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Révision de la constitution : Djogbénou justifie l’injustifiable
Publié le jeudi 9 mars 2017  |  Matin libre
Joseph
© aCotonou.com par Didier Assogba
Joseph Djogbénou, ministre de la justice de la législation et des droits de l`homme.
Les 100 premiers jours du Président Patrice Talon au pouvoir.Causerie débat initié par la fondation Friedrich Ebert. Cotonou, le 13 juillet 2016. Soirée politique sur les 100 premiers jours du Président Patrice Talon au pouvoir




Sur le sujet de la révision de la constitution qui défraie actuellement la chronique, le peuple est désormais situé. Il n’aura pas son mot à dire. Seuls les députés auront à se prononcer sur le sujet et décider de réviser ou non la loi fondamentale. C’est cette option du Chef de l’Etat Patrice Talon qu’est venue défendre, mardi soir, sur la télévision nationale, le Garde des sceaux, ministre de la Justice Joseph Djogbénou. Curieuse position de la part de quelqu’un qui, il n’y a pas longtemps, soutenait avec hargne que le peuple devrait être interpellé même si c’est une virgule qui devrait être modifiée dans la constitution.

Autre temps, autre mœurs. Difficile exercice que celui auquel s’est donné mardi soir, le Garde des Sceaux, Joseph Fifamè Djogbénou, autrefois membre de la Société civile et ardent défenseur d’une révision consensuelle de la constitution. Mais ce Djogbénou-là n’existe plus. L’homme que les téléspectateurs ont découvert mardi soir, c’est Djogbénou le politique, venu défendre l’option prise par son chef d’écarter le peuple du débat sur la révision de la constitution.Et pour justifier l’option parlementaire au détriment de celle référendaire, l’agrégé de droit avance comme argutie que le projet de révision de la constitution a longuement été débattu lors de la présidentielle et fait partie du projet de société du Chef de l’Etat, sur la base duquel Patrice Talon a été élu. Autrement dit, les Béninois, en élisant Patrice Talon, ont déjà donné leur accord pour la révision de la constitution. On peut donc maintenant se passer d’eux. Or, on se souvient qu’entre 2012 et 2016, Joseph Djogbénou a jugé la méthode Yayi empreinte d’exclusion. « Nous sommes à l’apprentissage démocratique. Sur un texte constitutionnel, le citoyen doit être interpellé, le débat doit être fait sur les médias, dans les associations », avait-il soutenu alors qu’il présentait une communication sur le sujet lors d’une Université de vacance du Prd. Entre 2012 et 2017 qu’est-ce qui a donc changé ? Le président Boni Yayi qui, en plus, avait été élu au premier tour en 2011, ne jouissait-il pas autant de légitimité ? En plus vu que la population béninoise est majoritairement analphabète, combien de Béninois savent le contenu du projet de société de Patrice Talon ? Combien de Béninois votent sur la base d’un projet de société même parmi les élites ?Si élire un président, équivaut à donner son quitus à celui-ci pour qu’il révise à sa guise la loi fondamentale du pays, pourquoi alors Djogbénou s’est-il autant battu pour que la constitution ne soit pas révisée autant de Boni Yayi ?

Parlant de la méthode Yayi, Djogbénou disait qu’elle est faite d’exclusion et d’opacité. « Dans ce pays, on considère que ce qui est juridique, ce n’est que les initiés. Il n’y a pas d’initiés… il faut interroger le peuple dans une démarche transparente. Quelle que soit la qualité des idées, s’il n’y a pas transparence, il n’y a pas de confiance », avançait Djogbénou devant les membres du Prd. La voie parlementaire n’est-elle pas une exclusion en soi ? L’opacité qu’il condamnait est encore de mise aujourd’hui en ce sens que même les députés, qui devront voter au 4/5 le projet de révision, n’ont pas encore connaissance du texte. Pourtant il a affirmé que le mois de mars sera celui de la révision constitutionnelle. Où est donc la transparence ? Pourquoi les Béninois doivent-ils avoir confiance alors qu’ils ne savent pas grand-chose du contenu réel du projet. Pas plus tard que la semaine dernière, lors d’une audience qu’il a accordée aux rois du Septentrion, Patrice Talon a promis d’intégrer la place de la royauté dans le projet de révision. C’est dire que le texte n’est pas encore finalisé. Son contenu évolue au gré des humeurs du chef ou des doléances à lui soumises. Djogbénou disait qu’il n’y a pas de présomption de bonne foi et qu’en politique la bonne foi doit être prouvée. Au nom de quoi, voudrait-il maintenant que les populations fassent confiance aux députés surtout qu’ici, il ne s’agit pas d’une virgule mais d’un texte qui touche jusqu’aux options fondamentales telles que le nombre de mandat. Le consensus érigée en règle par la Cour constitutionnelle se voit ainsi bafoué et quoi qu’on dise, bien que la voie parlementaire soit légale, elle souffre de légitimité parce que les Béninois, dans leur ensemble, sont exclus du débat et donc du processus.

B.H


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