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Métier traditionnel à Bohicon: La main d’œuvre, un problème pour la meunerie
Publié le mercredi 15 fevrier 2017  |  Le Matinal




Bien qu’étant indispensable, la meunerie traverse une crise liée à la main d’œuvre. A Bohicon, les promoteurs battent des pieds et des mains pour résister à ce mauvais vent en vue d’assurer la continuité du service rendu à la population.

Les meuniers se font de plus en plus rares dans le Zou. Les jeunes qui, autrefois, exerçaient la meunerie avec entrain y sont aujourd’hui réticents pour plusieurs raisons. « Moi, je l’avais exercée pendant des années. Mais, je l’ai finalement abandonnée suite à une maladie qui a failli m’emporter. À l’origine, la poussière de la farine que j’avais inhalée durant la période et qui s’est accumulée dans mes poumons. Les soins ont coûté la fortune de ma mère », confie Sévérin Houndjo. «J’ai très tôt quitté ce secteur, malgré ma passion, parce que j’ai constaté que le bruit de la machine a des répercussions sur ma santé au point où je n’ai plus une bonne capacité d’écoute », renchérit Sourou Vigninou, ancien meunier à Cana, dans la commune de Zogbodomey. Il n’y a pas de sot métier, dit un adage. Cependant, certains estiment que le travail de meunier est avilissant. «Lorsque j’étais dans mon jeune âge, je l’avais fait, mais aujourd’hui où je boucle mes 22 ans, je ne pourrai plus parce que cela me fait honte, surtout si je vois une fille », confesse Amos Awèdè de Tindji. Ainsi, «bon nombre préfèrent conduire le taxi-moto», constate Alexandre Akpakpo, promoteur d’une meunerie à Bohicon. C’est dans ce contexte que les meuneries se multiplient à Bohicon. Pendant que certains installaient les moulins à gas-oil, d’autres faisaient l’option des moulins à maïs électriques. C’est donc la concurrence déloyale sur le terrain. Chacun met en place sa politique de marketing pour attirer plus de clients. Au bout d’un certain temps de rivalité, bien de meuneries ont commencé par disparaître. C’est le cas de Faustin Mongbè. «Nous avons fermé, pour le moment, la baraque faute d’un meunier sérieux. En six mois, j’ai connu trois différents meuniers et chacun vient avec ses caprices et sa stratégie de vol. Le premier que j’ai recruté est parti sans m’averti. Le second a été renvoyé pour détournement. Le troisième, c’est l’impolitesse et le vol de farine qui l’ont fait partir », explique-t-il. Des détails que confirme Alexandre Akpakpo. A défaut de fermer comme son homologue, il expérimente le système de contrat. « Pour ne pas fermer comme plusieurs personnes le font déjà, j’ai dû faire recours au système de contrat. C’est-à-dire que le meunier qui travaille avec moi est un chauffeur en attente d’un permis. Dans le contrat qui nous lie, après quatre mois de travail, je lui prends le sésame dont-il a besoin. Pendant les congés de détente, il aura donc son permis de conduire. C’est dire qu’il pourra me quitter au terme du contrat», fait savoir Alexandre. Au pire des cas, lui-même monte la garde pour servir ses clients. En cas d’empêchement momentané, il sollicite le concours de sa femme, de ses enfants ou de son frère le temps de chercher un nouveau meunier. «Notre difficulté majeure dans ce secteur, c’est la pénurie de meuniers. Sinon, on ne se plaint pas », laisse entendre Alexandre Akpakpo.

Quid des nuisances acoustiques ?

La meunerie est une source par excellence de production acoustique. De ce point de vue, les meuneries créent des nuisances à la population riveraine qui se plaint. «Les meuniers ou la plupart des promoteurs de meuneries ignorent encore la règlementation en matière d’émission de bruits. Ils ne respectent pas le temps de repos de leur entourage. À titre d’exemple, chez nous ici, on n’éteint pas le moulin avant minuit. Dans cette condition, comment voulez-vous que celui qui est à côté puisse se reposer dans le calme?», s’indigne Raoul Laly, cohabitant d’une meunerie à Zakpo. Alexandre Akpakpo en est bien conscient. « Je n’ai jamais reçu de plainte de mon n’entourage par rapport à l’émission acoustique de ma meunerie », précise-t-il. En dehors de son business, il privilégie également la santé de son voisinage. En respectant le décret n° 2001-294 du 08 août 2001 portant règlementation du bruit à l’intérieur des habitations en République du Bénin, Alexandre Akpakpo met à l’arrêt son moulin les matins à midi et 21 heures au plus tard les soirs. Ceux qui enfreignent aux dispositions de la loi encourent de lourdes peines. A cet effet, l’autorité a fixé les niveaux de bruit selon les types de zone, les sources de production et suivant des tranches horaires. En tout état de cause, le niveau de bruit ne doit pas dépasser 70 décibels. Il est alors recommandé que l’installation de toutes sources de bruit soit subordonnée à une autorisation. Est interdit l’installation de toute source aux abords des écoles, des formations sanitaires et des services administratifs. Autrement, les nuisances acoustiques sont punies d’une amande de 50 000 F Cfa par dépassement de cinq décibels sans excéder 500 000 F Cfa, payable au service marchand des mairies contre délivrance d’une quittance. Le non paiement et la récidive sont passible de poursuite judiciaire, précise la loi. Dans la règlementation, les moulins occupent une place de choix au niveau du panorama de sources identifiées comme génératrices de phénomènes acoustiques produisant une sensation auditive désagréable et gênante. A côté du bruit nuisible à la santé, il y a également la poussière de la farine qui intoxique les meuniers. D’après les recherches d’Armand Logbo, environnementaliste, la poussière de la farine est la première cause d’asthme. Avec les poussières de céréales, la farine est incriminée dans 25% des cas d’asthme professionnel, et ce pourcentage atteint 33 % chez les hommes. La rhinite comme l’asthme à la farine sont des maladies professionnelles. Ces allergies peuvent survenir à tout moment de la vie professionnelle. Aucun meunier ne peut affirmer qu’un jour, il ne sera pas atteint. «L’âge moyen de déclaration des rhinites est de 28 ans et de 43 ans pour les asthmes », indique-t-il. En vue de se mettre à l’abri de ces risques professionnels, Armand Logbo invite les meuniers à se protéger le nez et aussi les yeux afin d’éviter à la longue des ennuies de santé.

Zéphirin Toasségnitché
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