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Affaire d’assassinat d’une Américaine à Ouaké (31e dossier): Les accusés acquittés, après huit ans de détention
Publié le lundi 27 fevrier 2017  |  La Nation
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© Autre presse par DR
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Faute d’éléments matériels, tous les mis en cause dans l’assassinat de l’ex-volontaire américaine du Corps de la paix, Catherine Puzey, à Dompago, dans la commune de Ouaké, ont été acquittés et immédiatement libérés. C’était au cours d’un procès commencé le mercredi 22 février et qui a pris fin au petit matin du samedi 25 février dernier à la Cour d’appel de Parakou.

Tel un puzzle, le dossier relatif à l’assassinat de l’Américaine Catherine Puzey est loin d’avoir été élucidé. Ainsi, les meurtriers de la volontaire du Corps de la Paix précédemment en service au Collège d’enseignement général (Ceg) de Dompago, arrondissement de Badjoudè, commune de Ouaké, courent toujours. Constant Bio Jacques, Aurélien Bio Jacques et Abdou Gafari Amoussa et Joseph Uguwu mis en détention depuis le 23 mars 2009, ont finalement été acquittés et immédiatement libérés. La cour présidée par Hubert Arsène Dadjo, après en avoir délibéré conformément à la loi, les a déclarés non coupables des faits mis à leur charge pour absence de preuves matérielles. C’était à la faveur de l’examen du 31e dossier inscrit au rôle de la première session de la cour d’assises de la Cour d’appel de Parakou au titre de 2017.

A la barre, Constant Bio Jacques et Joseph Aguwu à qui, il est reproché d’avoir, ensemble et de concert, commis le crime d’assassinat, n’ont pas reconnu les faits. Il en est de même pour Abdou Gafari Amoussa et Aurélien Bio Jacques, poursuivis pour les chefs de complicité d’assassinat et violation du secret professionnel. Des infractions prévues et punies par les dispositions des articles 59, 60, 295, 298, 302 et 378 du Code pénal.Tous les quatre accusés ont clamé leur innocence dans cette affaire tout au long de la procédure.
Les quatre témoins Yolou Angèle, Sayo Mouniratou, Maman Moumouni et Bio Jacques Adam ont aussi déposé à la barre. Deux autres personnes l’ont également fait en qualité de sachant. Il s’agit des sieurs Anatole Lalèyè, l’expert génétique qui a réalisé les tests Adn des accusés Joseph Uguwu et Constant Bio Jacques et Douglas W. Bonaro, senior special agent de Peace Corps, venu de Washington.
Commis pour la défense des intérêts de la partie civile, Me Charles Badou a estimé que l’assassinat de l’Américaine est un acte de vengeance qui a été commis sous l’effet de la colère. « Constant Bio Jacques doit en répondre », insiste-t-il. Même s’il n’est pas parvenu à établir formellement la culpabilité de Joseph Uguwu, Aurélien Bio Jacques et Abdou Gafari Amoussa, faute des preuves palpables, il note que les faits sont constants chez Constant Bio Jacques. Il a, par ailleurs, rendu hommage à la victime et à sa famille, au Corps de la paix et à toute l’Amérique. Selon lui, elle était venue aider les Béninois et ceux qui l’aiment, réclament justice.

Le crime parfait

Prenant ses réquisitions, le représentant du ministère public, Emmanuel Opita, a indiqué qu’il s’agit d’un crime parfait. Ce qui fait, selon lui, que les tests d’Adn effectués n’aient pas été concluants. Exposant les indices qui mettent en cause Constant Bio Jacques, il a ensuite démontré à la cour qu’en l’espèce, qu’il était le seul parmi les accusés qui avait intérêt à voir disparaître Catherine. Selon lui, Constant a procédé par instigation. Il demande qu’il soit retenu dans les liens de la détention, pour complicité d’assassinat et le condamne aux travaux forcés à perpétuité. Sur la matérialité de l’acte posé par Joseph Uguwu, l’avocat général note qu’il est constant au dossier que cet accusé était chez lui le jour du crime. « Il a passé la nuit du 11 au 12 mars 2009 à Kétao. Ce qui a été confirmé par son propriétaire. Dans ces conditions, l’accusé Joseph ne saurait avoir pris part à ce crime », explique-t-il, avant de demander à la cour de l’acquitter purement et simplement. Pour les accusés Abdou Gafari Amoussa et Aurélien Bio Jacques, Emmanuel Opita reconnaîtra également qu’ils ne peuvent pas être retenus dans les liens de la détention. Pour lui, seule la directrice pour la formation au Corps de la paix, Florence Honvo Bello, est la principale responsable en ce qui concerne la violation du secret professionnel. Il requiert l’acquittement pur et simple des deux accusés, après avoir salué l’engagement du Corps de la paix, pour ses œuvres humanitaires au Bénin.

Absence d’éléments matériels au dossier

Pour les avocats de la défense, Sévérin Quenum, Paul Kato Atita, Max d’Almeida, Claude Tékounti et Michel Ahoumènou, il n’existe aucune preuve au dossier pour entrer en condamnation. Même le rapport d’expertise génétique produit par les Américains eux-mêmes, après les examens dans les laboratoires du Fbi, note-t-il, n’a rien révélé. La défense reconnait qu’il est constant que la victime a été égorgée. Mais malheureusement, le couteau ayant servi à cet effet, n’a pas été retrouvé dans les mains de l’accusé Constant Bio Jacques, a fait constater Me Paul KatoAtita et ses collègues. «Si c’est une complicité par instigation à qui a-t-il donné des instructions ? », ont-il cherché à comprendre. Le collège fait alors observer que ses questions restent toujours sans réponses. Ce qui fait dire à Me Paul Kato Atita, qu’il y a un doute et le doute profite à l’accusé toutes les fois qu’il n’y a pas de certitude. Pour Me Sévérin Quenum, la cour ne doit pas se rendre coupable d’erreur judiciaire en basant sa condamnation sur des soupçons et des hypothèses. «Nous sommes en présence d’un défaut de preuves manifestesaprès deux non-lieu successifs», soulignent avec insistance les conseils des accusés. Selon eux, les mis en cause dans ce dossier sont des innocents qui ont passé plus de huit ans en détention à la place des vrais auteurs toujours en cavale. Ils plaident pour leur acquittement.

Les faits de la cause

La gorge sectionnée, le corps sans vie de Catherine Puzey baignait dans une mare de sang sur un matelas posé à même le sol de la véranda, jeudi 12 mars 2009 à son domicile. C’est sa coiffeuse, Angèle Yolou, à qui elle avait donné rendez-vous, qui l’a découvert aux environs de 9 heures. Sous le sceau de l’anonymat, elle a souvent dénoncé les abus sexuels dont sont victimes des élèves filles de la part de Constant Bio Jacques. Par e-mail, elle avait informé des responsables de la direction du Corps de la paix au Bénin, le 26 février 2009. Dans la foulée, la directrice pour la formation Florence Honvo Bello a eu un entretien avec Abdou Gafari Amoussa. Sous le sceau de la confidentialité, ce dernier s’en est ouvert le 3 mars 2009 à Aurélien Bio Jacques, frère aîné de Constant Bio Jacques et directeur associé du programme des Petites et moyennes entreprises (Pme) à la direction nationale du Corps de la paix.Une lettre a été adressée le 10 mars 2009 à Constant Bio Jacques, pour mettre fin à son contrat.
L’enquête aussitôt ouverte, a permis d’interpeller Constant Bio Jacques, Aurélien Bio Jacques et Abdou Gafari Amoussa et Joseph Uguwu. La lampe torche retrouvée sur les lieux du crime serait la propriété présumée de ce dernier.

Douze accusés attendus à la barre dès ce matin

Le 32e dossier sur lequel la cour d’assisses de la Cour d’appel de Parakou se penchera à partir de ce jour, porte sur une affaire de coups mortels, de violence et voie de fait, puis d’assassinat. Au total, douze accusés sont attendus à la barre. Ils étaient en détention depuis le 27 janvier 2005.
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