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Non à la subordination du passage en classe de 2nde à l’obtention du BEPC sous sa forme actuelle
Publié le lundi 27 fevrier 2017  |  Autre presse
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© Ministère par DR
Lancement du BEPC
Lundi 10 Juin 2013, Cotonou : Le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique lance le démarrage des épreuves Photo : Les candidats en composition




NON A LA SUBORDINATION DU PASSAGE EN CLASSE DE 2nde A L’OBTENTION DU BEPC SOUS SA FORME ACTUELLE

Par Prof. Dr Jean-Claude HOUNMENOU, Psychopédagogue

Dans la matinée du 11 février 2017, au cours d’un entretien que lui avait accordé la chaîne de télévision privée Canal 3, le Ministre de l’Enseignement Secondaire de la République du Bénin, Monsieur Lucien KOKOU, a rendu publique une décision gouvernementale pour le moins discutable. Ladite décision subordonne désormais le passage des élèves de la troisième en seconde, non seulement à l’obtention de la moyenne de classe, mais aussi à l’obtention du Brevet d’Etudes du Premier Cycle, BEPC.

Je crois que le Ministre et ses collaborateurs devraient approfondir davantage leurs réflexions, avant de mettre en application cette velléité de réforme, pour ne pas donner l’impression à nos braves populations, d’une gouvernance du sensible secteur éducatif national, sur la base de mesures à l’emporte-pièce. Il ne me paraît, ni pédagogiquement, ni politiquement, ni psychologiquement, ni moralement judicieux de lier le passage des collégiens béninois de 3ème en 2nde, à la réussite de l’examen terminal et diplômant du BEPC, du moins jusqu’à ce que la fiabilité du système d’organisation et d’attribution de ce diplôme soit exempte de toute contestation et de tout doute.

En effet, la fiabilité du système d’organisation et d’attribution du BEPC chez nous aujourd’hui, est suffisamment sujette à caution, pour qu’on lui confie le destin post-premier cycle du secondaire, de centaines de milliers de jeunes béninois et béninoises. Si le système était fiable, en principe, il n’y aurait pas trop d’écart entre le taux de réussite annuel à l’évaluation continue que les élèves affrontent durant leur cursus en 3ème, et le taux de succès à l’examen national du BEPC. Hélas, ce n’est pas ce qui se passe généralement dans notre réalité. Par exemple, en 2016, le système national d’organisation et d’attribution du BEPC, a donné au total, 16 pour cent d’admis, soit 32000 admis, sur 200010 candidats. Il s’ensuit un taux d’échec de 84 pour cent, soit près de 170000 élèves recalés par le système. De sorte que, si leur sort post-troisième avait dépendu du BEPC, seuls 16 pour cent de ces élèves, 32000 seraient passés en 2nde, les 84 pour cent restants, c’est-à-dire l’écrasante majorité, 170000 apprenants, redoublant leur 3ème sans autre forme de procès. Dans le même temps, lorsque l’on considère le taux de réussite annuel à l’évaluation continue en 3ème, on constate qu’il avoisine généralement les 50 pour cent, quand il ne dépasse pas ce taux. De sorte que, quelles que soient les faiblesses qu’on peut reprocher à ce système d’évaluation continue, il rend plus justice aux apprenants, et mieux encore, il est plus statistiquement fiable et valide que notre système national d’organisation et d’attribution du BEPC. Ensuite, échappant au caractère aléatoire de ce système du BEPC, le système d’évaluation continue, à travers ses taux de réussite plus réalistes et plus justes, permet une régulation des flux très bénéfique au fonctionnement harmonieux du système éducatif dans son ensemble.

En effet, pour être utile au système éducatif national, le dispositif de promotion de la 3ème en 2nde dans l’enseignement secondaire, doit contribuer également à une régulation efficace des flux d’apprenants, sous peine de faire exploser le système très vite. Il faut qu’une majorité, ou tout au moins la moitié des élèves d’un niveau d’études donné accèdent au niveau supérieur, pour laisser la place aux élèves en provenance du niveau d’études immédiatement inférieur, pour que l’établissement scolaire puisse fonctionner à peu près correctement. Imaginons un instant que le Gouvernement ait décidé d’appliquer la mesure annoncée par son Ministre de l’Enseignement Secondaire, à la rentrée 2016-2017. Que se serait-il passé ? Eh bien, sur les 200000 collégiens qui s’étaient présentés à l’examen du BEPC, 16 pour cent, soit 32000 seraient passés en 2nde ; les 84 pour cent de recalés, c’est-à-dire près de 170000 élèves auraient été obligés de reprendre la 3ème, classe où ils seraient rejoints par au moins 200000 autres apprenants en provenance de la 4ème. De sorte que le système éducatif national aurait eu besoin de deux fois plus de salles de classe pour pouvoir accueillir ces près de 400000 élèves de 3ème, et autant de fois d’enseignants pour les encadrer, à moins de mettre 100 à 160 élèves par classe ! Or, il n’est même pas certain que les 200000 élèves de 3ème en 2016, aient pu tous étudier dans une salle de classe permanente, même en matériaux précaires ! Chacun voit sans peine dans quelle catastrophe peut nous conduire l’application précipitée d’une vélléité de réforme non mûrie, non suffisamment bien pensée, tendant à lier le passage en 2nde à l’obtention du BEPC. Notre système actuel d’organisation du BEPC n’est ni suffisamment fiable, ni suffisamment juste, pour déterminer la suite du cursus scolaire de nos enfants après la 3ème. Cette fonction devra être conservée pour le système d’évaluation continue géré directement par les chefs d’établissements et leurs enseignants.

Pour que le diplôme du BEPC puisse phagocyter la fonction de promotion interne remplie par le système d’évaluation continue, et même conditionner la candidature des élèves au Baccalauréat, il faut que l’examen qui y donne accès soit lui-même réformé, dans le sens de plus de fiabilité, de justice et de validité statistique, au besoin en intégrant très largement les résultats obtenus par les élèves aux épreuves d’évaluation continue, comme l’ont fait par exemple les autorités de l’Education en France. Dans l’hexagone en effet, le BEPC ou Diplôme national du Brevet, est attribué sur la base d’un dispositif combinant les notes obtenues à un examen organisé par les instances académiques officielles, et constitué seulement de trois épreuves écrites (par exemple en Maths, Français, Histoire-Géographie), et les résultats de l’évaluation continue en classe dans un certain nombre de matières (par exemple, Langue vivante, Sciences Physiques, Sciences de la Vie et de la Terre, Education Physique et Sportive, Education artistique, Technologie).
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