L’humain est doté d’intelligence qui l’aide à prendre les bonnes décisions au bon moment. Pour le cas de nos jeunes élèves, le conseil que je leur donne c’est que, pendant ces moments, ils doivent orienter cette énergie sexuelle vers d’autres activités telles que le sport, la lecture (une saine lecture ; pas une lecture qui va entretenir ses désirs sexuels), parler avec ses parents ou une personne mature et digne de confiance, de ce qu’ils ressentent. À cet âge, le corps du jeune subit de nombreux changements. Il doit accepter que ce soit un phénomène naturel et s’armer de patience pendant la traversée de cette période de sa vie, sans chercher à livrer son corps à des expériences réservées aux adultes unis par les liens du mariage.

Quels dangers courent les apprenants de nos jours en jouant aux jeux de copain-copine alors qu’ils sont encore sur les bancs ?

Les dangers sont énormes. D’abord, ces jeunes vont se retrouver propulsés dans le monde des adultes alors qu’ils n’y sont pas préparés. Les enfants et les adolescents ont besoin de l’affection de leurs parents, de leurs proches ; cela constitue une sécurité pour leur vie. Les copinages sont généralement éphémères, ce qui intéresse et préoccupe les jeunes, c’est la curiosité : l’on veut laisser libre cours au désir charnel, c’est là que les attouchements vont commencer, entraînant le jeune dans un cercle vicieux. Les jeunes courent le danger d’avoir une vie sexuelle précoce, désordonnée et insatisfaite. À la quête de la satisfaction, ils multiplient les partenaires ; c’est là que naissent les déceptions surtout pour les jeunes filles. Et, comme c’est la mode aujourd’hui on assiste à des grossesses en milieu scolaire, le manque de concentration sur les études, l’abandon des classes. Ils deviennent précocement adultes, des adultes par accident, sans avoir toutes les armes nécessaires pour affronter la vie adulte.

Voulez-vous dire donc qu’il n’est pas possible de concilier le sexe et les études ?

Je pense qu’il n’est pas possible de poursuivre deux lièvres à la fois. De plus, on emploie souvent une expression populaire « Chaque chose en son temps », qui est en fait tirée de la Bible et précisément du livre de l’Ecclésiaste au chapitre 3, les huit premiers versets. Le jeune qui tient à concilier sexe et études choisit de sacrifier son avenir. J’ai vu des jeunes qui sont devenus pères et mères, étant encore sur les bancs du collège. Ils ont dû abandonner l’école pour subvenir à leurs propres besoins et à ceux de l’enfant. Ils sont devenus des personnes amères et révoltées parce qu’ils auraient voulu qu’on leur parle de comment gérer les sentiments amoureux et attendre le bon moment pour entretenir une relation amoureuse qui conduit au mariage. Les études sont censées préparer le jeune à devenir une personne utile pour sa société, à réaliser des rêves, se forger un statut social. Vouloir à tout prix céder aux pulsions sexuelles lui coûtera du temps, de l’énergie et les moyens de vos parents qui travaillent dur pour assurer un avenir à leurs progénitures.
Dans la marche du jeune vers l’âge adulte, il doit se fixer des objectifs, se poser les bonnes questions. Qui serai-je dans les cinq prochaines années ? Quel diplôme dois-je avoir ? Que ferais-je après mes études ? Qu’est-ce que le mariage ? Quelles sont ses implications ? Suis-je prêt à m’y engager ? Suis-je capable de me discipliner pour atteindre mes objectifs? La réponse à ces différentes questions constitue des pistes qui vont orienter le jeune. Il saura si c’est déjà le bon moment de s’engager dans une relation amoureuse. Pour moi, on ne se lève pas du jour au lendemain pour s’engager dans une relation, cela demande de la préparation et qu’on respecte les objectifs qu’on s’est fixés pour sa vie. Celui qui est mature, qui n’est plus à charge de ses parents, qui est émotionnellement et psychologiquement équilibré, capable de prendre des décisions importantes dans sa vie et d’assumer les choix qu’il fait. Celui qui est responsable et socialement situé, qui comprend ce que signifie avoir un conjoint pour la vie, celui-là est à même de choisir un conjoint.

Quels conseils avez-vous à cet effet à l’égard des jeunes apprenants en ce moment de Saint-Valentin ?

Le jeune doit savoir qu'il est, par son intelligence, une réponse aux problèmes, aux maux qui minent son environnement, son pays... Et il peut gâcher cette opportunité en se livrant à une vie sexuelle précoce, désordonnée, dont il sera le seul à en porter les conséquences. Le 14 février, c’est le prétexte pour certains jeunes pour livrer leurs corps à l’immoralité. Mais ils doivent se poser les vraies questions. Voudrais-tu être une orange sucée et jetée, qui n’intéresse personne et qui ne sert plus qu’à être mise à la poubelle ? Ou bien aimerais-tu être un vase d’honneur qui sera apprécié, respecté de tous ? Quelle histoire voudrais-tu écrire ? Réfléchis à ces questions et prends la bonne voie pour ton bonheur durable.

Sunday Alexis Kloué
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