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Affaire assassinat de la volontaire américaine du Corps de la Paix : Les quatre accusés acquittés
Publié le lundi 27 fevrier 2017  |  Matin libre
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© Autre presse par DR
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Acquittement pur et simple des quatre accusés Bio Jacques Constant, Uguwu Joseph, Bio Jacques Aurélien et Amoussa Abdou Gafari avec pour conséquence, la mise en liberté immédiate de ces derniers si aucune autre charge n’est retenue contre eux. Ils ont été tous déclarés non coupables des faits mis à leur charge pour absence d’élément matériel. C’est le verdict qui a été rendu, après 3 jours de débats nourris, par la cour de céans présidée par Hubert Arsène Dadjo assisté des magistrats Epiphane Yéyé et Moussa Adamou. Après les conclusions de la partie civile dont les intérêts étaient défendus par Me Charles Badou, les réquisitions de l’avocat général Emmanuel Opita, représentant le ministère public et les plaidoiries du collège d’avocats qui étaient aux intérêts des quatre accusés.

Les sieurs Bio Jacques Constant, Uguwu Joseph, Bio Jacques Aurélien et Amoussa Abdou Gafari étaient tous inculpés et poursuivis pour les chefs d’assassinat, complicité d’assassinat et violation de secret professionnel. Des infractions prévues et punies par les dispositions des articles 59, 60, 298, 302 et 378 du Code Pénal.

Résumé des faits de la cause

Le jeudi 12 mars 2009 aux environs de neuf heures, le cadavre de CathérinePuzey, ex volontaire américaine du Corps de la paix la gorge sectionnée, baignait dans une mare de sang sur un matelas posé à même le sol de la véranda de sa maison a été découvert en son domicile par Yolou Angèle, sa coiffeuse à qui elle avait donné rendez-vous.

Cathérine Puzey était précédemment en service au CEG de Dompago, arrondissement de Badjoudè dans la commune de Ouaké.

L’enquête aussitôt ouverte a permis d’interpeller les sieurs Bio Jacques Constant, Uguwu Joseph, Bio Jacques Aurelien et Amoussa Abdou Gafari. En effet, feue Cathérine Puzey a souvent dénoncé les abus sexuels dont sont victimes certaines élèves filles de la part de Bio Jacques Constant. C’est ainsi que le 26 février 2009, elle a, par e-mail révélé à certains responsables du corps de la paix, le comportement peu recommandable de celui-ci.

Elle avait pris soin dans une correspondance de souligner qu’il est important pour elle de « demeurer dans l’anonymat » au regard des faits qu’elle dénonçait.

Le lundi 02 mars 2009, madame Honvo Bello Florence, directrice pour la formation au Corps de la paix, sur instruction de la directrice nationale du Corps de la paix a tenu une séance de travail avec madame Soumonni Maria, directrice associée des programmes d’éducation, laquelle a appelé Cathérine Puzey pour plus d’amples informations sur le contenu de son e-mail.

Madame Honvo Bello Florence s’est également entretenue avec Amoussa Abdou Gafari sur le sujet. Ce dernier sous le sceau de la confidentialité s’en est ouvert le 03 mars 2009 avec Bio Jacques Aurélien, frère aîné de Bio Jacques Constant et directeur associé du programme des petites et moyennes entreprises (P.M.E) à la direction nationale du Corps de la paix au Bénin.

Le 10 mars 2009, une lettre a été adressée à Bio Jacques Constant pour mettre fin à son contrat avec la direction nationale du Corps de la paix du Bénin.

Le 12 mars 2009, le corps de Cathérine Puzey a été retrouvé sans vie à son domicile sur sa véranda sur laquelle a été retrouvée une lampe torche qui serait la propriété présumée de Uguwu Joseph.

Au total et eu égard à ce qui précède, il est reproché à :

-Bio Jacques Constant ensemble et de concert avec Uguwu Joseph d’avoir, à Badjoudè, commune de Ouaké, le 12 mars 2009, commis le crime d’assassinat sur la personne de Cathérine Puzey.

-Amoussa Abdou Gafari et Bio Jacques Aurélien, d’être les auteurs des fuites relatives aux confidences faites à l’administration du « Peace Corps » par la victime concernant les comportements inappropriés de Bio Jacques Constant, lesquelles confidences apparaissent aujourd’hui comme éléments déclencheurs du processus mortel.

Ils sont donc tous deux poursuivis pour complicité du crime d’assassinat commis sur la personne de Cathérine Puzey et violation du secret professionnel.

Les débats

Les débats ont duré trois jours au cours desquels, les accusés Bio Jacques Constant, Uguwu Joseph, Bio Jacques Aurélien et Amoussa Abdou Gafari, déposant à la barre n’ont pas reconnus les faits mis à leur charge. Chacun d’eux a dit à la cour, ce qu’il savait de cette affaire. Il est important de retenir qu’ils ont clamé tous leur innocence dans cette affaire.
Les quatre témoins Yolou Angèle, Sayo Mouniratou, Maman Moumouni et Bio Jacques Adam.

Yolou Angèle, coiffeuse à Ouaké au moment des faits, c’est elle qui a été la première personne à faire la découverte du corps de la victime à son domicile, répondant au rendez-vous de cette dernière pour la coiffer, tandis que dame Sayo Mouniratou, sage-femme et amie de la victime a été informée du décès de la victime par Yolou Angèle qui est allé la voir chez elle. Elle dit avoir remarqué la présence de deux personnes étrangères dans le village quelques jours avant le drame. Elle a également déclaré à la cour que la victime Cathérine Pusey, lui a confié que Constant avait violé deux filles, et elle a ajouté que Bio Jacques Constant était horrible.

Maman Moumouni enseignant à la retraite et propriétaire de bar à Badjoudè a déposé à la barre avoir vu souvent Cathérine Pusey, Uguwu Joseph et Bio Jacques Constant venir boire dans son bar.

Quant à Bio Jacques Adam, père de Bio Jacques Constant et Bio Jacques Aurélien répondant à la question de savoir pourquoi, deux de ses fils se retrouvent à la barre, il a déclaré qu’il est reproché à ses enfants d’avoir tué une volontaire américaine du Corps de la paix à Ouaké mais qu’il ne croit pas que ses enfants soient capables d’une telle atrocité à cause de l’éducation qu’il leur a donnée.

Deux personnes ont déposé à la barre en qualité de sachant. Il s’agit des sieurs Anatole Lalèyèl’expert génétique qui a réalisé les tests ADN des accusés Uguwu Joseph et Bio Jacques Constant et de Douglas W. Bonaro, senior special agent de Peace Corps, venu de Washington.

Si l’expert génétique Anatole Lalèyè a donné des explications à la cour sur ce qu’il faut comprendre des conclusions de son rapport d’expertise génétique à lui demander par le juge d’instruction. Lesquelles conclusions ne font pas état de la présence d’ADN étranger sur celui de Bio Jacques Constant.

Douglas W. Bonaro, senior special agent de Peace Corps, venu de Washington, a, quant à lui, fait une déclaration à la barre relative aux faits de la cause, de la démarche qui a été celle de la direction de Peace Corps dans cette affaire et les résultats auxquels l’enquête diligentée est parvenue avec un luxe de détails. Pour le Peace Corps, c’est Bio Jacques Constant le coupable des faits.

Me Charles Badou, avocat de la partie,a salué la mémoire de la victime et a déclaré que la partie civile est devant la cour pour que justice lui soit rendue. Pour lui, la chronologie des faits conduit à Bio Jacques Constant dont le nom est constamment cité dans ce dossier. Se référant au contexte, il a fait observer que les accusés ne sont pas innocents et il le justifie par les variations observées dans l’argumentation des accusés. Il n’a pas manqué d’évoquer le mobile du crime qui fait de Bio Jacques Constant, l’auteur de ce crime odieux. C’est pourquoi, il a réclamé que justice soit rendue à l’âme de Kate qui, au regard des évènements, a eu tort d’avoir choisi de venir servir le Bénin.

L’avocat général Emmanuel Opita, a rappelé les faits qui justifient le renvoi des accusés Bio Jacques Aurélien, Bio Jacques Constant, Uguwu Joseph et Amoussa Abdou Gafari devant la chambre d’accusation tout en ayant une pieuse pensée pour la mémoire de la victime. Il a évoqué les sièges des incriminations. Il s’agit des articles 59, 60, 298, 302 et 378 du Code Pénal. Emmanuel Opita a requis l’acquittement pur et simple à l’égard des sieurs Bio Jacques Aurélien, Uguwu Joseph et Amoussa Abdou Gafari pour absence d’élément matériel par rapport aux faits qui leur sont reprochés, il a développé des moyens qui les disculpent. Amoussa Abdou Gafari et Bio Jacques Aurélien ne sont pas dépositaires de secret professionnel au regard de l’article 378 du Code Pénal et des témoignages ont fait état de ce que Joseph Uguwu a passé la nuit du 11 au 12 mars 2009 chez lui à Kétao. L’avocat général diraque Bio Jacques Constant, à défaut de commettre lui-même l’acte, il pourrait en être commanditaire ou instigateur. Sur le mobile, il a évoqué le sursis qui pèse sur le renouvellement de son contrat avec Peace Corps justifié par les déclarations de Bio Jacques Constant lui-même qui a dit que Kate le méprise et pourrait le dénoncer pour ses abus sexuels sur ses élèves. Celui qui a intérêt dans la disparition de Kate est incontestablement Bio Jacques Constant et il se dégage du dossier un faisceau de preuves qui justifie le fait. C’est pourquoi, il a requis que la cour requalifie les faits en complicité d’assassinat à l’égard de Bio Jacques Constant et de le condamner à la peine de travaux forcés à perpétuité.

Les avocats de la défense, Sévérin Quenum, Paul KatoAtita, Max d’Almeida, Claude Tékounti et Michel Ahouménou sont unanimes pour saluer la mémoire de la victime et les efforts du Corps de la Paix au Bénin. La défense a salué l’honnêteté intellectuelle du ministère public par rapport aux accusés Bio Jacques Aurélien, Uguwu Joseph et Amoussa Abdel Gafari dont il a requis l’acquittement pur et simple pour absence d’élément matériel, mais elle pense que le ministère public devrait élargir cette réquisition au principal accusé Bio Jacques Constant. Car, pour la défense, l’infraction n’est pas constituée à cause d’absence de faits matériels au dossier pour établir l’imputabilité des accusés. C’est un dossier monté de toutes pièces pour mettre des innocents en prison pour sauver les intérêts de la coopération. Me Claude Tékounti a dénoncé l’ingérence et la pression dont a fait montre les Etats-Unis dans ce dossier. Pour la défense, les criminels courent toujours et la cour ne doit pas se rendre coupable d’erreur judiciaire en basant sa condamnation sur des soupçons et des hypothèses a relevé Me Sévérin Quenum. C’est au regard de tous ces moyens que la défense a plaidé, l’acquittement pur et simple de tous les accusés pour affirmer l’indépendance de la justice béninoise a insisté Me Max d’Almeida.


Marx CODJO (BR Borgou-Alibori)
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