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Le Matinal N° 4197 du 2/10/2013

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Reconstruction de la ville de Porto-Novo : Jérôme Bibilary appelle à dépasser les intérêts divergents
Publié le jeudi 3 octobre 2013   |  Le Matinal




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Dans ce texte poignant, Jérôme Bibilary fait une analyse pointilleuse de la crise qui secoue actuellement les autorités dae la ville capitale. Selon lui, c’est d’abord, et avant tout, la responsabilité d’un Chef de l’Etat de s’impliquer dans le développement d’une capitale. Aussi, au-delà du caractère difficile, et parfois trop passionné des Porto-Noviens, fait-il de la reconstruction de la ville un sujet d’intérêt général, à mettre au-dessus des intérêts de chaque camp.


Porto-Novo : Pour un eveil des consciences

En recevant, il y a environ deux semaines, au Palais de la Marina, tout ce que Porto-Novo compte de dignitaires, le Président Yayi Boni ne s’attendait nullement à jouer les arbitres dans un débat qui a rapidement pris les allures d’un "mea culpa".
En effet, les propos tenus par le préfet, le maire, les sages et autres têtes couronnées de Porto-Novo sur les problèmes de développement de la capitale du Bénin se suffisent à eux-mêmes. A chaque porto-novien d’y retrouver ses propres vérités et celles de sa ville à travers des réflexions et observations parfois acerbes, souvent révoltantes, quelquefois curieuses, voire contradictoires.
Natif moi-même de Porto-Novo, j’ai toujours été très sensible à l’image que nous, porto-noviens, donnons de nous-mêmes au Bénin. A ce propos, on a pu aisément constater, à l’issue des interventions du maire, du préfet et même du Chef de l’Etat, que beaucoup de ceux qui nous critiquent avec intelligence ou amitié expriment, quelquefois avec désarroi, leur regret de voir que Porto-Novo n’a plus cette influence politique, économique et même intellectuelle qui en faisait, dans un passé pas si lointain, sinon une ville moderne, du moins la capitale du Bénin.

Qu’arrive-t-il à Porto-Novo et aux porto-noviens ?
C’est la question que l’on peut effectivement se poser et qui, d’ailleurs, se reflète depuis cette fameuse audience accordée aux responsables politico-administratifs de la ville.
Car, il est inimaginable d’entendre ce que j’ai entendu ce jour-là. Il est inimaginable, en effet, que des fils de Porto-Novo refusent le développement de leur ville. Il est inimaginable, enfin, que dans le cadre de l’embellissement de la ville, la Boad nous fasse un don de 400 millions de Francs Cfa pour l’érection d’un parc d’attraction dont nos querelles politiciennes retardent la réalisation.
Mais, il est aussi inimaginable que nos querelles intestines et égoïstes nous empêchent de loger l’hôtel de ville dans des infrastructures dignes d’une capitale sinon moderne, du moins en voie de modernisation.

Personne, à Porto-Novo, et s’il est vraiment sincère, ne peut prétendre détenir une sorte de vérité absolue sur un sujet aussi complexe et sérieusement controversé et polémique. S’il est vrai que le débat est désormais ouvert sur ce vaste sujet, il est tout aussi vrai que cela est devenu un débat politique, où l’on assiste surtout à un débat de clientèle face à des chefs de clans. Certes, le clanisme n’est pas seulement un phénomène porto-novien, (il est un mal béninois) mais à Porto-Novo, sa particularité est qu’il contribue à l’accentuation du sous-développement de la ville. Et pendant ce temps, l’image de ce Porto-Novo que certains prennent en otage se perd. Les porto-noviens se sont, peut être malgré eux, soumis aux impératifs du fonctionnement d’une ville décentralisée où une certaine démocratie veut que ce soit la majorité qui décide du sort de l’ensemble.

Je ne fais que constater cet état de choses. Et je veux tenter d’introduire un rectificatif qui interpelle directement le Président de la République.
Car, avant et après tout, Porto-Novo est la capitale de la République du Bénin. Non pas la capitale politique, mais la capitale tout court. Dans une République, il n’y a jamais eu plusieurs capitales. Il n’y en a qu’une seule, et celle du Bénin s’appelle Porto-Novo. Qu’on cesse alors de distraire le peuple et d’amuser la galerie avec ces rajouts de capitale politique, capitale économique, capitale historique, et patati….et …. patata.

Le Président de la République du Bénin peut-il intervenir dans le débat de la modernisation de la capitale de la République sans être accusé d’interventionnisme ? Voilà désormais, le vrai débat. C’est aux natifs de Porto-Novo de constater, d’observer, de juger, de choisir et de trancher. Veulent-ils à la tête de l’Etat un homme qui ait beaucoup d’autorité pour imposer ses vues pour le développement de la capitale ou préfèrent-ils que le débat se limite à un problème porto – porto-novien ? Pour ma part, je vois un Président jouer un rôle de multiplicateur, de coordinateur, de développeur, délégant ses pouvoirs à son représentant régional, c’est à dire le Préfet qui, à son tour, joue le rôle de surveillant contrôleur.
En tout cas, si la capitale d’un pays n’a pas le rayonnement qu’elle devrait avoir, c’est d’abord au Chef du pays que tous les observateurs s’en prendront.
Mais, pour ne pas avoir raison tout seul dans cette guéguerre entre porto-noviens qui fait le malheur de la ville, j’ai tenté une approche originale, en demandant leurs impressions à une douzaine de béninois, importants par l’influence, originaires pour moitié de Porto-Novo et pour moitié, d’autres localités. J’ai tenté d’avoir la réponse à des clichés et à l’image que les autres ont de nous, porto-noviens. J’ai tenté de savoir quelles sont, selon eux, les raisons du non développement de Porto-Novo. Les avis sont éloquents.
Chacun de mes interlocuteurs, à travers sa propre expérience, a exprimé, d’une façon très directe, sa vision quotidienne de Porto-Novo et des porto-noviens. Et, croyez-moi, les critiques ne nous sont pas ménagées, mais sont toutes assorties, au bout du compte, de la constatation selon laquelle Porto-Novo est sans doute ce qui se fait de mieux dans l’expression de la bourgeoisie et de l’individualisme.
En ce qui concerne les porto-noviens, à chacun de se reconnaître au travers des défauts et des qualités que l’on nous prête :
- les porto-noviens sont, avant tout, des hommes et femmes d’affaires prospères
- les porto-noviens ont un sens prononcé de l’humour
- les porto-noviens ont un grand art de vivre
- les porto-noviens sont très jaloux entre eux
- les porto-noviens sont trop égocentriques
- les porto-noviens sont d’abord très méfiants…. …. puis très fidèles
- les porto-noviens sont égoïstes
- les porto-noviens ont le goût de l’indiscipline
- les porto-noviens sont trop expansifs et ……. peureux
- les porto-noviens sont trop passionnés
- les porto-noviens sont assez peu rationnels.

Certes, ce ne sont là que des clichés. Mais, comme tous les clichés, ceux qu’on veut bien nous coller ne valent que ce que valent tous les autres. Quelque part, on nous traite de trop passionnés. C’est sans doute vrai. Le phénomène d’agressivité verbale que l’on constate actuellement entre les conseillers municipaux et le maire au sujet de l’usage qui se fait du don des 400 millions de Francs de la Boad pour un parc d’attraction dans la ville, au sujet aussi de la construction d’une mairie digne de ce nom, en est la preuve vivante.

Au total, j’ai l’impression qu’aujourd’hui, les porto-noviens se sont renfermés sur eux-mêmes. Or, ils devraient ouvrir les yeux, se dire plus souvent la vérité et trouver quelque chose de nouveau qui crée et mobilise l’intérêt général.
Si Porto-Novo traverse en ce moment une période de glaciation sur le plan des idéaux, des ambitions et du désintéressement, il faudrait que les vrais porto-noviens, pour ne pas être perçus d’une façon ridicule, épousent mieux leur place réelle au Bénin. Discuter d’autre chose, condamner toujours les autres, s’insulter, se soupçonner, se jalouser sont peut être d’un intérêt considérable, mais ne résout pas le problème primordial qui est le développement de notre ville. Malheureusement, aujourd’hui, les réactions politiques des porto-noviens sont plus proches de la régression infantile que des préoccupations réelles des populations de "Hogbonou" ou d’"Adjatchè".


Jérôme Bibilary

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